LA LAVANDE DONNE DES ENVIES DE LESSIVE / ÉTAPE 13
15.7.05
Charly Mottet dirige aujourd'hui une petite société de voyages, qui propose des excursions surprises à travers Alpes et Préalpes.
Puisqu'il me l'a gentiment proposé, c'est sur le dos d'un âne nommé Galibier, que je poursuis ma route jusqu'à Digne-les-Bains, via la vallée d'Ubaye...
Après l'abandon hier de son coéquipier Manuel Beltran, -un montagnard de premier ordre-, Lance Armstrong a connu une nouvelle journée noire, car c'était aujourd'hui au tour d'Alejandro Valverde de prendre la contre-allée, victime d'un genou douloureux.
Je n'insinue pas que l'espoir espagnol eut été à la solde d'Armstrong, mais plutôt qu'en abandonnant le maillot blanc à Popovytch, il complique la tâche de la Discovery, obligée de courir un nouveau challenge. Sollicité par la gloire, l'héritier Ukrainien ne sera-t-il pas tenté de saisir sa chance et d'économiser ses coups de pédale ?
On peut répondre non, sans risque de se tromper. Mais avouez qu'au moins, moi, j'aurai tenté quelque chose.
Lors de la révélation du tracé du Tour, le rigolo souligne d'un trait rouge les étapes de moyenne montagne, et de deux celles de montagne. Il ignore que le Tour se joue dans ses intervalles, par les faits sans importance qui animent les trajets par train, par avion, ou par bicyclette même, quand une trêve a été accordée par les plus forts. Il en oublie de reconnaître les hôtels, d'interroger le fabricant du lit sur lequel il ne trouvera pas le sommeil, ou de s'informer sur la propreté des toilettes. Le vol de Mulhouse à Grenoble a, par exemple, été un calvaire pour les T-Mobile, du fait d'une porte déficiente. Une heure et demie de retard sur Armstrong, qui laissait déjà présager du pire.
De la bouche d'un ami bien placé, j'apprends ce soir que le sandwich au thon acheté par Ullrich au distributeur de la gare d'Agde est resté coincé au niveau de la trappe de saisie. Outre que ses coéquipiers ont du l'attendre trois quarts d'heure, le champion allemand s'est esquinté le dos de la main en tentant de se faire justice lui-même.
Une telle déveine est dure à admettre, surtout lorsqu'on apprend qu'au même moment, le maillot jaune, sans rien faire, a récupéré deux euros de monnaie dans une machine identique. Décidément, la course n'aura pas gâté Jan.
Tous ces aléas nous font oublier que le Sextuple s'apprête à donner ses toutes dernières représentations. L'émotion gagne. Il achève sa tournée d'adieux sous les pancartes "Armstrong, dégage!", les calicots "Sept ans, ça suffit!" d'anciens militants Jospinistes, et les sifflets d'un public ingrat qui, à l'opéra, préfèrent cent fois un bon Le Mans-Sedan bien accroché.
Dans ces conditions, a-t-il encore en tête de plaire, comme on l'avait annoncé tendrement ? Va-t-il nous gratifier d'un récital-surprise ? D'un rappel ? D'une reprise du grand Led Zep, coiffé d'une perruque fantaisie, dans la montée d'Ax-3 Domaines ?
Espérons-le, car pour la petite fête d'anniversaire, un temps envisagée par ses rivaux, il semble qu'on puisse mettre une croix dessus, personne ne s'étant finalement décidé à faire le gâteau.
Mon petit âne est épuisé. Lui et moi partageons désormais la même odeur.
Comme je pose pied à terre sur le chemin rocailleux de la chambre d'hôte où m'attend un couple éleveur d'huskies, Corinne et Jean-Louis, les moucherons m'escortent plus sûrement qu'Armstrong, les Discovery.
La chaleur monte encore ce week-end, et les têtes pourraient tourner, la déraison s'inviter parmi ces hommes qui n'ont plus rien à perdre, et n'ont plus fait l'amour depuis trois semaines.
