L'ENNUI AVEC PETACCHI
8.7.10
Il fallait bien finir par se la farcir, la première étape de plaine. L’emmerdement porté au rang d’art. Les organisateurs ont eu beau faire le maximum pour repousser l’échéance à coups de flaques de gazole, il fallait bien y revenir, à la torpeur de juillet, dans les jupes de l’été-mère, aux bras longs et flasques comme des après-midi entières.
Mais je divague.
Il faut être un réel connaisseur, un parfait amoureux du Tour pour apprécier ces étapes de transition, quand le parvenu, l’amateur du dimanche, éteint son téléviseur.
Le temps suspendu, oui bien sûr. Mais pas seulement. La course s’étire indéfiniment, au point qu’en ces après-midi de premières chaleurs, on est en droit de se croire éternel. La chronique sportive, d’habitude si bavarde, se tait. Il ne se passe plus rien. Par ces temps de bling bling, d’étincelles et d’informations en continu, comment juger de la valeur d’un tel moment ? Une île déserte. Un nuage. Un esquimau qui ne fondrait jamais.
Au kilomètre 83, un chien bâille. Une dame sort sur son perron pour observer à la jumelle sa voisine étendre du linge. Du côté de Pierrepont, un cultivateur engage son tracteur sur la départementale. Un adolescent embue ses lunettes avant d’y passer un chiffon. Des éoliennes filent la brise. Etendu sur la pelouse, on sentirait presque la France soulever son gros ventre pour inspirer.
Groggy de bonheur dans la pénombre du séjour où les volets contiennent sans peine un soleil de 16h, on trouve cependant la force de soulever une paupière pour suivre l’arrivée de l’étape. A l'entrée dans Reims, la cité des rois, on se redresse.
Champion, Vogondy, Isasi, Mayoz et de Greef, les valeureux échappés du jour, résistent, héroïques, à la langue tendue qui, cent mètres derrière, s’amuse à les harceler. La scène est presque gênante de sensualité. La transpiration perle. Le peloton s’écoule autour des ronds-points comme l’eau savonneuse sur les tétons d’une baigneuse de retour de la plage.
Aux cinq kilomètres, les fugitifs lâchent l’affaire.
Pas rassasié pour autant, la mêlée des coureurs se rue sur Reims, assoiffés de Champagne.
On se dit que Cavendish, au-dessus du lot, va mettre à jour sa collection de médailles, mais, stupeur, le train Columbia roule désormais à la vapeur. Le Cave ne fait plus la loi. Sa cuirasse en or a fondu. Le voilà plus lent qu’un ours en chocolat.
On procède alors par élimination.
Hushovd n’ose pas remettre le couvert. Farrar s’y prend un peu tard et Freire s’enterre. Surpris d’être à la fête, Petacchi s’extirpe de justesse, attrape la peluche et remporte la mise.
Au général, rien.
Pineau garde les pois.
Demain, expérience extrême sur la route de Montargis. Au bout du chemin sans obstacles, un palier supplémentaire vers le nirvana.
Pascal d’Huez, depuis Reims.
Mais je divague.
Il faut être un réel connaisseur, un parfait amoureux du Tour pour apprécier ces étapes de transition, quand le parvenu, l’amateur du dimanche, éteint son téléviseur.
Le temps suspendu, oui bien sûr. Mais pas seulement. La course s’étire indéfiniment, au point qu’en ces après-midi de premières chaleurs, on est en droit de se croire éternel. La chronique sportive, d’habitude si bavarde, se tait. Il ne se passe plus rien. Par ces temps de bling bling, d’étincelles et d’informations en continu, comment juger de la valeur d’un tel moment ? Une île déserte. Un nuage. Un esquimau qui ne fondrait jamais.
Au kilomètre 83, un chien bâille. Une dame sort sur son perron pour observer à la jumelle sa voisine étendre du linge. Du côté de Pierrepont, un cultivateur engage son tracteur sur la départementale. Un adolescent embue ses lunettes avant d’y passer un chiffon. Des éoliennes filent la brise. Etendu sur la pelouse, on sentirait presque la France soulever son gros ventre pour inspirer.
Groggy de bonheur dans la pénombre du séjour où les volets contiennent sans peine un soleil de 16h, on trouve cependant la force de soulever une paupière pour suivre l’arrivée de l’étape. A l'entrée dans Reims, la cité des rois, on se redresse.
Champion, Vogondy, Isasi, Mayoz et de Greef, les valeureux échappés du jour, résistent, héroïques, à la langue tendue qui, cent mètres derrière, s’amuse à les harceler. La scène est presque gênante de sensualité. La transpiration perle. Le peloton s’écoule autour des ronds-points comme l’eau savonneuse sur les tétons d’une baigneuse de retour de la plage.
Aux cinq kilomètres, les fugitifs lâchent l’affaire.
Pas rassasié pour autant, la mêlée des coureurs se rue sur Reims, assoiffés de Champagne.
On se dit que Cavendish, au-dessus du lot, va mettre à jour sa collection de médailles, mais, stupeur, le train Columbia roule désormais à la vapeur. Le Cave ne fait plus la loi. Sa cuirasse en or a fondu. Le voilà plus lent qu’un ours en chocolat.
On procède alors par élimination.
Hushovd n’ose pas remettre le couvert. Farrar s’y prend un peu tard et Freire s’enterre. Surpris d’être à la fête, Petacchi s’extirpe de justesse, attrape la peluche et remporte la mise.
Au général, rien.
Pineau garde les pois.
Demain, expérience extrême sur la route de Montargis. Au bout du chemin sans obstacles, un palier supplémentaire vers le nirvana.
Pascal d’Huez, depuis Reims.
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