LES CUISSES ONT PARLÉ / ÉTAPE 10
12.7.05
Hôtel Holiday Inn, Mulhouse, au soir de la journée de repos.
Dans la salle de réunion occupée la veille par les cadres du groupe CCI Sud-Alsace afin d’y préparer un nouveau plan d’investissements, Walter Godefroot a déplié le profil de l'étape.
A ses côtés, Andreas Klöden et Vinokourov échangent des plaisanteries, sous l’œil blasé de Jan Ullrich, blessé la veille, qui soulage comme il peut son corps endolori en commandant des sucreries aux deux hôtesses saisonnières.
Ils sont bientôt rejoints par les chefs du team CSC, Bjarne Riis et Alain Gallopin, lesquels, ayant serré les mains gravement, préférent rester debout derrière Ivan Basso, très cool, maillot manches longues et sandalettes.
« J’ai souhaité cette réunion afin de préparer l’étape de demain », déclare Godefroot en traçant des pointillés sur la carte, « Nous allons procéder à une attaque-mitraillette. C’est quelque chose que nous avons déjà répété à l’entraînement, et qui a très bien marché. »
Tandis que les Phonak prennent place autour de la table en tek, il s’éclaircit la voix :
« A 15h02, au pied du Cormet, Andréas placera une première attaque, suivie à 15h04 par celle de Vino… A 15h06… »
- Un instant !, réclame Bjarne Riis, déjà rouge, « Si vous envoyez un deuxième gars, on vient aussi ! »
- Nous aussi !, affirme Floyd Landis.
- Nous aussi ! insiste Thomas Voeckler, qui n’a pas trouvé de place, et s’est assis sur le bar, les pieds dans le vide.
La tactique envisagée est simple, et vaut d’être réexpliquée.
D'abord, les Liquigas, à qui on a déjà versé des arrhes, assureront un faux-rythme.
A Courchevel, les T-Mobile prendront le maillot avec Jan. Ceux qui auront le mieux collaboré, pourront, au choix, ou prétendre à une place sur le podium, ou envisager l’obtention d’un maillot distinctif (disant cela, Walter Godefroot vise Christophe Moreau qui, s’il ne reste pas derrière, risque de voir le maillot vert échapper pour de bon à son coéquipier Hushovd).
David Moncoutié pose ses conditions. Il veut de l’argent, beaucoup, des bagnoles et des femmes, sans quoi il ramènera Armstrong dans sa roue.
Santiago Botero, jusque là silencieux, occupé à confectionner de petites sculptures dans du pain de mie, interrompt le débat.
« Perso, dit-il, je vais tenter un coup de bluff. Je vais faire croire à Armstrong que je ne suis pas bien. Mais alors pas bien du tout. »
- Méfie-toi, répond Iban Mayo, qui s'est perdu au retour de l'entraînement, j’ai tenté ça l’an passé. J’ai même simulé l’abandon au point de rentrer dans la voiture-balai. Le lendemain, j’étais en Espagne. Armstrong était bluffé.
- Quelles sont les nouvelles ? interroge Manolo Saiz.
- C’est la fin, répond tristement Godefroot, Johan Bruyneel me l’a annoncé la nuit dernière au téléphone. Il a eu l'honnêteté de me le dire sans détours: Armstrong est au bout. Sa volonté est que le Tour aille aux T-Mobile.
« Puisque vous jouez le général,... A nous l’étape ! », tonne Bjarne Riis, bien décidé à ne pas être le dindon de la farce.
- Vous l’aurez, assure Godefroot. Et mieux encore, j’invite tout le monde à Hanovre, pour une grande fête en août, avec la chanteuse Gwen Stephany. Il y aura des moules, et des chaussons frits au porc de la Ruhr.
- Marché conclus ! font les Bouygues, surexcités, en s'enlaçant et se tapant dans les mains. Des rires fusent, quelques larmes apparaissent.
« D’accord ! », admet Roberto Heras, « mais qu’est-ce qu’on fait si Lance craque dès le début ? »
- Faut éviter l’humiliation !…, invite Ullrich en fendant au couteau l’œuf d’un Kinder, je ne le supporterais pas ! »
- Quelqu’un pourrait rester avec Lance jusqu'au bout ?
- Francesco ? propose Valverde, arrivé en cours.
« porqué mí ? », se défend le sympathique espagnol, tête penchée.
- On viendra t'épauler sur le Tour de Burgos.
- De notre côté, tempère Godefroot, nous nous sommes confectionnés des T-shirts «Lance 1999-2004, bravo champion ! », qu’Andreas, Vino et Jan porteront toute la journée, et qu'ils montreront en franchissant la ligne. Un petit geste de pure diplomatie, qui n’a l’air de rien, mais qui sera sûrement apprécié…
Les étapes à venir réparties entre chaque équipe, les différents clans rentrent à l'hôtel, fourbus mais contents, pressés de tourner la page.
Certains, des fourmis dans les jambes, ne s'endormiront pas avant 3 heures.
D’après le récit de Kristin, hôtesse à l’Holiday Inn,
Pascal D’Huez, envoyé spécial, Mulhouse.
Dans la salle de réunion occupée la veille par les cadres du groupe CCI Sud-Alsace afin d’y préparer un nouveau plan d’investissements, Walter Godefroot a déplié le profil de l'étape.
