ESCARMOUCHES À LA SCHLUCHT / ÉTAPE 8
9.7.05
Bave aux lèvres, le jeune Pieter Weening a gagné cet après-midi d’un cheveu sur Andreas Klöden, soudain ressuscité du monde des espoirs déçus.
Derrière, sans doute bouleversés par mon article d’hier, les favoris se sont employés.
Le tout nouveau Golgoth à trois têtes des ingénieurs T-Mobil semble enfin fonctionner, au point qu’Armstrong n’a pas pu répliquer par son traditionnel autolargue, il est vrai plus adapté à la haute montagne qu'au Col de la Schlucht.
Le vainqueur sortant n’est pas au mieux ce week-end.
Si les autres s’en aperçoivent, ce sera l’hallali, le lynchage en règle.
Ohé les gars ! Vous qui vous êtiez endormis dans les fossés, allez vous épiler, le Tour recommence.
Karlsruhe, où je couche ce soir, est la seconde ville la plus ensoleillée d'Allemagne. La première étant Hambourg. Trois-cents jours par an, un plafond obstinément bas y interdit la pratique des sports de plein air, facilitant ainsi la concentration des dizaines de milliers de jeunes qui y mènent des études brillantes.
Les rues sont truffées d’Erasmus, des Français pour la plupart, qui en ce début juillet, traînent un peu avant de rentrer, qui dans le Morbihan, qui du côté de Blagnac.
Coup de chance ou coup monté, mon hôte du jour, rencontré sur un chat, partage sa colocation avec Björn Thurau, le fils du célèbre champion.
Or, comment faire escale à Karlsruhe sans évoquer, les yeux embués de larmes, la carrière de Dietrich Thurau, dit Didi, le héros de l'Allemagne d'Helmut Schmidt ?
Révélé lors du Tour 1977, il y porte le maillot jaune quatorze jours durant, et déclenche l’euphorie chez ses compatriotes, toujours en attente d’un premier lauréat. Brusquement, du Bade-Wurtemberg au Schleswig-Holstein, les gens se passionnent pour le vélo. De cet engouement surgiront plusieurs milliers de kilomètres de piste cyclable. Il a seulement 22 ans, les filles adorent ses boucles d'or. Il y a du Rocheteau dans ce Thurau, qui finit meilleur jeune à Paris. C'est l'été du disco, mais aussi celui du punk.
On ne le reverra presque plus, sinon pour une ou deux classiques, et une poignée d’étapes dans les grands tours.
Les observateurs lui reprocheront de dilapider sa classe dans les lucratives épreuves de six-jours, au lieu de se régénérer pour la saison routière.
N'écoutant que lui-même, il accumule les mauvaises fréquentations. Associé à Moser, au Suisse Urs Freuler, à Danny Clark ou Bert Oosterbosch, il passe ses hivers à cachetonner sur piste couverte ou sous chapiteau chauffé, devant des vieux loups obscènes et des prostituées maritimes, des six-jours de Zürich à ceux de Münich, via Cologne, Berlin, Brême, Rotterdam, puis Copenhague, où, fatalement, il attrape la crève.
En 1987, dix ans après être né à la popularité sous le surnom de l’Ange Blond, Dietrich Thurau doit quitter le Tour de France pour consommation d’anabolisants.
Depuis, il a agressé une jeune femme et son chien, brutalisé un chauffeur de taxi. Une autre fois, devenu agent immobilier, il a falsifié des documents officiels, contrefait la signature d'un voisin âgé de 94 ans, après que l'homme eut refusé une déclaration d'accord pour une transformation de sa maison.
Encouragé par son père, Björn s’est mis à la compétition lui aussi. A dix-sept ans, il fait 1m 91. Un certain succès chez les amateurs pourrait bien le conduire à arrêter ses études.
Je finis la soirée en tram, pour une Straba party, une fête ambulante, spécialité locale.
Nous roulons à travers la ville pendant 4 heures, buvant et fumant, pour seulement 3 arrêts pipi.
Surprise ! Didi Thurau nous rejoint à la station Europa-Platz, hilare. Aussitôt, des étudiantes en droit de Hanovre nous entraînent dans une chenille.
Hélàs, le vomi étant facturé 50€, j’en suis encore de ma poche.■
Pascal D’Huez, envoyé spécial. Karlsruhe.
