TATOOZ
4.1.07
Depuis l’auberge de jeunesse de Valkenburg, où je poste les derniers aléas de ce que nous pouvons dorénavant appeler « une affaire », je m’offre un diaporama de la victoire de Matthias Kessler lors de la troisième étape du dernier Tour de France, dont l’arrivée se jugeait en bas de l’immeuble, un jour heureux de juillet, que Kevin Lebon avait sans doute passé devant la télé.
A 13 heures aujourd’hui, au moment où je poussais la porte du salon Tatooz, les hommes de la troisième division Europolice découvraient une hache abandonnée dans un fossé, à proximité de la frontière belgo-hollandaise, peu ou prou à l’endroit où Alejandro Valverde s’était, l’été dernier, brisé la clavicule.
Croyant y déceler un indice, le commissaire Ringenbach a aussitôt ordonné la perquisition d’une Caisse d’Epargne tout proche, qui n’a abouti à rien.
Bien qu’il propose un vaste panel de motifs variés, allant du brassard polynésien à la calligraphie persane, Ludo Peeters s’est fait une spécialité du tatouage sportif, et sa salle d’attente est un Hall of Fame couvert de portraits de champions ayant posé par amitié.
Le dragon bicéphale sur le mollet de Di Luca, c’est Ludo. Idem pour la petite sirène de Rasmussen, ou le python lové au bas du dos de Cunego. Plus inattendu, il est aussi l’auteur de cette arrivée massive, comprenant un peloton détaillé de cent-vingt-et-un coureurs, tous reconnaissables, sur le torse du chanteur québecois Garou, un véritable fondu, paraît-il.
Avec Ludo Peeters, qui, après deux heures d’attente, s’avançait vers moi, tout sourire, en secouant ses cheveux longs et propres de dandy heavy-metal, il valait mieux jouer cartes sur table.
Avais-je réfléchi à un motif qui me tenait vraiment à cœur ? – Oui. « L’Homme au Marteau » !
Il toussa, prit une taf, et retoussa.
Les photos que je lui présentais sur son propre laptop, issues d’un CD gravé hier à l’institut médico-légal, pouvaient –c’est sûr- paraître rudes à un habitué des Beaux-Arts et des mondanités.
Ludo Peeters reconnut aussitôt son travail, et secoua longuement la tête de dépit. Kevin était venu lui rendre visite une première fois en septembre, très motivé. Il s’était même déclaré prêt à payer cash la somme –relativement importante- nécessaire à l’exécution d’un tatouage de type personnalisé, mais par trois fois, du fait d’un planning incompatible puis d’un mauvais arrivage d’encre, ils avaient du reporter le rendez-vous.
Je durcis le ton.
Quid de l’autre jambe ?
- L’autre jambe ?
Celle qu’on avait dérobé comme un concombre dans un potager.
N’y avait-il rien tatoué ? ou, à défaut, rien vu ?
Le tatoueur-star avait beau me jurer que non, je le suspectais d’en savoir davantage, et invoquant ma relation étroite avec la police, je laissais planer la menace d’une fermeture administrative, en caressant ses buses.
C’est alors que la mémoire revint à Ludo Peeters.
Kevin avait un blog. (« Tiens, tiens », pensais-je en moi-même). Un Skyblog, pour être plus précis. Il y avait ajouté un lien vers le site du Tatooz.
Ludo m’inscrivit l’adresse au dos de sa carte, et pour le remercier de sa coopération, je lui commandais illico l’éxécution sur ma nuque du tracé du Tour 2000, édition superbe du millenium, où j’avais posé, pour la première fois, les yeux sur Patouche.
Au son de "Could you be loved ", rien ne perturba les deux heures utiles à l’achèvement du tatouage, sinon un SMS de Ringenbach, qui m’informait que la jambe manquante venait d’être retrouvée, enterrée à Huy, dans le jardin d’une communauté Mennonite.
Pascal D’Huez, envoyé spécial à Valkenburg.
A 13 heures aujourd’hui, au moment où je poussais la porte du salon Tatooz, les hommes de la troisième division Europolice découvraient une hache abandonnée dans un fossé, à proximité de la frontière belgo-hollandaise, peu ou prou à l’endroit où Alejandro Valverde s’était, l’été dernier, brisé la clavicule.
Croyant y déceler un indice, le commissaire Ringenbach a aussitôt ordonné la perquisition d’une Caisse d’Epargne tout proche, qui n’a abouti à rien.
Bien qu’il propose un vaste panel de motifs variés, allant du brassard polynésien à la calligraphie persane, Ludo Peeters s’est fait une spécialité du tatouage sportif, et sa salle d’attente est un Hall of Fame couvert de portraits de champions ayant posé par amitié.
Le dragon bicéphale sur le mollet de Di Luca, c’est Ludo. Idem pour la petite sirène de Rasmussen, ou le python lové au bas du dos de Cunego. Plus inattendu, il est aussi l’auteur de cette arrivée massive, comprenant un peloton détaillé de cent-vingt-et-un coureurs, tous reconnaissables, sur le torse du chanteur québecois Garou, un véritable fondu, paraît-il.
Avec Ludo Peeters, qui, après deux heures d’attente, s’avançait vers moi, tout sourire, en secouant ses cheveux longs et propres de dandy heavy-metal, il valait mieux jouer cartes sur table.
Avais-je réfléchi à un motif qui me tenait vraiment à cœur ? – Oui. « L’Homme au Marteau » !
Il toussa, prit une taf, et retoussa.
Les photos que je lui présentais sur son propre laptop, issues d’un CD gravé hier à l’institut médico-légal, pouvaient –c’est sûr- paraître rudes à un habitué des Beaux-Arts et des mondanités.
Ludo Peeters reconnut aussitôt son travail, et secoua longuement la tête de dépit. Kevin était venu lui rendre visite une première fois en septembre, très motivé. Il s’était même déclaré prêt à payer cash la somme –relativement importante- nécessaire à l’exécution d’un tatouage de type personnalisé, mais par trois fois, du fait d’un planning incompatible puis d’un mauvais arrivage d’encre, ils avaient du reporter le rendez-vous.
Je durcis le ton.
Quid de l’autre jambe ?
- L’autre jambe ?
Celle qu’on avait dérobé comme un concombre dans un potager.
N’y avait-il rien tatoué ? ou, à défaut, rien vu ?
Le tatoueur-star avait beau me jurer que non, je le suspectais d’en savoir davantage, et invoquant ma relation étroite avec la police, je laissais planer la menace d’une fermeture administrative, en caressant ses buses.
C’est alors que la mémoire revint à Ludo Peeters.
Kevin avait un blog. (« Tiens, tiens », pensais-je en moi-même). Un Skyblog, pour être plus précis. Il y avait ajouté un lien vers le site du Tatooz.
Ludo m’inscrivit l’adresse au dos de sa carte, et pour le remercier de sa coopération, je lui commandais illico l’éxécution sur ma nuque du tracé du Tour 2000, édition superbe du millenium, où j’avais posé, pour la première fois, les yeux sur Patouche.
Au son de "Could you be loved ", rien ne perturba les deux heures utiles à l’achèvement du tatouage, sinon un SMS de Ringenbach, qui m’informait que la jambe manquante venait d’être retrouvée, enterrée à Huy, dans le jardin d’une communauté Mennonite.
Pascal D’Huez, envoyé spécial à Valkenburg.
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