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5.7.11
C'est la lettre du jour, celle qu'il fallait deviner, tracée avec les mains par Tyler Farrar en franchissant la ligne, non pas pour signifier winner, mais pour dédier sa victoire à son copain Wouter Weylandt, mort d'une chute au cours du dernier giro.
La team Garmin-Cervélo continue de moissonner les bouquets, après sa performance du week-end dans le chrono par équipes. L'ambiance est bonne parmi les coureurs au jacquard. La preuve, Thor Hushovd, à la fois champion du monde et maillot jaune, se transforme volontiers en poisson-pilote pour son coéquipier américain. Son emballage est si puissant qu'il finit de désorganiser les HTC, complétement à la ramasse dans le final. A 300 mètres de la ligne, Cavendish se retrouve à l'arrière-plan, et pour ne pas être venu pour rien, parvient à entraîner Samuel Dumoulin dans un spectaculaire soleil, bonheur du public de Redon, trop habitué à la bouillasse.
Romain Feillu, pas mal du tout, échoue à la deuxième place, à cause d'un manque de vigilance qu'il aura sans doute à coeur de corriger la prochaine fois. Attention tout de même. Combien Cavendish a-t-il vendu le baiser des miss cette année ? Probable qu'il ne se sentira pas tous les jours aussi peu concerné par le dénouement.
Le podium de ce lundi offre un joli coup de frais, puisque c'est le champion d'Espagne Rojas qui prend la troisième place. Il endosse aussi le maillot vert, suscitant chez bon nombre de commentateurs le même étonnement admiratif, rapport au fait qu'un espagnol sprinteur, ça ne court pas les rues. Oscar Freire, devant son poste, pourra méditer sur la vanité et l'oubli.
Sinon, du réchauffé.
Une échappée ayant compté jusqu'à huit minutes d'avance, est inexplicablement rejointe à huit bornes de l'arrivée. Les coureurs regardent-ils le film officiel du Tour de France ? Ils devraient. Ça leur épargnerait de répéter toujours les mêmes clichés. A moins que ce ne soit ça qu'on kiffe ? La perpétuation de la tradition.
Parmi les favoris, rien d'intelligible.
Mais attention de ne pas se méprendre. Ce n'est pas sur la forme des jambes et le rythme de pédalage qu'il faut les juger en ce début de tour. A ce jeu, on perd à tous les coups. Ainsi, Ullrich, autrefois, semblait très au-dessus du lot, et Cadel Evans, aujourd'hui, paraît-il, impressionne. Rien de tout ça n'a de sens. Si ces premières journées sont déterminantes, c'est par les dégâts qu'elles occasionnent dans les têtes et le long du système nerveux. L'évitement des ronds-points, les passages répétés dans les zones industrielles lugubres, les magasins Feu Vert et leurs entrepôts en taule caractéristiques des entrées d'agglomérations, constituent un harcèlement féroce. Il faut être psychologiquement béton pour ne pas en ressentir les effets délétères.
Aussi, Alberto Contador, donné pour moribond, me paraît passer très bien ces cols de la désespérance. En est-il de même pour ses adversaires ? Rien n'est moins sûr.
Demain, la vanne en vogue pronostique que « nous irons dans le mur ». Il faut bien entendu lire « Mûr », avec un accent circonflexe, pour l'arrivée à Mûr-de-Bretagne, sorte de Huy armoricain. Ce passage par le Mûr, -choisi pour commémorer le trentième anniversaire de la sortie du disque « The Wall » du Pink Floyd,- s'achève sur ce que la Bretagne peut offrir de plus escarpé. Philippe Gilbert, imbattable depuis mars sur ce genre de final, annonce qu'il a déjà gagné, fataliste.
Le bougre ne sera sûrement pas loin.
A moins que le « Mûr », dans toute son ironie sémantique, ne choisisse de récompenser un jeune coureur immature ?
Entendu.
Cent euros sur Anthony Delaplace, coureur le plus jeune du peloton, - et qui n'était même pas né le fameux dimanche des huit secondes.
Pascal d'Huez.
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