RENCONTRE AVEC LE CHANTEUR CHARLÉLIE COUTURE / ÉTAPE 7
8.7.05
La course atteint la fin de la première semaine dans une morosité absolue.
Dire que nous attendions le Tour pour nous consoler des chiffres de la croissance...
Agglutinés autour des présentoirs à journaux, dans les saunas, sur les forums, nous persistons à échafauder des pronostics avec le même désenchantement qu’à la lecture de l’horoscope.
Armstrong est top, mais on voudrait bien voir Goliath abattu au moins une fois, parce qu’à chaque vacances d’été, cette démonstration de la loi du plus fort n’est vraiment pas un exemple pour les gosses.
A travers les parapluies des voisins allemands, au milieu des talus verdoyants et humides, nos coureurs cheminent en manchons, donnant l’impression d’attendre que ça se passe.
L’ennui provoque même des comportements aberrants, comme celui de la Fassa Bortolo qui, privée de Petacchi, emmène le sprint malgré tout, comme un canard fraîchement décapité continue à courir.
Les coureurs ont pris l’habitude de se contenter de ce qu’ils ont. Chacun d’eux a un copain qui bosse à la voierie, ou qui pointe aux assedics. La jeune épouse compte sur une paye régulière pour élever le bébé. Par les temps qui courent, on estime à juste titre que le mari a une bonne place, sans compter qu’à l’hôtel, le soir, on peut rester sur MSN messenger pendant des heures, vu que Roger Legeay dort.
A Noël, en famille, quels qu’aient été ses résultats, le professionnel est considéré comme un champion. On le questionne, il est l’objet de toutes les attentions. Quel intérêt aurait-il à en vouloir davantage ? Et puis, il connaît -environ- le nombre de ses pulsations au repos, il sait ce qu’il vaut. Avec les frangins qui sont restés amateurs, il regarde la vidéo du Tour comme un film de guerre dans lequel on lui aurait donné un petit rôle. Une silhouette.
La conjoncture est là, et il faut se rendre à l’évidence : le peloton manque de prétentieux et de fils de riches.
Charlélie Couture, avec qui je prends un crème sur la Place Stan, me confie son fol espoir en Vinokourov. Il y a, m’assure-t-il, dans son maillot citron-menthe quelque chose de déjà légendaire. Le week-end quasi-ardennais qui se profile semble être dessiné pour lui. Il ajoute qu’Armstrong et Vinokourov ont en commun d’avoir chacun perdu un coéquipier ou un ami proche en course. Casartelli pour le premier, Kivilev pour le second. L’expérience concrète de la disparition soudaine a rendu ces coureurs différents, leur a permis de prendre une distance supplémentaire face à leur propre souffrance. Voilà pourquoi, quand tous auront été touchés par les crampes, on risque de retrouver ces deux quasi-fantômes au sommet des montagnes, pour un affrontement ultime dans le schiste et le quartz.
« La mort pourquoi pas ? », réponds-je à Charlélie, en finissant mon crème par une belle moustache de mousse, « mais encore faut-il avoir les cuisses ».
La pluie tombe sur le Cours Léopold.
Tandis que nous retournons au studio où Charlélie tient à me faire enregistrer une partie de trompette, nous sommes reconnus par une joyeuse bande de manifestants qui font signer des pétitions contre le tracé du TGV est.■
Pascal D’Huez, envoyé spécial. Nancy.
Dire que nous attendions le Tour pour nous consoler des chiffres de la croissance...
Agglutinés autour des présentoirs à journaux, dans les saunas, sur les forums, nous persistons à échafauder des pronostics avec le même désenchantement qu’à la lecture de l’horoscope.
Armstrong est top, mais on voudrait bien voir Goliath abattu au moins une fois, parce qu’à chaque vacances d’été, cette démonstration de la loi du plus fort n’est vraiment pas un exemple pour les gosses.
A travers les parapluies des voisins allemands, au milieu des talus verdoyants et humides, nos coureurs cheminent en manchons, donnant l’impression d’attendre que ça se passe.
