ECHAPPÉES ROYALES
15.4.05
(Chers lecteurs qui m'écoutez mouliner depuis de longs mois, apprenez que j’expérimente aujourd’hui un nouveau type de chronique, en écriture fractionnée. Au lieu de l’habituelle montée au train, veuillez m’accompagner dans une suite de mini-sprints, excellents en vue des grands tours)
Et d’abord, une question SMS envoyée par le jeune Thomas V.
Comment réaliser une échappée royale lorsque on n’est pas soi-même un cador de la bicyclette ?
Simple.
Avec quelques bons copains, d’allure correcte et régulièrement entraînés, infiltrez un peloton d’anonymes. Vous aurez auparavant pris soin de vous munir de dossards terminant invariablement par le chiffre 1 (11, 21…).
Profitez de la première difficulté pour placer une attaque, et vous échapper.
Ainsi, c’est une belle brochette de leaders qui apparaîtra au motard distrait, lequel pourra s’enorgueillir d’avoir doublé une échappée royale.
Entourloupe royale, le final de Gand-Wevelgem a donné lieu à une péripétie laissant clairement apparaître une nouvelle méthode de dopage, impossible à déceler, puisqu’elle consiste à ne rien absorber du tout.
Le vainqueur Nico Mattan aurait profité des voitures suiveuses pour revenir sur l’Espagnol Flecha, et le dépasser.
Une accusation irréfutable au vu des images, car c’est assis à la droite de son directeur sportif que le coureur belge a franchi la ligne, daignant à peine baisser sa vitre électrique pour saluer le public, surpris par l’excellente condition physique du champion au terme de 250 kilomètres de course.
Une technique qui vaut ce qu’elle vaut, mais qui pourrait bientôt se révéler la seule capable d’empêcher Tom Boonen de rafler tous les bouquets de la Société Franco-Flamande de fleuristerie.
Le nouvel ogre des plaines suscite une polémique nourrie, dont, courageusement, je me fais la seule voix et l’écho.
A peine a-t-on la joie de constater son éclosion, et le vent de fraîcheur qu’il apporte au cyclisme, qu’on est déjà en droit de déplorer la façon dont il écrase la course, et le coup fatal qu’il risque de porter à son sport en rendant chaque classique jouée d’avance.
Un peu de grandeur, Monsieur Boonen ! Laissez la place aux autres ! Ayez au moins la politesse d’avoir de temps en temps un jour sans, à l’exemple de vos collègues français, qui savent si bien ne pas se mettre le peloton à dos.
Au rythme où il entame sa carrière, l’Infernal du Nord va occuper nos programmes du dimanche après-midi pour dix ans au moins.
Qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas du Johann Museeuw qu’il y a dans ce garçon, c’est du Jacques Martin.
On pourra prendre ce constat à la rigolade, n’empêche que certains d’entre vous, lecteurs, mourront avant d’avoir connu un autre vainqueur de Paris-Roubaix, pendus de dépit, ou simplement crevés d’ennui sur parquet Quick Step.
George Hincapie, quant à lui, a décidé de faire poser du lino.
Bâti comme le prince charmant, haut, fin, racé, lourd, léger, suffisamment fort pour ne pas avoir à corrompre sa pédalée souple dans de sombres calculs tactiques, au-dessus de la mêlée, rimbaldien, allant loin, bien loin, comme un Flandrien, disant merde au cyclisme à Poupou, Tom Boonen est un danger pour nos jeunes, et notamment pour les adolescentes, qui pourraient être tentées de délaisser les sorties en boîtes de nuit afin de ne pas rater les Ardennaises. La natalité n'allant pas très fort, protégeons ce qu’il en reste en sachant éteindre la retransmission télé pour suivre la course au poste.
Ainsi, rebondissement inattendu, les beaux gosses arrivent à la rescousse du cyclisme pour le tirer de sa ringardise (réputation solidement ancrée depuis l'arrêt de la carrière de Bernard Bourreau).
Qui sait si les trois drilles Boonen, Cunego, Valverde ne se sont pas répartis le Pro-Tour, au cours d’un Yalta cyclo organisé autour du mini-golf d’Hein Verbruggen ?
A moi les classiques, à toi les grands tours, et à toi, Alejandro, les étapes du Tour du Pays Basque.
Si tel est le cas, alors, vous et moi, chers lecteurs, au physique approximatif, et aux jambes mal épilées sur le dessous, nous n’avons plus qu’à organiser nos critériums en cachette, dans la douceur des sous-bois, qui plus est, de nuit, si toutefois, on nous en laisse le droit.
A l’écart d’une discipline qui verra bientôt Vélo Magazine sortir un numéro commun avec Vogue Hommes, nous perpétuerons la veine des coureurs au regard idiot, aux oreilles décollées, ou aux airs de petits vieux tristes, ridés à vingt ans.
Dans la pente de l’Alpe, aux jeunes filles affalées dans l’herbe qui ne nous regarderont plus passer, nous répondrons par des saignements de nez.