Derrière, sans doute bouleversés par mon article d’hier, les favoris se sont employés.
Le tout nouveau Golgoth à trois têtes des ingénieurs T-Mobil semble enfin fonctionner, au point qu’Armstrong n’a pas pu répliquer par son traditionnel autolargue, il est vrai plus adapté à la haute montagne qu'au Col de la Schlucht.
Le vainqueur sortant n’est pas au mieux ce week-end.
Si les autres s’en aperçoivent, ce sera l’hallali, le lynchage en règle.
Ohé les gars ! Vous qui vous êtiez endormis dans les fossés, allez vous épiler, le Tour recommence.
Karlsruhe, où je couche ce soir, est la seconde ville la plus ensoleillée d'Allemagne. La première étant Hambourg. Trois-cents jours par an, un plafond obstinément bas y interdit la pratique des sports de plein air, facilitant ainsi la concentration des dizaines de milliers de jeunes qui y mènent des études brillantes.
Les rues sont truffées d’Erasmus, des Français pour la plupart, qui en ce début juillet, traînent un peu avant de rentrer, qui dans le Morbihan, qui du côté de Blagnac.
Coup de chance ou coup monté, mon hôte du jour, rencontré sur un chat, partage sa colocation avec Björn Thurau, le fils du célèbre champion.
Or, comment faire escale à Karlsruhe sans évoquer, les yeux embués de larmes, la carrière de Dietrich Thurau, dit Didi, le héros de l'Allemagne d'Helmut Schmidt ?
Révélé lors du Tour 1977, il y porte le maillot jaune quatorze jours durant, et déclenche l’euphorie chez ses compatriotes, toujours en attente d’un premier lauréat. Brusquement, du Bade-Wurtemberg au Schleswig-Holstein, les gens se passionnent pour le vélo. De cet engouement surgiront plusieurs milliers de kilomètres de piste cyclable. Il a seulement 22 ans, les filles adorent ses boucles d'or. Il y a du Rocheteau dans ce Thurau, qui finit meilleur jeune à Paris. C'est l'été du disco, mais aussi celui du punk.
On ne le reverra presque plus, sinon pour une ou deux classiques, et une poignée d’étapes dans les grands tours.
Les observateurs lui reprocheront de dilapider sa classe dans les lucratives épreuves de six-jours, au lieu de se régénérer pour la saison routière.
N'écoutant que lui-même, il accumule les mauvaises fréquentations. Associé à Moser, au Suisse Urs Freuler, à Danny Clark ou Bert Oosterbosch, il passe ses hivers à cachetonner sur piste couverte ou sous chapiteau chauffé, devant des vieux loups obscènes et des prostituées maritimes, des six-jours de Zürich à ceux de Münich, via Cologne, Berlin, Brême, Rotterdam, puis Copenhague, où, fatalement, il attrape la crève.
En 1987, dix ans après être né à la popularité sous le surnom de l’Ange Blond, Dietrich Thurau doit quitter le Tour de France pour consommation d’anabolisants.
Depuis, il a agressé une jeune femme et son chien, brutalisé un chauffeur de taxi. Une autre fois, devenu agent immobilier, il a falsifié des documents officiels, contrefait la signature d'un voisin âgé de 94 ans, après que l'homme eut refusé une déclaration d'accord pour une transformation de sa maison.
Encouragé par son père, Björn s’est mis à la compétition lui aussi. A dix-sept ans, il fait 1m 91. Un certain succès chez les amateurs pourrait bien le conduire à arrêter ses études.
Je finis la soirée en tram, pour une Straba party, une fête ambulante, spécialité locale.
Nous roulons à travers la ville pendant 4 heures, buvant et fumant, pour seulement 3 arrêts pipi.
Surprise ! Didi Thurau nous rejoint à la station Europa-Platz, hilare. Aussitôt, des étudiantes en droit de Hanovre nous entraînent dans une chenille.
Hélàs, le vomi étant facturé 50€, j’en suis encore de ma poche.■
Pascal D’Huez, envoyé spécial. Karlsruhe.
1 Comments:
OMG!!! I'm soooo excited about tomorrow!!! I bet something crazy will happen... like Lance winning a stage or something.
No, seriously... who do you think is going to do the best attack? It's like calling a lottery at this point, but we know all the even numbers point at Lance.
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