PATOUCHE
1.1.07
Chers amis acquis à ma cause, qui vous retrouvez en ce jour de l’an quelque part dans des draps qui ne sont pas les vôtres, permettez-moi de vous adresser tous mes vœux de prompt rétablissement depuis Strasbourg, ville-départ d’un nouveau renouveau, où je suis venu célébrer le nouvel an.
Six mois jour pour jour après l’effondrement des Tours jumeaux sous l’impact de l’affaire Puerto, je souhaite par cette initiative faire amende honorable et aborder l’an 01 avec la gourmandise d’un Museeuw à l’approche du premier secteur pavé.
A tous donc, quelque soit votre niveau d’implication ou votre niveau tout court ; suiveurs et poursuivis, éternels battus et vainqueurs radieux, je souhaite une bonne santé 2007.
Invité par ma consoeur Patricia T., journaliste à la rubrique sports des Dernières Nouvelles d’Alsace, à partager en tout bien tout honneur un réveillon amical au bord du Rhin, j’ai passé un moment extra, couronné –est-il nécessaire de le dire ?- par l’un de ces kouglofs géants qui font la jalousie des princes Saoudiens.
La fête s’est poursuivie jusque tard, quand Patricia dut me séparer d’un goujat avec qui j’avais entrepris de me battre pour la raison qu’il insinuait qu’en 1981, Lucien Van Impe aurait pu battre Hinault si les Coop avaient accepté de rouler ! Comment ne pas être abasourdi par tant de bêtise ?
Cet après-midi, au réveil, Patouche (c’est ainsi que je surnomme Patricia depuis qu’elle a refusé mes avances dans les toilettes filles de l’école de journalisme de Lille) m’a emmené en pélérinage devant la cathédrale encore frémissante du serment prononcé ici-même par un peloton résolu à dire non au dopage. J’y ai revu mieux qu’à la télé la masse moutonnante des maillots colorés former un tifo dans ce samedi 1er juillet brûlant d’un France-Brésil annoncé.
Dans les campings, on faisait tout juste connaissance. L’été démarrait seulement, et bien malin qui aurait pu en pronostiquer l’issue.
Un peu plus tard, assis tous près sur un banc des quais de la Petite France, nous nous sommes surpris à partager le même mirage au passage des bateaux-mouches qui avaient emmené les équipes en parade sur l’Ill, pour la seule étape jamais parcourue par Ullrich et Basso sur cette édition.
Champions, qu’êtes-vous devenus ?
Ah, Patouche !... Si j’avais été plus audacieux, je t’aurais chanté la complainte du CSC interdit de départ, et le froid aidant, sous l’averse de neige fondue, nous nous serions sans doute embrassés.
Au lieu de quoi, ne sachant quoi nous raconter, tu m’as offert de visiter les hangars de la ville, car maîtresse sporadique du responsable des services techniques, tu y as tes entrées !
Combien sont ceux qui, en ce 1er janvier, auront eu accès à l’arsenal quasi-complet des rambardes de sécurité de la ville de Strasbourg ?
Métier privilégié que le mien, où les bras finissent par chauffer à force de devoir les pincer pour s'assurer qu'on ne rêve pas.
Là, pour moi seul, dans l’attente d’un événement plus grand qui ne viendra peut-être jamais, tranquilles, encore chaudes, les fières rambardes assuraient la conservation du soleil de juillet, comme le portique d’un invisible palais. Témoins du dernier kilomètre, certaines portaient encore leur bâche Aquarel, et on comprend bien qu’on ait eu de la peine à les en dévêtir.
Je ne résistai pas à me faire prendre en photo à cheval sur l’une d’elles, et, malgré la lumière déclinante, j’envoyai le tout par MMS au lauréat du prologue, mon ami Thor Hushovd, lequel, ma parole, doit avoir changé de numéro.
La neige tombait à l’intérieur par les côtés des lucarnes mal jointes, mais il faisait si bon que Patouche et moi serions bien restés des heures, à comparer nos émotions. L’avait-elle aimé, ce Tour qui ne s’était jamais terminé ? M’aurait-elle cru si je lui en avais fait l’improbable récit un an plus tôt ? N’étions-nous pas un peu cons, elle et moi, de nous intéresser encore à ce sport de vieillards ? – Non, dit-elle en éteignant, c’est l’occasion de se voir.
Déclinant gentiment mon invitation à lui tenir compagnie une soirée supplémentaire, Patouche me suggéra de prendre ma voiture au plus vite, afin d’éviter le bouchon des retours sur Paris.
Pourtant, à cette heure tardive, c’est depuis le canapé du salon que je vous écris, car la petite Clio grise qui m’avait conduit jusqu’en Alsace, a été retrouvée tout à l’heure aux 2/3 carbonisée près du quartier de la Robertsau où je l’avais garée, selon une coutume bien établie dans la région.
M’en allant ensuite déposer plainte au commissariat sis en bas de chez elle, nous avons du poireauter une heure, car les gendarmes avaient tous disparu, appelés en urgence à la recherche d’un jeune cycliste amateur parti de chez lui ce matin, et pas encore rentré.