Méfiance, messieurs les bellâtres !
Toujours l’effort retournera à la grimace.■
Pascal D’Huez, envoyé spécial.
Et d’abord, une question SMS envoyée par le jeune Thomas V.
Comment réaliser une échappée royale lorsque on n’est pas soi-même un cador de la bicyclette ?
Simple.
Avec quelques bons copains, d’allure correcte et régulièrement entraînés, infiltrez un peloton d’anonymes. Vous aurez auparavant pris soin de vous munir de dossards terminant invariablement par le chiffre 1 (11, 21…).
Profitez de la première difficulté pour placer une attaque, et vous échapper.
Ainsi, c’est une belle brochette de leaders qui apparaîtra au motard distrait, lequel pourra s’enorgueillir d’avoir doublé une échappée royale.
Entourloupe royale, le final de Gand-Wevelgem a donné lieu à une péripétie laissant clairement apparaître une nouvelle méthode de dopage, impossible à déceler, puisqu’elle consiste à ne rien absorber du tout.
Le vainqueur Nico Mattan aurait profité des voitures suiveuses pour revenir sur l’Espagnol Flecha, et le dépasser.
Une accusation irréfutable au vu des images, car c’est assis à la droite de son directeur sportif que le coureur belge a franchi la ligne, daignant à peine baisser sa vitre électrique pour saluer le public, surpris par l’excellente condition physique du champion au terme de 250 kilomètres de course.
Une technique qui vaut ce qu’elle vaut, mais qui pourrait bientôt se révéler la seule capable d’empêcher Tom Boonen de rafler tous les bouquets de la Société Franco-Flamande de fleuristerie.
Le nouvel ogre des plaines suscite une polémique nourrie, dont, courageusement, je me fais la seule voix et l’écho.
A peine a-t-on la joie de constater son éclosion, et le vent de fraîcheur qu’il apporte au cyclisme, qu’on est déjà en droit de déplorer la façon dont il écrase la course, et le coup fatal qu’il risque de porter à son sport en rendant chaque classique jouée d’avance.
Un peu de grandeur, Monsieur Boonen ! Laissez la place aux autres ! Ayez au moins la politesse d’avoir de temps en temps un jour sans, à l’exemple de vos collègues français, qui savent si bien ne pas se mettre le peloton à dos.
Au rythme où il entame sa carrière, l’Infernal du Nord va occuper nos programmes du dimanche après-midi pour dix ans au moins.
Qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas du Johann Museeuw qu’il y a dans ce garçon, c’est du Jacques Martin.
On pourra prendre ce constat à la rigolade, n’empêche que certains d’entre vous, lecteurs, mourront avant d’avoir connu un autre vainqueur de Paris-Roubaix, pendus de dépit, ou simplement crevés d’ennui sur parquet Quick Step.
George Hincapie, quant à lui, a décidé de faire poser du lino.
Bâti comme le prince charmant, haut, fin, racé, lourd, léger, suffisamment fort pour ne pas avoir à corrompre sa pédalée souple dans de sombres calculs tactiques, au-dessus de la mêlée, rimbaldien, allant loin, bien loin, comme un Flandrien, disant merde au cyclisme à Poupou, Tom Boonen est un danger pour nos jeunes, et notamment pour les adolescentes, qui pourraient être tentées de délaisser les sorties en boîtes de nuit afin de ne pas rater les Ardennaises. La natalité n'allant pas très fort, protégeons ce qu’il en reste en sachant éteindre la retransmission télé pour suivre la course au poste.
Ainsi, rebondissement inattendu, les beaux gosses arrivent à la rescousse du cyclisme pour le tirer de sa ringardise (réputation solidement ancrée depuis l'arrêt de la carrière de Bernard Bourreau).
Qui sait si les trois drilles Boonen, Cunego, Valverde ne se sont pas répartis le Pro-Tour, au cours d’un Yalta cyclo organisé autour du mini-golf d’Hein Verbruggen ?
A moi les classiques, à toi les grands tours, et à toi, Alejandro, les étapes du Tour du Pays Basque.
Si tel est le cas, alors, vous et moi, chers lecteurs, au physique approximatif, et aux jambes mal épilées sur le dessous, nous n’avons plus qu’à organiser nos critériums en cachette, dans la douceur des sous-bois, qui plus est, de nuit, si toutefois, on nous en laisse le droit.
A l’écart d’une discipline qui verra bientôt Vélo Magazine sortir un numéro commun avec Vogue Hommes, nous perpétuerons la veine des coureurs au regard idiot, aux oreilles décollées, ou aux airs de petits vieux tristes, ridés à vingt ans.
Dans la pente de l’Alpe, aux jeunes filles affalées dans l’herbe qui ne nous regarderont plus passer, nous répondrons par des saignements de nez.
Méfiance, messieurs les bellâtres !
Toujours l’effort retournera à la grimace.■
Pascal D’Huez, envoyé spécial.
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