ENTRE ICI, MON POULAIN
15.7.10
Cadel Evans, son strap bleu chagrin au bras, entre au Panthéon des martyrs du Tour. Belle jambe que ça lui fait ! Pas de pension à vie, mais l'assurance que des casse-pieds lui parleront jusqu'à ses derniers jours de son coude cassé et des larmes qu'il versât, un mardi 13, sur la route sans fin de Saint-Jean-de-Maurienne, son maillot jaune sur le dos lui pesant deux tonnes.
Cadel, l'Austrachien triste aux yeux transparents et à la voix d'ado, a perdu le Tour de France aujourd'hui, transformé en crapaud d'un coup de pédale magique alors qu'il tentait de paraître fringant dans l'ascension de la Madeleine. Le voilà relégué à huit minutes au général, et le pire reste à venir.
Au moment même où, par milliers, des bienheureux de tous poils se jettent à la mer en riant, à cheval sur des requins gonflables au regard placide, Cadel a choisi les vacances à la dure, le tour-opérateur Bavos. Curieux et malsain penchant des coureurs pour la souffrance, laquelle -prétendent-ils- réserverait dans ses hauteurs des trésors de volupté. Aussi, n'encourageons pas trop le champion qui, bien que battu, lacéré, amputé, annonce qu'il poursuit la route. Ce serait flatter un pervers.
Ce rallye 2010 a la robe rouge vif des grands crus. Il sent les prés, le cactus et le génépi. A goût de framboise. Caractéristique de l'oeuvre d'un maître, il déborde de détails exquis mais laisse les fioritures sur les bords. Sa composition vise à l'essentiel, à la symétrie. C'est le double portrait de deux hommes identiques et parfaitement dissemblables. Andy et Albert. Le Nord et le Sud. Le protestant contre le catholique. Le fils de versus l'anonyme. L'olive et le tournesol. Enfin, le blond et le brun. A se demander si Pescheux et Prudhomme, grands fans de David Lynch, ne seraient pas en train de nous servir une resucée de Mulholland Drive.
Déjà réunis sur le podium l'été dernier, nos deux jeunes n'ont pu attendre plus loin que la Madeleine, premier HC sur la route, pour se carapater tous les deux dans la montagne, gamins farceurs et surpuissants qui secouent la pente comme une nappe puis rient de voir les champions ordinaires tenter de s'y accrocher.
Fort des dix secondes dérobées dimanche à son adversaire préféré, l'Andy Star cherche par trois fois à faire sauter l'Albert Lingot. Par trois fois, le Ber revient, sans grimaces, mais en ronchonnant qu'il "ne veut pas faire ça là", car, poursuit-il, "il est là-bas, dans les Pyrénées, des torrents sauvages et des recoins d'ombre où nous pourrons vivre tranquilles notre mano à mano".
Alors, ils oublient leur rivalité pour fondre dans la vallée récupérer les échappés du jour. Ils y parviennent dans le dernier kilomètre, flanquant une telle chocotte à Sandy Casar, qu'il fout le camp vitesse grand V et, dans sa fuite, gagne l'étape.
Superbe vainqueur, le Française entretient le jardin tricolore en coiffant sur le poteau les pointures Sanchez et Cunego.
Schleck prend le jaune. Contador est le seul à pouvoir y toucher.
Quand on songe que Paris est encore à une semaine et demie d'ici, les mains sortent spontanément des poches pour se frotter comme des furies.
Pascal d'Huez, depuis Saint-Jean-de-Maurienne.
Cadel, l'Austrachien triste aux yeux transparents et à la voix d'ado, a perdu le Tour de France aujourd'hui, transformé en crapaud d'un coup de pédale magique alors qu'il tentait de paraître fringant dans l'ascension de la Madeleine. Le voilà relégué à huit minutes au général, et le pire reste à venir.
Au moment même où, par milliers, des bienheureux de tous poils se jettent à la mer en riant, à cheval sur des requins gonflables au regard placide, Cadel a choisi les vacances à la dure, le tour-opérateur Bavos. Curieux et malsain penchant des coureurs pour la souffrance, laquelle -prétendent-ils- réserverait dans ses hauteurs des trésors de volupté. Aussi, n'encourageons pas trop le champion qui, bien que battu, lacéré, amputé, annonce qu'il poursuit la route. Ce serait flatter un pervers.
Ce rallye 2010 a la robe rouge vif des grands crus. Il sent les prés, le cactus et le génépi. A goût de framboise. Caractéristique de l'oeuvre d'un maître, il déborde de détails exquis mais laisse les fioritures sur les bords. Sa composition vise à l'essentiel, à la symétrie. C'est le double portrait de deux hommes identiques et parfaitement dissemblables. Andy et Albert. Le Nord et le Sud. Le protestant contre le catholique. Le fils de versus l'anonyme. L'olive et le tournesol. Enfin, le blond et le brun. A se demander si Pescheux et Prudhomme, grands fans de David Lynch, ne seraient pas en train de nous servir une resucée de Mulholland Drive.
Déjà réunis sur le podium l'été dernier, nos deux jeunes n'ont pu attendre plus loin que la Madeleine, premier HC sur la route, pour se carapater tous les deux dans la montagne, gamins farceurs et surpuissants qui secouent la pente comme une nappe puis rient de voir les champions ordinaires tenter de s'y accrocher.
Fort des dix secondes dérobées dimanche à son adversaire préféré, l'Andy Star cherche par trois fois à faire sauter l'Albert Lingot. Par trois fois, le Ber revient, sans grimaces, mais en ronchonnant qu'il "ne veut pas faire ça là", car, poursuit-il, "il est là-bas, dans les Pyrénées, des torrents sauvages et des recoins d'ombre où nous pourrons vivre tranquilles notre mano à mano".
Alors, ils oublient leur rivalité pour fondre dans la vallée récupérer les échappés du jour. Ils y parviennent dans le dernier kilomètre, flanquant une telle chocotte à Sandy Casar, qu'il fout le camp vitesse grand V et, dans sa fuite, gagne l'étape.
Superbe vainqueur, le Française entretient le jardin tricolore en coiffant sur le poteau les pointures Sanchez et Cunego.
Schleck prend le jaune. Contador est le seul à pouvoir y toucher.
Quand on songe que Paris est encore à une semaine et demie d'ici, les mains sortent spontanément des poches pour se frotter comme des furies.
Pascal d'Huez, depuis Saint-Jean-de-Maurienne.
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