AVALANCHE AU SAINT-BERNARD
21.7.09
Petit et Grand Saint-Bernard avaient aujourd’hui uni leurs roches pour tenter de secouer le classement général. Une jolie étape, courte, dessinée en M, semblait offrir les moyens de purger un peu plus les dix premières places de quelques bizarreries héritées des premières semaines. Car ce n’est pas le tout d’avaler les kilomètres. L’Arc de Triomphe se rapproche. Or, le podium n’est toujours pas construit et tous les leaders sont charrettes.
En vadrouille par l’Italie du Nord et les vallées de la contrebande, on rêvait d’une opération de police orchestrée par le commissaire Riis et ses hommes. Les plus fous d’entre nous allaient jusqu’à s’imaginer Cadel Evans capable d’un numéro. Hélàs pour lui, ce devait être le 46. Sa place à l’arrivée, à près de trois minutes du maillot jaune.
Plus consistants, les frères Schleck ont régalé la foule de leur fameux « étau infernal », spectacle mis au point l’hiver dernier en compagnie du catcheur Killer Kowalski. D’abord, on prend la tête et puis on visse, longtemps, à coups de Voigt et Cancellara. Après quoi, on serre, et –quand tout se passe bien- on laisse sur le carreau. Alléchant sur le papier. Sauf que dans les faits, ça ne marche pas terrible. La faute à leur principal adversaire, Contador, qui se dérobe comme un Barbidule. Insensible aux pressions, il finit toujours par reprendre sa forme, le sourire aux lèvres. Increvable petit personnage de cartoon.
Dans les derniers kilomètres du plus grand des Saint-Bernard, on croit cependant assister à la confirmation d’un changement d’époque, lorsque le vieil Armstrong, perclus d’arthrite et dépassé par l’eurobeat des Schleck, demande à s’asseoir ! A la casse, l’ancêtre ?
Non.
Quinze minutes plus tard, ayant deviné que la peine perdue des deux Saxo à lâcher Contador provoquerait stupeur et ralentissement, Pappy Boyington revient à grandes pédalées millésime 2001-2002 et réintègre le groupe !... Pfff ! Verra-t-on bientôt se former une coalition des générations ? Toujours est-il que la présence du parrain est relou pour toute la bande et que les jeunes soupirent à l’idée de devoir se le coltiner jusqu’à Bourg Saint-Maurice, avec son goût de chiotte et ses blagues de Guy Montagné.
Tandis qu’en compagnie d’une bergère rencontrée dans un club libertin de La Tuile, je cueille dans la vallée les gentianes et renoncules qui constitueront tout à l’heure le bouquet du lauréat, je vois débouler les quatre hommes de tête dans la descente, aussitôt pris en chasse par leur quatre poursuivants. Pour un peu, on croirait assister à une course d’avirons. C’est finalement le brave Astarloza qui coupe la ligne avant tout le monde. On se rend compte alors qu’on n’avait plus sorti depuis longtemps le feutre orange pour colorer la case « vainqueur d’étape ». Depuis un certain Iban Mayo, notre camarade dynamiteur, toujours en détention.
D’ici au grand concert de samedi soir, le parcours, qui sent sa fin proche, ne va pas cesser de se cabrer.
Deux énigmes subsistent :
Le coup de mou qui avait fait perdre le dernier Paris-Nice à Alberto Contador n’était-il que le fait d’une étourderie, ou bien faut-il y voir le symptôme possible d’une faille chez celui qui semble infaillible ? Aurait-il quelquefois le sucre délicat ?
Quant à Bradley Wiggins ?
A-t-il toute sa tête ?
Pascal d’Huez, envoyé spécial.
1 Comments:
cool raoul ! et si tous les chemins menaient au col de rhum ?
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