Pascal D'Huez, envoyé spécial. Digne-les-Bains.
Puisqu'il me l'a gentiment proposé, c'est sur le dos d'un âne nommé Galibier, que je poursuis ma route jusqu'à Digne-les-Bains, via la vallée d'Ubaye...
Après l'abandon hier de son coéquipier Manuel Beltran, -un montagnard de premier ordre-, Lance Armstrong a connu une nouvelle journée noire, car c'était aujourd'hui au tour d'Alejandro Valverde de prendre la contre-allée, victime d'un genou douloureux.
Je n'insinue pas que l'espoir espagnol eut été à la solde d'Armstrong, mais plutôt qu'en abandonnant le maillot blanc à Popovytch, il complique la tâche de la Discovery, obligée de courir un nouveau challenge. Sollicité par la gloire, l'héritier Ukrainien ne sera-t-il pas tenté de saisir sa chance et d'économiser ses coups de pédale ?
On peut répondre non, sans risque de se tromper. Mais avouez qu'au moins, moi, j'aurai tenté quelque chose.
Lors de la révélation du tracé du Tour, le rigolo souligne d'un trait rouge les étapes de moyenne montagne, et de deux celles de montagne. Il ignore que le Tour se joue dans ses intervalles, par les faits sans importance qui animent les trajets par train, par avion, ou par bicyclette même, quand une trêve a été accordée par les plus forts. Il en oublie de reconnaître les hôtels, d'interroger le fabricant du lit sur lequel il ne trouvera pas le sommeil, ou de s'informer sur la propreté des toilettes. Le vol de Mulhouse à Grenoble a, par exemple, été un calvaire pour les T-Mobile, du fait d'une porte déficiente. Une heure et demie de retard sur Armstrong, qui laissait déjà présager du pire.
De la bouche d'un ami bien placé, j'apprends ce soir que le sandwich au thon acheté par Ullrich au distributeur de la gare d'Agde est resté coincé au niveau de la trappe de saisie. Outre que ses coéquipiers ont du l'attendre trois quarts d'heure, le champion allemand s'est esquinté le dos de la main en tentant de se faire justice lui-même.
Une telle déveine est dure à admettre, surtout lorsqu'on apprend qu'au même moment, le maillot jaune, sans rien faire, a récupéré deux euros de monnaie dans une machine identique. Décidément, la course n'aura pas gâté Jan.
Tous ces aléas nous font oublier que le Sextuple s'apprête à donner ses toutes dernières représentations. L'émotion gagne. Il achève sa tournée d'adieux sous les pancartes "Armstrong, dégage!", les calicots "Sept ans, ça suffit!" d'anciens militants Jospinistes, et les sifflets d'un public ingrat qui, à l'opéra, préfèrent cent fois un bon Le Mans-Sedan bien accroché.
Dans ces conditions, a-t-il encore en tête de plaire, comme on l'avait annoncé tendrement ? Va-t-il nous gratifier d'un récital-surprise ? D'un rappel ? D'une reprise du grand Led Zep, coiffé d'une perruque fantaisie, dans la montée d'Ax-3 Domaines ?
Espérons-le, car pour la petite fête d'anniversaire, un temps envisagée par ses rivaux, il semble qu'on puisse mettre une croix dessus, personne ne s'étant finalement décidé à faire le gâteau.
Mon petit âne est épuisé. Lui et moi partageons désormais la même odeur.
Comme je pose pied à terre sur le chemin rocailleux de la chambre d'hôte où m'attend un couple éleveur d'huskies, Corinne et Jean-Louis, les moucherons m'escortent plus sûrement qu'Armstrong, les Discovery.
La chaleur monte encore ce week-end, et les têtes pourraient tourner, la déraison s'inviter parmi ces hommes qui n'ont plus rien à perdre, et n'ont plus fait l'amour depuis trois semaines.
Pascal D'Huez, envoyé spécial. Digne-les-Bains.
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