BALLONS CONFISQUÉS / ÉTAPE 9
10.7.05
Les cyclomanes ont éteint leur téléviseur dans l’expectative.
Que penser de cette étape où les règles de la physique élémentaire ont été si calmement bafouées?
Rasmussen, l’homme à la chair de poule, le fébrile, le pâlichon, le maladif, a franchi la montagne en sifflotant, puis, sans tousser, a dévalé la vallée du Rhin au nez et à la barbe d’une alliance Voigt/Moreau qui n’aurait pourtant pas démérité au Trophée Baracchi.
Au bord du Lac de Gérardmer, point de ces chasses de brochets géants qu’on m’avait promis la veille.
Les T-Mobile, sans doute refroidis par les cinquante kilomètres de plat, vent de face, dessinés par Jean-Marie Leblanc sous l’influence de Bernard Buffet, se sont contentés de suivre le tempo, et le Malabar goût framboise Jan Ullrich est resté bien collé aux cale-pieds du Texan, conformément à une tactique qui a fait ses preuves.
On aurait misé sur un peu plus d’agressivité dans ces forêts où le lynx, réintroduit, rôdait sans doute, prêt à bondir sur l’AG2R isolé.
Amers, nous gagnons la journée de repos. Jusqu’à ce qu’Armstrong ne fesse la concurrence dans la montée de Courchevel, ce Tour reste imprévisible.
Demain, Oscar Pereiro fera une tarte aux brimbelles, tandis que Karpets –Il l’a promis- ira chercher un beau bouquet de jonquilles. Hamacs, ballons sauteurs, et course d’orientation sont au programme.
Vers 15 heures, après la sieste, Pierrick Fedrigo viendra montrer son herbier à Lance.
Quand les autres coureurs restent rivés sur leur Playstation, le champion de France perpétue un plaisir simple, un gros bouquin qu’il se trimballe, dans lequel sèchent des variétés rares cueillies sur la route, comme aujourd’hui, la renoncule à feuilles d’aconit, le chèvrefeuille noir, ou le persil de mélancolie.
Parce que la course se joue peut-être demain, il ne faut pas se rater sur les hobbies.
Walter Godefroot a prévu d’emmener ses gars voir Les 4 Fantastiques, donné en avant-première au Kinépolis, avec pop-corn allégé. Il espère une identification maximum, qu’il pourra vérifier grâce à de petits boîtiers glissés dans les cuissards.
Moins concernés par le général, mais désireux de ne pas rentrer bredouilles, les Domina Vacanze ont tout simplement prévu d’aller au sanglier.
Impuissants devant ce franchissement déconcertant de leurs ballons, les amis bûcherons rencontrés à l’occasion de la journée portes-ouvertes à la scierie, me font part de leur sentiment d’occasion gâchée.
Quand on pense qu’à la fin du secondaire, la poussée alpine a imprimé au socle Vosgien des pressions qui l’ont fait se plisser puis s’élever à plus de 3000 mètres d’altitude, avant de s’effondrer au milieu du tertiaire !
Rageant. A quelques centaines de milliers d’années près, c’en était fait d’Armstrong.
Tant pis. Le résumé de l’étape terminé, sans plus rien à foutre, je décide d’obéir à l’appel de la forêt.
La bruyère y abonde. J’arrive à un carrefour en patte d’oie, où le chemin monte légèrement, puis redescend et remonte.
Je prends tout droit en direction « étang du petit bas ».
Deux ruisseaux se rejoignent et forment un bassin humide et touffu. Ayant cru apercevoir une casquette RMO pendue dans les ronces, je préfère passer par derrière, et plonge dans la vase jusqu’au torse.■
Pascal D’Huez, envoyé spécial. Gérardmer.
Que penser de cette étape où les règles de la physique élémentaire ont été si calmement bafouées?
Rasmussen, l’homme à la chair de poule, le fébrile, le pâlichon, le maladif, a franchi la montagne en sifflotant, puis, sans tousser, a dévalé la vallée du Rhin au nez et à la barbe d’une alliance Voigt/Moreau qui n’aurait pourtant pas démérité au Trophée Baracchi.
Au bord du Lac de Gérardmer, point de ces chasses de brochets géants qu’on m’avait promis la veille.
Les T-Mobile, sans doute refroidis par les cinquante kilomètres de plat, vent de face, dessinés par Jean-Marie Leblanc sous l’influence de Bernard Buffet, se sont contentés de suivre le tempo, et le Malabar goût framboise Jan Ullrich est resté bien collé aux cale-pieds du Texan, conformément à une tactique qui a fait ses preuves.
On aurait misé sur un peu plus d’agressivité dans ces forêts où le lynx, réintroduit, rôdait sans doute, prêt à bondir sur l’AG2R isolé.
Amers, nous gagnons la journée de repos. Jusqu’à ce qu’Armstrong ne fesse la concurrence dans la montée de Courchevel, ce Tour reste imprévisible.
Demain, Oscar Pereiro fera une tarte aux brimbelles, tandis que Karpets –Il l’a promis- ira chercher un beau bouquet de jonquilles. Hamacs, ballons sauteurs, et course d’orientation sont au programme.
Vers 15 heures, après la sieste, Pierrick Fedrigo viendra montrer son herbier à Lance.
Quand les autres coureurs restent rivés sur leur Playstation, le champion de France perpétue un plaisir simple, un gros bouquin qu’il se trimballe, dans lequel sèchent des variétés rares cueillies sur la route, comme aujourd’hui, la renoncule à feuilles d’aconit, le chèvrefeuille noir, ou le persil de mélancolie.
Parce que la course se joue peut-être demain, il ne faut pas se rater sur les hobbies.
Walter Godefroot a prévu d’emmener ses gars voir Les 4 Fantastiques, donné en avant-première au Kinépolis, avec pop-corn allégé. Il espère une identification maximum, qu’il pourra vérifier grâce à de petits boîtiers glissés dans les cuissards.
Moins concernés par le général, mais désireux de ne pas rentrer bredouilles, les Domina Vacanze ont tout simplement prévu d’aller au sanglier.
Impuissants devant ce franchissement déconcertant de leurs ballons, les amis bûcherons rencontrés à l’occasion de la journée portes-ouvertes à la scierie, me font part de leur sentiment d’occasion gâchée.
Quand on pense qu’à la fin du secondaire, la poussée alpine a imprimé au socle Vosgien des pressions qui l’ont fait se plisser puis s’élever à plus de 3000 mètres d’altitude, avant de s’effondrer au milieu du tertiaire !
Rageant. A quelques centaines de milliers d’années près, c’en était fait d’Armstrong.
Tant pis. Le résumé de l’étape terminé, sans plus rien à foutre, je décide d’obéir à l’appel de la forêt.
La bruyère y abonde. J’arrive à un carrefour en patte d’oie, où le chemin monte légèrement, puis redescend et remonte.
Je prends tout droit en direction « étang du petit bas ».
Deux ruisseaux se rejoignent et forment un bassin humide et touffu. Ayant cru apercevoir une casquette RMO pendue dans les ronces, je préfère passer par derrière, et plonge dans la vase jusqu’au torse.■
Pascal D’Huez, envoyé spécial. Gérardmer.
1 Comments:
Of course nothing happened. Ullrich is waiting... waiting to crack! But really, the T-Telekom are guided by idiots. You'd think they could make a deal with CSC or Iles Baleares and do some attacking from all sides. It seemed to work the day before.
BTW, did you know I got spammed by eurosport? Bet that hasn't happened to you yet.
Enregistrer un commentaire
<< Home