A ses côtés, Andreas Klöden et Vinokourov échangent des plaisanteries, sous l’œil blasé de Jan Ullrich, blessé la veille, qui soulage comme il peut son corps endolori en commandant des sucreries aux deux hôtesses saisonnières.
Ils sont bientôt rejoints par les chefs du team CSC, Bjarne Riis et Alain Gallopin, lesquels, ayant serré les mains gravement, préférent rester debout derrière Ivan Basso, très cool, maillot manches longues et sandalettes.
« J’ai souhaité cette réunion afin de préparer l’étape de demain », déclare Godefroot en traçant des pointillés sur la carte, « Nous allons procéder à une attaque-mitraillette. C’est quelque chose que nous avons déjà répété à l’entraînement, et qui a très bien marché. »
Tandis que les Phonak prennent place autour de la table en tek, il s’éclaircit la voix :
« A 15h02, au pied du Cormet, Andréas placera une première attaque, suivie à 15h04 par celle de Vino… A 15h06… »
- Un instant !, réclame Bjarne Riis, déjà rouge, « Si vous envoyez un deuxième gars, on vient aussi ! »
- Nous aussi !, affirme Floyd Landis.
- Nous aussi ! insiste Thomas Voeckler, qui n’a pas trouvé de place, et s’est assis sur le bar, les pieds dans le vide.
La tactique envisagée est simple, et vaut d’être réexpliquée.
D'abord, les Liquigas, à qui on a déjà versé des arrhes, assureront un faux-rythme.
A Courchevel, les T-Mobile prendront le maillot avec Jan. Ceux qui auront le mieux collaboré, pourront, au choix, ou prétendre à une place sur le podium, ou envisager l’obtention d’un maillot distinctif (disant cela, Walter Godefroot vise Christophe Moreau qui, s’il ne reste pas derrière, risque de voir le maillot vert échapper pour de bon à son coéquipier Hushovd).
David Moncoutié pose ses conditions. Il veut de l’argent, beaucoup, des bagnoles et des femmes, sans quoi il ramènera Armstrong dans sa roue.
Santiago Botero, jusque là silencieux, occupé à confectionner de petites sculptures dans du pain de mie, interrompt le débat.
« Perso, dit-il, je vais tenter un coup de bluff. Je vais faire croire à Armstrong que je ne suis pas bien. Mais alors pas bien du tout. »
- Méfie-toi, répond Iban Mayo, qui s'est perdu au retour de l'entraînement, j’ai tenté ça l’an passé. J’ai même simulé l’abandon au point de rentrer dans la voiture-balai. Le lendemain, j’étais en Espagne. Armstrong était bluffé.
- Quelles sont les nouvelles ? interroge Manolo Saiz.
- C’est la fin, répond tristement Godefroot, Johan Bruyneel me l’a annoncé la nuit dernière au téléphone. Il a eu l'honnêteté de me le dire sans détours: Armstrong est au bout. Sa volonté est que le Tour aille aux T-Mobile.
« Puisque vous jouez le général,... A nous l’étape ! », tonne Bjarne Riis, bien décidé à ne pas être le dindon de la farce.
- Vous l’aurez, assure Godefroot. Et mieux encore, j’invite tout le monde à Hanovre, pour une grande fête en août, avec la chanteuse Gwen Stephany. Il y aura des moules, et des chaussons frits au porc de la Ruhr.
- Marché conclus ! font les Bouygues, surexcités, en s'enlaçant et se tapant dans les mains. Des rires fusent, quelques larmes apparaissent.
« D’accord ! », admet Roberto Heras, « mais qu’est-ce qu’on fait si Lance craque dès le début ? »
- Faut éviter l’humiliation !…, invite Ullrich en fendant au couteau l’œuf d’un Kinder, je ne le supporterais pas ! »
- Quelqu’un pourrait rester avec Lance jusqu'au bout ?
- Francesco ? propose Valverde, arrivé en cours.
« porqué mí ? », se défend le sympathique espagnol, tête penchée.
- On viendra t'épauler sur le Tour de Burgos.
- De notre côté, tempère Godefroot, nous nous sommes confectionnés des T-shirts «Lance 1999-2004, bravo champion ! », qu’Andreas, Vino et Jan porteront toute la journée, et qu'ils montreront en franchissant la ligne. Un petit geste de pure diplomatie, qui n’a l’air de rien, mais qui sera sûrement apprécié…
Les étapes à venir réparties entre chaque équipe, les différents clans rentrent à l'hôtel, fourbus mais contents, pressés de tourner la page.
Certains, des fourmis dans les jambes, ne s'endormiront pas avant 3 heures.
D’après le récit de Kristin, hôtesse à l’Holiday Inn,
Pascal D’Huez, envoyé spécial, Mulhouse.
1 Comments:
Dear Mr. D'Huez,
Hey guys. Nardac sent me your link. It's a really great site. I like it... do I know you?
I sent this to Mr. Armstrong, who assured me he most certainly did not feel well at all. He thinks that maybe he could have had a bad day... only 80%.
Btw, I asked him if he liked the Lord of the Rings trilogy.
"It's a terrific trilogy, but it would have been better has a seven part series... and Sauron kicks ass all over those hairy hobbits, each episode!"
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