REMONTER LA PENTE À BLOIS / ÉTAPE 5
6.7.05
Temps gris de lendemain de drame.
La rumeur a un moment couru qu’Armstrong, par égards pour David Zabriskie, allait courir l’étape sans maillot jaune. Il s’en est finalement ravisé.
Toujours dignes, pour s’associer au chagrin provoqué dans tout le pays par l’échec de Paris 2012, les coureurs français ont décidé de rouler sans jambes.
J’arrivais pourtant guilleret à Blois, sur le coup de treize heures, directement vers l’hôtel de ville, où se donnait un pince-fesses devant une vidéoprojection offerte par Bang & Olufsen.
A cette heure-là, on me donnait encore du Monsieur D’Huez, et je ne manquais pas de lits où passer la nuit. Double, superposé, de camp, en porte-feuille ou en cravate de notaire, je n’avais que l’embarras du choix, et la fille de l’adjoint au maire, sosie de Sheryl Crow, à qui je racontais le Tour 59, me faisait les yeux doux.
Trente minutes plus tard, plus un chat. La caravane est repassée récupérer les casquettes fantaisies. Aussi stupidement qu’elle était apparue, la liesse est partie, alors même que tous les gobelets n’étaient pas finis.
Resté seul en ma compagnie, le doyen du conseil, pourtant ancien résistant et maire sous Merckx, pleurniche et ne déchagrine pas de voir s’évanouir les plans du Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines.
« Qu’est-ce que ça peut bien foutre, pauvre con ? » lui réponds-je un peu sèchement, sous le coup de l’agacement, et du Kir, qu’on sert ici Royal.
La France peut tout de même espérer beaucoup mieux que cette poignée d’utopies foireuses que sont les J.O, le tri sélectif et le mariage gay.
Avec l’argent économisé, j’ai comme idée qu’on pourrait se lancer dans quelques investissements plus raisonnables.
Le Tour, cette perfection athlétique que nous sommes certains d’organiser tous les ans, ne mériterait-il pas quelques rénovations ?
Apprend-on encore dans les écoles, comme ce fut mon cas, que le Galibier s’effrite, et que l’Alpe-d’Huez perd trois centimètres à l’année ?
Le suiveur moderne réclame de nouveaux reliefs. Notamment dans les étapes de plat du début, qui lui coûte tant de temps et de capital santé.
Sur la route de Blois à Montargis, je propose l’élévation de trois 1ère catégorie, en structure métallique et placoplâtre, dans le genre du rocher du zoo de Vincennes.
En Mayenne, j’envisage la création d’un Mont Chapatte et de la Roche Delgado. A Corbeil-Essonnes, édifions le Mamelon Longo. A Moreau-le-Fluet, commune de la Beauce, le Pied du Grand Dadais…
J’ai, dans un classeur laissé à Paris, de nombreux autres projets, qui pourraient plaire, dont un secteur pavé Daniel Cohn-Bendit, et une Grande Avenue du Général de Gaulle en léger faux-plat montant, qu’on pourrait faire financer par le Conseil régional.
Avec mon doyen, nous applaudissons la victoire de McEwen, injustement déclassé deux jours plus tôt.
C'était bien la peine de s'emballer. Tout finit par rentrer dans l’ordre.
Pluie en soirée.
Festivités pour Paris 2012 annulées.
Soirée improvisée autour d’une soupe, et concert gratuit de swing manouche avec le Hot Club de Blois.
S'amuse-t-on autant à Londres ? Rien n'est moins sûr.■
Pascal D’Huez, envoyé spécial. Blois.
La rumeur a un moment couru qu’Armstrong, par égards pour David Zabriskie, allait courir l’étape sans maillot jaune. Il s’en est finalement ravisé.
Toujours dignes, pour s’associer au chagrin provoqué dans tout le pays par l’échec de Paris 2012, les coureurs français ont décidé de rouler sans jambes.
J’arrivais pourtant guilleret à Blois, sur le coup de treize heures, directement vers l’hôtel de ville, où se donnait un pince-fesses devant une vidéoprojection offerte par Bang & Olufsen.
A cette heure-là, on me donnait encore du Monsieur D’Huez, et je ne manquais pas de lits où passer la nuit. Double, superposé, de camp, en porte-feuille ou en cravate de notaire, je n’avais que l’embarras du choix, et la fille de l’adjoint au maire, sosie de Sheryl Crow, à qui je racontais le Tour 59, me faisait les yeux doux.
Trente minutes plus tard, plus un chat. La caravane est repassée récupérer les casquettes fantaisies. Aussi stupidement qu’elle était apparue, la liesse est partie, alors même que tous les gobelets n’étaient pas finis.
Resté seul en ma compagnie, le doyen du conseil, pourtant ancien résistant et maire sous Merckx, pleurniche et ne déchagrine pas de voir s’évanouir les plans du Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines.
« Qu’est-ce que ça peut bien foutre, pauvre con ? » lui réponds-je un peu sèchement, sous le coup de l’agacement, et du Kir, qu’on sert ici Royal.
La France peut tout de même espérer beaucoup mieux que cette poignée d’utopies foireuses que sont les J.O, le tri sélectif et le mariage gay.
Avec l’argent économisé, j’ai comme idée qu’on pourrait se lancer dans quelques investissements plus raisonnables.
Le Tour, cette perfection athlétique que nous sommes certains d’organiser tous les ans, ne mériterait-il pas quelques rénovations ?
Apprend-on encore dans les écoles, comme ce fut mon cas, que le Galibier s’effrite, et que l’Alpe-d’Huez perd trois centimètres à l’année ?
Le suiveur moderne réclame de nouveaux reliefs. Notamment dans les étapes de plat du début, qui lui coûte tant de temps et de capital santé.
Sur la route de Blois à Montargis, je propose l’élévation de trois 1ère catégorie, en structure métallique et placoplâtre, dans le genre du rocher du zoo de Vincennes.
En Mayenne, j’envisage la création d’un Mont Chapatte et de la Roche Delgado. A Corbeil-Essonnes, édifions le Mamelon Longo. A Moreau-le-Fluet, commune de la Beauce, le Pied du Grand Dadais…
J’ai, dans un classeur laissé à Paris, de nombreux autres projets, qui pourraient plaire, dont un secteur pavé Daniel Cohn-Bendit, et une Grande Avenue du Général de Gaulle en léger faux-plat montant, qu’on pourrait faire financer par le Conseil régional.
Avec mon doyen, nous applaudissons la victoire de McEwen, injustement déclassé deux jours plus tôt.
C'était bien la peine de s'emballer. Tout finit par rentrer dans l’ordre.
Pluie en soirée.
Festivités pour Paris 2012 annulées.
Soirée improvisée autour d’une soupe, et concert gratuit de swing manouche avec le Hot Club de Blois.
S'amuse-t-on autant à Londres ? Rien n'est moins sûr.■
Pascal D’Huez, envoyé spécial. Blois.
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