LA FRANÇAISE N’A PAS DE CUL / ÉTAPE 6
7.7.05
Dans la ville de Montargis, cité forte d’un riche passé historique, se donne ce jeudi une démonstration de BMX.
Hélàs, du Tour au BMX, rien de commun. Ces deux cultures du vélo ne s’interpénètrent pas, aucun champion n’est versée de l’une à l’autre, et ce n’est pas demain la veille qu’on surprendra Pierrick Fédrigo à faire un bunny-hop suivi d’un backflip.
Qu’on ne cherche nulle part la ligne de départ, les coureurs sont loin, transférés en voiture hier soir jusqu’à Troyes, d’où ils ralliaient Nancy dans l’après-midi.
J’ai rendez-vous avec un copain de lycée, Jean-Yves, DJ et moniteur de planeur sur la base de Montargis/Vimory.
Il a remis la main sur moi, voilà un an, via la rubrique Les copains d’avant du site L’Internaute sur lequel un cousin avait cru bon de m’inscrire. Jean-Yves m’a aussitôt bombardé d’e-mails, accompagnés de vues du ciel, auxquels je n’ai pas donné suite, du moins pas jusqu’à janvier dernier, au lendemain de la révélation du tracé du Tour, où je me suis enfin manifesté, proposant une visite en juillet.
Dès mon arrivée en gare de Montargis, Casquette, -c’est le surnom qu’on donnait à Jean-Yves à cause de son grand nez-, m’entraîne en voiture jusqu’à l’aérodrome où il donne des stages d’été.
Munis des indispensables bobs et lunettes de soleil, nous nous envolons vers quinze heures à bord d’un planeur moderne biplace.
La large verrière nous donne à voir le Gâtinais, son canal, et l'école d'agriculture du Chesnoy sous une parcelle de ciel dégagé que mordent d’inquiétants nuages: l’est.
Dans un pré à vaches, des rondins dessinent un Allez Jaja, sans doute visible depuis l’espace. La route a été refaite à neuf. Bloqués par un commissaire en tenue techno, des camionneurs y laissent passer une course amateur, contrôlée par les gars de l’UC Châteauroux, encore venus faire une razzia.
Je suis le peloton jusqu’au confluent du Loing, du Puiseaux, et du Vernisson, où l’on construit un hyper discount en lieu et place de l’ancienne usine de chaussons.
Une fois abandonné par l’avion remorqueur, on n’entend plus que l’air souffler le long du carénage.
« Ce silence ! » me chuchote Jean-Yves.
Une paix royale. Heureusement, j’ai emmené un petit transistor, pour me permettre de suivre la fin de l’étape.
On annonce un temps de Flèche Wallonne. Une ambiance de légende, dirait une radio spécialisée dans le souvenir. Manches longues et chaussée trempée. Armstrong lui-même a revêtu un K-Way, c’est dire si ça craint.
Au sommet de la côte de Maron, Mengin a basculé en tête, laissant ses collègues d’échappée se donner la main au moment d’être repris par le peloton.
Le temps a tourné, et le vent nous ballote sérieux.
Plus que dix kilomètres, et le peloton à quarante secondes.
Casquette, pâle comme un torse de coureur en août, me demande de couper la radio, afin de pouvoir émettre.
Je ne résiste pas longtemps, et finis par accepter.
Trop tard, nous atterrissons en catastrophe en forêt de Montargis.
Transporté à la clinique pour de légères contusions aux coudes et à la cuisse, j’ai le temps de regarder les informations, où passe en boucle le visage de Marie-Jo Pérec en pleurs.■
Pascal D’Huez, envoyé spécial. Montargis.
Hélàs, du Tour au BMX, rien de commun. Ces deux cultures du vélo ne s’interpénètrent pas, aucun champion n’est versée de l’une à l’autre, et ce n’est pas demain la veille qu’on surprendra Pierrick Fédrigo à faire un bunny-hop suivi d’un backflip.
Qu’on ne cherche nulle part la ligne de départ, les coureurs sont loin, transférés en voiture hier soir jusqu’à Troyes, d’où ils ralliaient Nancy dans l’après-midi.
J’ai rendez-vous avec un copain de lycée, Jean-Yves, DJ et moniteur de planeur sur la base de Montargis/Vimory.
Il a remis la main sur moi, voilà un an, via la rubrique Les copains d’avant du site L’Internaute sur lequel un cousin avait cru bon de m’inscrire. Jean-Yves m’a aussitôt bombardé d’e-mails, accompagnés de vues du ciel, auxquels je n’ai pas donné suite, du moins pas jusqu’à janvier dernier, au lendemain de la révélation du tracé du Tour, où je me suis enfin manifesté, proposant une visite en juillet.
Dès mon arrivée en gare de Montargis, Casquette, -c’est le surnom qu’on donnait à Jean-Yves à cause de son grand nez-, m’entraîne en voiture jusqu’à l’aérodrome où il donne des stages d’été.
Munis des indispensables bobs et lunettes de soleil, nous nous envolons vers quinze heures à bord d’un planeur moderne biplace.
La large verrière nous donne à voir le Gâtinais, son canal, et l'école d'agriculture du Chesnoy sous une parcelle de ciel dégagé que mordent d’inquiétants nuages: l’est.
Dans un pré à vaches, des rondins dessinent un Allez Jaja, sans doute visible depuis l’espace. La route a été refaite à neuf. Bloqués par un commissaire en tenue techno, des camionneurs y laissent passer une course amateur, contrôlée par les gars de l’UC Châteauroux, encore venus faire une razzia.
Je suis le peloton jusqu’au confluent du Loing, du Puiseaux, et du Vernisson, où l’on construit un hyper discount en lieu et place de l’ancienne usine de chaussons.
Une fois abandonné par l’avion remorqueur, on n’entend plus que l’air souffler le long du carénage.
« Ce silence ! » me chuchote Jean-Yves.
Une paix royale. Heureusement, j’ai emmené un petit transistor, pour me permettre de suivre la fin de l’étape.
On annonce un temps de Flèche Wallonne. Une ambiance de légende, dirait une radio spécialisée dans le souvenir. Manches longues et chaussée trempée. Armstrong lui-même a revêtu un K-Way, c’est dire si ça craint.
Au sommet de la côte de Maron, Mengin a basculé en tête, laissant ses collègues d’échappée se donner la main au moment d’être repris par le peloton.
Le temps a tourné, et le vent nous ballote sérieux.
Plus que dix kilomètres, et le peloton à quarante secondes.
Casquette, pâle comme un torse de coureur en août, me demande de couper la radio, afin de pouvoir émettre.
Je ne résiste pas longtemps, et finis par accepter.
Trop tard, nous atterrissons en catastrophe en forêt de Montargis.
Transporté à la clinique pour de légères contusions aux coudes et à la cuisse, j’ai le temps de regarder les informations, où passe en boucle le visage de Marie-Jo Pérec en pleurs.■
Pascal D’Huez, envoyé spécial. Montargis.
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