HINCAPIE VERT, CAVENDISH MARRON
18.7.09
Ah putain ! Ce Tour est vraiment intenable ! Combien de temps allons-nous encore mariner dans l’antichambre du plaisir, avec notre savonnette et notre linge de bain ? « Demain, demain », répète Christian Prudent, en déglutissant. On aimerait le croire, car on est toute une bande à transpirer devant la porte et que ça commence à sentir le fauve dans les séjours ombragés où passent en boucle la moto de Jalabert et les commentaires embarrasés par tant d’ennui.
Ah, on n’est pas prêt de nous refaire le coup du Tour vintage, avec ses étapes en col pelle à tarte ! Le Tour a beau être vintage, les coureurs ne sont plus ceux d’autrefois. Tous, plus ou moins, ont une vie de famille, des actions à la Saxo et de beaux tubes Agritubel au-dessus de la cheminée. On comprend que ça fasse réfléchir. La légèreté, là comme ailleurs, a quitté le monde civilisé.
Ce samedi, quatorzième jour de course, le Russe Serguei Ivanov l’a emporté en solitaire à Besançon, dans le style western du pur baroudeur des hautes plaines à la veste en daim, qui lui avait déjà souri lors de l’Amstel, en avril.
Pour obtenir ce succès, le grand blond de la Katusha a du faire preuve de force, mais surtout de discernement, car dans les dix derniers kilomètres, les attaques fusent de partout. Chaque échappé tente alors son bon mot pour séduire damoiselle étape. Il y a chez le finisseur, un sens du timing proche de celui du gagman. Un peu trop tôt, un peu trop tard, et c’est raté. Ca ne sourit pas. A un plus mariole, le bouquet.
La journée a toutefois apporté son lot de comédie. Sur ce point, personne ne viendra disputer l’Oscar à l’équipe Columbia, auteur ce soir d’un quiproquo collectif digne des meilleurs Charlots.
Leur camarade de chambrée George Hincapie s’étant virtuellement emparé du maillot jaune en finissant parmi les premiers, les Columbia n’avaient plus qu’à assurer un tempo de petit vieux à l’avant du peloton, de façon à préserver les cinq minutes et des poussières d’avance du New-Yorkais sur Nocentini. A la rigueur, gêner la poursuite, mais sous aucun prétexte, faire le sprint. Ce qu’ils ont fait, pourtant, en se regardant les uns les autres, l’air éberlué, comme pour chercher le responsable du canular.
Conséquence, voici Hincapie deuxième pour cinq secondes inventées de toutes pièces par ses coéquipiers, alors même que les AG2R avaient perdu tout espoir de poursuivre leur intérim !
Avec un peu d’avance sur les coureurs, me voici arrivé en Suisse, à l’aide du parapente de ma nouvelle amie, Frida, météorologue à Lausanne. L’atterrissage est folklo, car le vent nous cingle et les grêlons nous criblent. Un temps à ne pas mettre un montagnard dehors !
Alors ?
Congère ou glace pilée ?
A vous le choix des armes, messieurs.
Donnez-nous notre comptant de castagne si vous ne voulez pas passer pour des margoulins.
Pascal d’Huez, envoyé spécial.
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