LAURENT ET LES VIEUX GARÇONS
11.7.05
une aimable contribution de votre cher Paris-Brest à sport&erotism
Si Pascal d'Huez évoque quotidiennement le sport en ces colonnes, de nombreux adolescents rebelles parviennent également ici en tapant "erotism" dans Google, je n'aimerais pas les laisser sur leur faim et souhaite, pour rester dans le sujet qui les intéresse, leur causer d'érotisme, donc, au premier chef, de cyclisme.
Eh oui, en ce sport comme en amour, tout n'est affaire que de fantasmes, de conjectures, de plans sur la comète, de lune rêvée.
Contrairement aux sports démonstratifs que sont le tennis ou le football, qui offrent à voir, le cyclisme ne montre quasi rien, ne connaît qu'un refrain : "Déshabillez-moi".
Le cyclisme, Rita Hayworth ôtant ses gants dans le désuet Gilda, quand les autres sports relèvent de la pornographie (gros plans, ralentis, clinquant, catogan, bagouses) ou du Club Mickey (le poupin Ronaldo, Nadal et sa barboteuse).
L'arsenal entier de la séduction se déploie au chaud juillet : rendez-vous, sens du timing, conclusions, mensonges, tromperies, coups de bluff et de bambou, défaillances, prises en défaut, accélérations, coups fourrés, relâchements, faux alliés, surprises, incertitudes jusqu'au dernier jour.
Comme dans la passion, le corps ne quitte jamais le pavé mais l'esprit cavale, douleurs et engouement, on vit à plusieurs la tristesse d'être unique.
Dans cet univers de sublimation sexuelle, le conteur joue un rôle extraordinaire. De même que l'amour n'existait pas avant qu'au XIIème siècle, des troubadours ne le chantent en langue d'oc ; le cyclisme, notre danseuse, voit régulièrement s'enticher de lui quelques écrivains romantiques, mélancoliques et portés sur la dérive, qui le font se sentir vivant.
Dans une époque guère éloignée, un journaliste comme Patrick Chêne (ah, rien que ce nom, Chêne... le Tour, c'est le Toujours) était notre compagnon de priapisme. Il se baladait, avec un vieux baiseur encore vert (Chapatte ou Thévenet) trois semaines durant dans les villes les plus chiantes de France. Micro ouvert, il imaginait à voix haute mille scénarii, mille péripéties possibles. Nous suivions.
Le plomb de nos vies nous était rendu au centuple, transmuté en or.
Par exemple, Indurain devenait dans sa bouche un monolithe kubrickien, alors que sa façon de courir était plus ennuyeuse qu'une soirée à Béziers.
Qu'importe, nous laissions faire, heureux de nous faire berner par la danseuse.
Et puis nous avions jeté notre dévolu amoureux...
Or, cette année, c'est à un enfant qu'incombe sur France 2 la charge de vanter les exploits de nos héros : Henri Sannier, cet Antoine Blondin en culotte éponge.
Aux côtés de Blondinet, un tatoué enjôleur jamais aussi triste que depuis qu'on le force à jouer un rôle de père qu'il semble n'avoir pas désiré.
Jalabert paraît coincé, comme nous, pendant trois semaines, à un repas de famille interminable, peuplé de vieux garçons impotents, où les plats sont servis par des filles à la naphtaline. On rêvait de retrouver notre maîtresse estivale et nous voilà captifs, avec lui, dans l'enfer des belles-doches qui ne se nourrissent que de salades fraîcheur.
Autour de Jalabert, sa belle-famille, donc. La médiatique, mariée au peloton.
Un grand-père au bout du rouleau, raconte des anecdotes d'un autre temps (J-P.Ollivier).
Un oncle (JR Godard), ex-marchand de biens, reconverti dans le trading et les actions de bienfaisance, soliloque à gogo. On n'ose le contredire, sous peine qu'il en repasse une couche.
Un autre oncle (Chenez) ressasse à tout bout de champ les blagues qui faisaient mouche il y a une paire d'années (le train Discovery, la fusée Armstrong).
Un cousin simple d'esprit, au sourire Joker, (G.Holtz) passe son temps à interroger la famille avec son caméscope.
Un neveu débile échange des SMS et envoie des photos à ses amis, c'est le réalisateur Ooghe qui, encombré par son réseau d'informations, ne veut rien manquer et rate ainsi l'essentiel.
Mais surtout, un moutard, maître de cérémonie, applaudit aux communiants (les Bouygues Telecom, ces Choristes), rigole d'un rien, énerve son Papa/Jaja en lui posant continuellement des questions qui ne méritent aucune réponse (au contraire, Chêne ne posait jamais que des questions qui en amenaient d'autres en retour).
Pauvre Laurent, leader de l'équipe Panda-Spleen, la bite sous le bras par temps de correction.
Le frisson s'est fait les malles, et ceux qui ne savent plus aimer, incendier la pinède avec une simple allumette, nous revendent son absence (entre deux pubs pour la chevauchée des Walkoviak, le CD qui prend feu, et des invitations à envoyer des questions par SMS surtaxés à un gosse infoutu d'y répondre).
Chute du cardiofréquencemètre. Les forces anérotiques qui rendent chaque jour notre vie plus misérable que la veille, se sont attaquées au Tour. Pascal d'Huez, dont nous sommes sans nouvelles, saura-t-il s'en rendre maître ?
Vous l'apprendrez peut-être dès demain, une fois que notre expert en langue fourrée se sera extrait de l'étang du petit bas.
Le Tour est mort mais il bande encore.■
Erotiquement,
Votre Paris-Brest.
