ROTTERDAM GRISE
4.7.10
Temps de chien à Rotterdam. Et vague à l’âme.
Mes tennis prennent l'eau, la Hollande a éliminé le Brésil, et l’Allemagne est en train d’atomiser l’Argentine. Qu’attendre d’un monde pareil où le pire l’emporte si souvent ?
Seul point commun avec les fastes de Monaco, un an plus tôt, Cancellara a encore fait sauter la banque. Avec la facilité d’un joueur en veine. Son dauphin Tony Martin progresse pourtant. Il a tenu le premier rôle toute l’après-midi, avant de plier au passage du Suisse sur la ligne, mélancolique, joue contre joue avec sa petite amie, comme un couple de patineurs attendant le décompte des points.
La veille au soir, après avoir subi les moqueries d’un groupe de supporters oranje au prétexte que je déambulais vêtu d’un maillot Anelka, j’avais remonté le parcours à pied. Des gars de la maintenance étaient en train d’y installer les rambardes, dans un décor mi-fantastique, mi-lugubre. Buildings vides mais joliment éclairés. Pont Erasme. Eurocafard. Je suis rentré à l’hôtel où, sympa, la tv diffusait la fin du Journal d’Ann Frank.
Ce samedi, pour parachever le tableau, la pluie est arrivée avec l’hélico.
Les partants précoces en ont été pour leurs frais, car il valait mieux ne pas prendre de risques sur le billard détrempé du Boulevard Posthuman. L’humidité régnait, et contrairement aux prédictions, les quelques passages sous le niveau de la mer n’ont pas favorisé les apnéistes. Ainsi, Bradley Wiggins, grand spécialiste et déception du jour, a perdu trente secondes sur Contador et Armstrong, là, précisément, où il était sensé les gagner.
A contrario, Cancellara n’a pas failli. On attendait la revanche du Suisse volant sur la rumeur. Une pression -qu'on qualifiera d'"atmosphèrique"- pesait sur lui. La victoire suivie du scan négatif de sa bicyclette à l’arrivée, et le voilà quelques temps tranquille avec ces histoires rocambolesques de vélo électrique.
C’était moins une. On sait Spartacus enclin à des hauts et des bas, -et même très bas,- comme au Tour des Flandres 2009, où, déprimé, il avait abandonné, ralliant la voiture de son directeur à pied, la chaîne de sa bicyclette autour du cou.
Une deuxième place, et c’était la dépression assurée.
Pour le reste, Evans et Vino ont légèrement déçu, quand Andy Schleck confirmait que s'il porte le maillot de champion du Luxembourg contre-la-montre, ce n'est bien que pour le style.
L’Albert, lui, a fort raisonnablement géré, en bon père de famille qu’il finira probablement par devenir. En pareilles circonstances –qui ont vu un abandon et pas mal d’hémoglobine se répandre sur la chaussée- toute forme d’orgueil eut été déplacé. Perdre cinq secondes sur Armstrong n’est vraiment pas une mauvaise idée. Voilà l’expression d’une sérénité qui laisse à penser que la Porte de Pinto sera dure à sortir de ses gonds.
Honnête performance du tenant du titre, donc, et d'autant plus méritoire que la radiographie post-performance de sa bicyclette a révélé la présence -cachée dans le cadre- du cadavre d'un lérot, petit mammifère des bois dont on ne sait par quel miracle il a pu se glisser là.
Enfin, ce commentaire sera totalement achevé lorsque je vous aurai signalé l’allure affûtée du Septuple et la motivation qui semble l’habiter comme jamais. Pour preuve, cette image forte : au moment où Cancellara se livrait à une cérémonie burlesque sur le podium afin d’y venir chercher tour à tour tous les maillots distinctifs, Armstrong, indifférent au monde alentour, chaussait déjà son vélo d’entraînement pour finir de dérouiller ses vieilles cannes.
My goodness, que s’est-il encore mis dans la tête ?