L’ennui provoque même des comportements aberrants, comme celui de la Fassa Bortolo qui, privée de Petacchi, emmène le sprint malgré tout, comme un canard fraîchement décapité continue à courir.
Les coureurs ont pris l’habitude de se contenter de ce qu’ils ont. Chacun d’eux a un copain qui bosse à la voierie, ou qui pointe aux assedics. La jeune épouse compte sur une paye régulière pour élever le bébé. Par les temps qui courent, on estime à juste titre que le mari a une bonne place, sans compter qu’à l’hôtel, le soir, on peut rester sur MSN messenger pendant des heures, vu que Roger Legeay dort.
A Noël, en famille, quels qu’aient été ses résultats, le professionnel est considéré comme un champion. On le questionne, il est l’objet de toutes les attentions. Quel intérêt aurait-il à en vouloir davantage ? Et puis, il connaît -environ- le nombre de ses pulsations au repos, il sait ce qu’il vaut. Avec les frangins qui sont restés amateurs, il regarde la vidéo du Tour comme un film de guerre dans lequel on lui aurait donné un petit rôle. Une silhouette.
La conjoncture est là, et il faut se rendre à l’évidence : le peloton manque de prétentieux et de fils de riches.
Charlélie Couture, avec qui je prends un crème sur la Place Stan, me confie son fol espoir en Vinokourov. Il y a, m’assure-t-il, dans son maillot citron-menthe quelque chose de déjà légendaire. Le week-end quasi-ardennais qui se profile semble être dessiné pour lui. Il ajoute qu’Armstrong et Vinokourov ont en commun d’avoir chacun perdu un coéquipier ou un ami proche en course. Casartelli pour le premier, Kivilev pour le second. L’expérience concrète de la disparition soudaine a rendu ces coureurs différents, leur a permis de prendre une distance supplémentaire face à leur propre souffrance. Voilà pourquoi, quand tous auront été touchés par les crampes, on risque de retrouver ces deux quasi-fantômes au sommet des montagnes, pour un affrontement ultime dans le schiste et le quartz.
« La mort pourquoi pas ? », réponds-je à Charlélie, en finissant mon crème par une belle moustache de mousse, « mais encore faut-il avoir les cuisses ».
La pluie tombe sur le Cours Léopold.
Tandis que nous retournons au studio où Charlélie tient à me faire enregistrer une partie de trompette, nous sommes reconnus par une joyeuse bande de manifestants qui font signer des pétitions contre le tracé du TGV est.■
Pascal D’Huez, envoyé spécial. Nancy.
2 Comments:
Dear Pascal,
I was delighted to read your analysis of the moribund mood on the Tour... especially it being an example for all these young children because there's nothing little kids like more on a hot summer day than to watch men on bikes waiting breathlessly for Jalabert to scream "terrible chute."
However, I would like to point out one serious fault in your criticism. A's strength in the Tour comes not from losing Casartelli, though it would be beautiful to conjecture so. Casartelli was never as close to A as Kivilev was to V. I believe that A equates his invincibility in the Tour to his invincibility against death in general. I bet he'd get his cancer back if he lost this Tour.
As for Vino, god love him, he's no match for Armstrong... I await only one final surprise, Iban Basso... unless somehow Robbie McEwen has been working on his climbing all winter...
On another note, I was thinking that Ullrich should grow his nails long... I'm not sure why... maybe some tardy Flo-Jo reference could be good for him.
Yours respectfully,
Nardac
Ha yes, there,that's it. It is well. presence of charlelie, moreover is the cherry on the top of the creamcake, but as the same very common, or maybe should I say very usual, very casual, natural in a way.
He is used here like à BDS star (if U want 2 leanr waht is a bds star, check my site), someone you can talk to and about the really important things (Amazing! A zeugma!. the conversation with Pascal is the real fiction, the real event, and in a strange way, a non-existing event (Armstrong blow it all up)wich matters. Really beautiful stuff. fiction telling the truth about us, i was about to say our truth.
Dr Devo
PS the word of the day: nqrzom
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