Pascal D’Huez, envoyé spécial depuis Strasbourg.
Six mois jour pour jour après l’effondrement des Tours jumeaux sous l’impact de l’affaire Puerto, je souhaite par cette initiative faire amende honorable et aborder l’an 01 avec la gourmandise d’un Museeuw à l’approche du premier secteur pavé.
A tous donc, quelque soit votre niveau d’implication ou votre niveau tout court ; suiveurs et poursuivis, éternels battus et vainqueurs radieux, je souhaite une bonne santé 2007.
Invité par ma consoeur Patricia T., journaliste à la rubrique sports des Dernières Nouvelles d’Alsace, à partager en tout bien tout honneur un réveillon amical au bord du Rhin, j’ai passé un moment extra, couronné –est-il nécessaire de le dire ?- par l’un de ces kouglofs géants qui font la jalousie des princes Saoudiens.
La fête s’est poursuivie jusque tard, quand Patricia dut me séparer d’un goujat avec qui j’avais entrepris de me battre pour la raison qu’il insinuait qu’en 1981, Lucien Van Impe aurait pu battre Hinault si les Coop avaient accepté de rouler ! Comment ne pas être abasourdi par tant de bêtise ?
Cet après-midi, au réveil, Patouche (c’est ainsi que je surnomme Patricia depuis qu’elle a refusé mes avances dans les toilettes filles de l’école de journalisme de Lille) m’a emmené en pélérinage devant la cathédrale encore frémissante du serment prononcé ici-même par un peloton résolu à dire non au dopage. J’y ai revu mieux qu’à la télé la masse moutonnante des maillots colorés former un tifo dans ce samedi 1er juillet brûlant d’un France-Brésil annoncé.
Dans les campings, on faisait tout juste connaissance. L’été démarrait seulement, et bien malin qui aurait pu en pronostiquer l’issue.
Un peu plus tard, assis tous près sur un banc des quais de la Petite France, nous nous sommes surpris à partager le même mirage au passage des bateaux-mouches qui avaient emmené les équipes en parade sur l’Ill, pour la seule étape jamais parcourue par Ullrich et Basso sur cette édition.
Champions, qu’êtes-vous devenus ?
Ah, Patouche !... Si j’avais été plus audacieux, je t’aurais chanté la complainte du CSC interdit de départ, et le froid aidant, sous l’averse de neige fondue, nous nous serions sans doute embrassés.
Au lieu de quoi, ne sachant quoi nous raconter, tu m’as offert de visiter les hangars de la ville, car maîtresse sporadique du responsable des services techniques, tu y as tes entrées !
Combien sont ceux qui, en ce 1er janvier, auront eu accès à l’arsenal quasi-complet des rambardes de sécurité de la ville de Strasbourg ?
Métier privilégié que le mien, où les bras finissent par chauffer à force de devoir les pincer pour s'assurer qu'on ne rêve pas.
Là, pour moi seul, dans l’attente d’un événement plus grand qui ne viendra peut-être jamais, tranquilles, encore chaudes, les fières rambardes assuraient la conservation du soleil de juillet, comme le portique d’un invisible palais. Témoins du dernier kilomètre, certaines portaient encore leur bâche Aquarel, et on comprend bien qu’on ait eu de la peine à les en dévêtir.
Je ne résistai pas à me faire prendre en photo à cheval sur l’une d’elles, et, malgré la lumière déclinante, j’envoyai le tout par MMS au lauréat du prologue, mon ami Thor Hushovd, lequel, ma parole, doit avoir changé de numéro.
La neige tombait à l’intérieur par les côtés des lucarnes mal jointes, mais il faisait si bon que Patouche et moi serions bien restés des heures, à comparer nos émotions. L’avait-elle aimé, ce Tour qui ne s’était jamais terminé ? M’aurait-elle cru si je lui en avais fait l’improbable récit un an plus tôt ? N’étions-nous pas un peu cons, elle et moi, de nous intéresser encore à ce sport de vieillards ? – Non, dit-elle en éteignant, c’est l’occasion de se voir.
Déclinant gentiment mon invitation à lui tenir compagnie une soirée supplémentaire, Patouche me suggéra de prendre ma voiture au plus vite, afin d’éviter le bouchon des retours sur Paris.
Pourtant, à cette heure tardive, c’est depuis le canapé du salon que je vous écris, car la petite Clio grise qui m’avait conduit jusqu’en Alsace, a été retrouvée tout à l’heure aux 2/3 carbonisée près du quartier de la Robertsau où je l’avais garée, selon une coutume bien établie dans la région.
M’en allant ensuite déposer plainte au commissariat sis en bas de chez elle, nous avons du poireauter une heure, car les gendarmes avaient tous disparu, appelés en urgence à la recherche d’un jeune cycliste amateur parti de chez lui ce matin, et pas encore rentré.
Pascal D’Huez, envoyé spécial depuis Strasbourg.
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