Pascal d’Huez, depuis Rotterdam.
Mes tennis prennent l'eau, la Hollande a éliminé le Brésil, et l’Allemagne est en train d’atomiser l’Argentine. Qu’attendre d’un monde pareil où le pire l’emporte si souvent ?
Seul point commun avec les fastes de Monaco, un an plus tôt, Cancellara a encore fait sauter la banque. Avec la facilité d’un joueur en veine. Son dauphin Tony Martin progresse pourtant. Il a tenu le premier rôle toute l’après-midi, avant de plier au passage du Suisse sur la ligne, mélancolique, joue contre joue avec sa petite amie, comme un couple de patineurs attendant le décompte des points.
La veille au soir, après avoir subi les moqueries d’un groupe de supporters oranje au prétexte que je déambulais vêtu d’un maillot Anelka, j’avais remonté le parcours à pied. Des gars de la maintenance étaient en train d’y installer les rambardes, dans un décor mi-fantastique, mi-lugubre. Buildings vides mais joliment éclairés. Pont Erasme. Eurocafard. Je suis rentré à l’hôtel où, sympa, la tv diffusait la fin du Journal d’Ann Frank.
Ce samedi, pour parachever le tableau, la pluie est arrivée avec l’hélico.
Les partants précoces en ont été pour leurs frais, car il valait mieux ne pas prendre de risques sur le billard détrempé du Boulevard Posthuman. L’humidité régnait, et contrairement aux prédictions, les quelques passages sous le niveau de la mer n’ont pas favorisé les apnéistes. Ainsi, Bradley Wiggins, grand spécialiste et déception du jour, a perdu trente secondes sur Contador et Armstrong, là, précisément, où il était sensé les gagner.
A contrario, Cancellara n’a pas failli. On attendait la revanche du Suisse volant sur la rumeur. Une pression -qu'on qualifiera d'"atmosphèrique"- pesait sur lui. La victoire suivie du scan négatif de sa bicyclette à l’arrivée, et le voilà quelques temps tranquille avec ces histoires rocambolesques de vélo électrique.
C’était moins une. On sait Spartacus enclin à des hauts et des bas, -et même très bas,- comme au Tour des Flandres 2009, où, déprimé, il avait abandonné, ralliant la voiture de son directeur à pied, la chaîne de sa bicyclette autour du cou.
Une deuxième place, et c’était la dépression assurée.
Pour le reste, Evans et Vino ont légèrement déçu, quand Andy Schleck confirmait que s'il porte le maillot de champion du Luxembourg contre-la-montre, ce n'est bien que pour le style.
L’Albert, lui, a fort raisonnablement géré, en bon père de famille qu’il finira probablement par devenir. En pareilles circonstances –qui ont vu un abandon et pas mal d’hémoglobine se répandre sur la chaussée- toute forme d’orgueil eut été déplacé. Perdre cinq secondes sur Armstrong n’est vraiment pas une mauvaise idée. Voilà l’expression d’une sérénité qui laisse à penser que la Porte de Pinto sera dure à sortir de ses gonds.
Honnête performance du tenant du titre, donc, et d'autant plus méritoire que la radiographie post-performance de sa bicyclette a révélé la présence -cachée dans le cadre- du cadavre d'un lérot, petit mammifère des bois dont on ne sait par quel miracle il a pu se glisser là.
Enfin, ce commentaire sera totalement achevé lorsque je vous aurai signalé l’allure affûtée du Septuple et la motivation qui semble l’habiter comme jamais. Pour preuve, cette image forte : au moment où Cancellara se livrait à une cérémonie burlesque sur le podium afin d’y venir chercher tour à tour tous les maillots distinctifs, Armstrong, indifférent au monde alentour, chaussait déjà son vélo d’entraînement pour finir de dérouiller ses vieilles cannes.
My goodness, que s’est-il encore mis dans la tête ?
Pascal d’Huez, depuis Rotterdam.
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