WINO
18.7.10
Battu la veille à deux kilomètres de l’arrivée, Alex Vinokourov reprend les choses exactement là où il les avait laissées, fausse compagnie au peloton au pied de la dernière côte, lui résiste, et s’adjuge une victoire de prestige qui fait bondir le cœur dans la poitrine pâle de l’admirateur.
Il nous manquera, celui-là, si –comme il le laisse présager, fort de ses 36 ans – Vino arrête son ébouriffante carrière à la fin de la saison. Le Kazakh, c’est l’anti-chiqué. On apprendrait qu’il a couru tout le Tour avec une fracture du fémur que cela nous surprendrait à peine.
Le visage en cire, une voix venue de l’estomac qui traverse des lèvres immobiles, il fait frémir l’intervieweur quand il annonce qu’il a du « s’entraîner dur » pour revenir à ce niveau, trois ans après qu’il eut été mis à la porte de la course pour une malheureuse partie de bonneteau sanguin.
C’est à ma connaissance le premier exemple de réinsertion réussie dans le Tour de France par l’un de ses bannis. En attendant Ivan Basso peut-être dans les Pyrénées qui grondent, Ricardo Ricco l’été prochain. Comme quoi il ne faut pas désespérer, Bernard Kohl.
La grosse bise partagée par Vino et Contador sitôt la ligne franchie, étouffe les rumeurs de brouille agitées après la barbouzerie de Mende. Vino n’est vraiment pas du genre à faire des histoires. Qu’on ne compte pas sur lui pour alimenter la page people. Il ignore les délices du sous-entendu et le fondant de la petite phrase assassine. A-t-il seulement un Twitter ? Probable que non, et de toutes façons, en aurait-il un qu’il le consacrerait, inlassable, à rendre hommage à ses coéquipiers.
Oui, décidément, un immense champion que ce Wino, dont l’image emblêmatique, taillée dans le bronze, ferait une belle pièce de monnaie : lui devant, son cœur et le soleil d'Astana imprimé sur son maillot ne faisant qu’un, le peloton derrière, tenu à distance, incapable de rattraper cet oiseau, comme hier à Revel, ou comme en 2005, sous la pluie tiède des Champs-Elysées.
Déjà limité en haute montagne du temps, pas si lointain, où la pharmacie permettait de se prendre pour Coppi, Vino ne devrait guère exister dans les prochains jours, sinon à l’arrache, pour emmener son Alberto de leader le plus haut possible en isolant le cadet des Schleck afin de lui foutre les jetons.
Aujourd’hui s’engage la bataille des Pyrénées. Longue balade dans la vallée, puis violence pure dans le Port de Pailhères. Descente brève et remontée sur Ax-3 domaines.
Le gypaète barbu, charognard du cru, laissera planer son ombre menaçante au-dessus des casquettes.
Pascal d’Huez, depuis Revel.
Il nous manquera, celui-là, si –comme il le laisse présager, fort de ses 36 ans – Vino arrête son ébouriffante carrière à la fin de la saison. Le Kazakh, c’est l’anti-chiqué. On apprendrait qu’il a couru tout le Tour avec une fracture du fémur que cela nous surprendrait à peine.
Le visage en cire, une voix venue de l’estomac qui traverse des lèvres immobiles, il fait frémir l’intervieweur quand il annonce qu’il a du « s’entraîner dur » pour revenir à ce niveau, trois ans après qu’il eut été mis à la porte de la course pour une malheureuse partie de bonneteau sanguin.
C’est à ma connaissance le premier exemple de réinsertion réussie dans le Tour de France par l’un de ses bannis. En attendant Ivan Basso peut-être dans les Pyrénées qui grondent, Ricardo Ricco l’été prochain. Comme quoi il ne faut pas désespérer, Bernard Kohl.
La grosse bise partagée par Vino et Contador sitôt la ligne franchie, étouffe les rumeurs de brouille agitées après la barbouzerie de Mende. Vino n’est vraiment pas du genre à faire des histoires. Qu’on ne compte pas sur lui pour alimenter la page people. Il ignore les délices du sous-entendu et le fondant de la petite phrase assassine. A-t-il seulement un Twitter ? Probable que non, et de toutes façons, en aurait-il un qu’il le consacrerait, inlassable, à rendre hommage à ses coéquipiers.
Oui, décidément, un immense champion que ce Wino, dont l’image emblêmatique, taillée dans le bronze, ferait une belle pièce de monnaie : lui devant, son cœur et le soleil d'Astana imprimé sur son maillot ne faisant qu’un, le peloton derrière, tenu à distance, incapable de rattraper cet oiseau, comme hier à Revel, ou comme en 2005, sous la pluie tiède des Champs-Elysées.
Déjà limité en haute montagne du temps, pas si lointain, où la pharmacie permettait de se prendre pour Coppi, Vino ne devrait guère exister dans les prochains jours, sinon à l’arrache, pour emmener son Alberto de leader le plus haut possible en isolant le cadet des Schleck afin de lui foutre les jetons.
Aujourd’hui s’engage la bataille des Pyrénées. Longue balade dans la vallée, puis violence pure dans le Port de Pailhères. Descente brève et remontée sur Ax-3 domaines.
Le gypaète barbu, charognard du cru, laissera planer son ombre menaçante au-dessus des casquettes.
Pascal d’Huez, depuis Revel.
1 Comments:
Vinokourov, magnifique battant et homme d'affaires avisé, sait qu'il lui est impossible de gagner un Tour comme coureur, par contre il peut le remporter comme chef d'entreprise Astana grâce à son leader Contador qui est également son employé.
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