Si Pascal d'Huez évoque quotidiennement le sport en ces colonnes, de nombreux adolescents rebelles parviennent également ici en tapant "erotism" dans Google, je n'aimerais pas les laisser sur leur faim et souhaite, pour rester dans le sujet qui les intéresse, leur causer d'érotisme, donc, au premier chef, de cyclisme.
Eh oui, en ce sport comme en amour, tout n'est affaire que de fantasmes, de conjectures, de plans sur la comète, de lune rêvée.
Contrairement aux sports démonstratifs que sont le tennis ou le football, qui offrent à voir, le cyclisme ne montre quasi rien, ne connaît qu'un refrain : "Déshabillez-moi".
Le cyclisme, Rita Hayworth ôtant ses gants dans le désuet Gilda, quand les autres sports relèvent de la pornographie (gros plans, ralentis, clinquant, catogan, bagouses) ou du Club Mickey (le poupin Ronaldo, Nadal et sa barboteuse).
L'arsenal entier de la séduction se déploie au chaud juillet : rendez-vous, sens du timing, conclusions, mensonges, tromperies, coups de bluff et de bambou, défaillances, prises en défaut, accélérations, coups fourrés, relâchements, faux alliés, surprises, incertitudes jusqu'au dernier jour.
Comme dans la passion, le corps ne quitte jamais le pavé mais l'esprit cavale, douleurs et engouement, on vit à plusieurs la tristesse d'être unique.
Dans cet univers de sublimation sexuelle, le conteur joue un rôle extraordinaire. De même que l'amour n'existait pas avant qu'au XIIème siècle, des troubadours ne le chantent en langue d'oc ; le cyclisme, notre danseuse, voit régulièrement s'enticher de lui quelques écrivains romantiques, mélancoliques et portés sur la dérive, qui le font se sentir vivant.
Dans une époque guère éloignée, un journaliste comme Patrick Chêne (ah, rien que ce nom, Chêne... le Tour, c'est le Toujours) était notre compagnon de priapisme. Il se baladait, avec un vieux baiseur encore vert (Chapatte ou Thévenet) trois semaines durant dans les villes les plus chiantes de France. Micro ouvert, il imaginait à voix haute mille scénarii, mille péripéties possibles. Nous suivions.
Le plomb de nos vies nous était rendu au centuple, transmuté en or.
Par exemple, Indurain devenait dans sa bouche un monolithe kubrickien, alors que sa façon de courir était plus ennuyeuse qu'une soirée à Béziers.
Qu'importe, nous laissions faire, heureux de nous faire berner par la danseuse.
Et puis nous avions jeté notre dévolu amoureux...
Or, cette année, c'est à un enfant qu'incombe sur France 2 la charge de vanter les exploits de nos héros : Henri Sannier, cet Antoine Blondin en culotte éponge.
Aux côtés de Blondinet, un tatoué enjôleur jamais aussi triste que depuis qu'on le force à jouer un rôle de père qu'il semble n'avoir pas désiré.
Jalabert paraît coincé, comme nous, pendant trois semaines, à un repas de famille interminable, peuplé de vieux garçons impotents, où les plats sont servis par des filles à la naphtaline. On rêvait de retrouver notre maîtresse estivale et nous voilà captifs, avec lui, dans l'enfer des belles-doches qui ne se nourrissent que de salades fraîcheur.
Autour de Jalabert, sa belle-famille, donc. La médiatique, mariée au peloton.
Un grand-père au bout du rouleau, raconte des anecdotes d'un autre temps (J-P.Ollivier).
Un oncle (JR Godard), ex-marchand de biens, reconverti dans le trading et les actions de bienfaisance, soliloque à gogo. On n'ose le contredire, sous peine qu'il en repasse une couche.
Un autre oncle (Chenez) ressasse à tout bout de champ les blagues qui faisaient mouche il y a une paire d'années (le train Discovery, la fusée Armstrong).
Un cousin simple d'esprit, au sourire Joker, (G.Holtz) passe son temps à interroger la famille avec son caméscope.
Un neveu débile échange des SMS et envoie des photos à ses amis, c'est le réalisateur Ooghe qui, encombré par son réseau d'informations, ne veut rien manquer et rate ainsi l'essentiel.
Mais surtout, un moutard, maître de cérémonie, applaudit aux communiants (les Bouygues Telecom, ces Choristes), rigole d'un rien, énerve son Papa/Jaja en lui posant continuellement des questions qui ne méritent aucune réponse (au contraire, Chêne ne posait jamais que des questions qui en amenaient d'autres en retour).
Pauvre Laurent, leader de l'équipe Panda-Spleen, la bite sous le bras par temps de correction.
Le frisson s'est fait les malles, et ceux qui ne savent plus aimer, incendier la pinède avec une simple allumette, nous revendent son absence (entre deux pubs pour la chevauchée des Walkoviak, le CD qui prend feu, et des invitations à envoyer des questions par SMS surtaxés à un gosse infoutu d'y répondre).
Chute du cardiofréquencemètre. Les forces anérotiques qui rendent chaque jour notre vie plus misérable que la veille, se sont attaquées au Tour. Pascal d'Huez, dont nous sommes sans nouvelles, saura-t-il s'en rendre maître ?
Vous l'apprendrez peut-être dès demain, une fois que notre expert en langue fourrée se sera extrait de l'étang du petit bas.
Le Tour est mort mais il bande encore.■
Erotiquement,
Votre Paris-Brest.
1 Comments:
Ha oui là aussi, je dis oui, bravo, c'est exceptionnel.
D'aucun aurait évoquer la pédale, promettant dix francs au nourrin certes, mais bousillant l'article.
preuve est fait que'il n'y a riend e plus étrotique qu'une structure.
Le prochain salon EROTIKA sera-t-il enfin sponsorisé par Bouygues ou Leroy-merlin juste retour des choses?
Dr Devo
le mot du jour fwboweky
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