EX-FAN DES TELEKOM
21.6.07
On s’est trop souvent moqué de Christophe Moreau, et jusque sur ce blog, pour ne pas saluer son épatant retournement de veste de la semaine dernière, sur les routes du Dauphiné. Trahissant tour à tour le calcul mesquin et l’esthétique de la socquette basse, le Belfortain a opéré un ralliement surprise au camp des vainqueurs, dans un style héroïque sans doute inspiré par l’exemple de Bernard Kouchner.
L’atténuation des différences due au renforcement de la lutte contre le dopage explique-t-elle cette soudaine poussée de panache ?
J’avais fini par croire qu’il n’y avait nulle part dans le peloton français un seul nom qui sonne comme celui d’un champion. C’était oublier que Paolo Bettini n’est en fait qu’un Paul Bettin ; Valverde, un Alexis Vauvert, et ne pas se rendre compte qu’il y a chez Christophe Moreau, du Chris Moore.
Festina époque petites aiguilles sur le devant, puis période lo-fi ; embourgeoisement au Crédit Agricole de Roger Legeay, qui l’avait vu passer maître en performances comptables et placements faciles ; baroud AG2R enfin, où libéré par l’âge, et la gloire de la paternité, notre éternel espoir assure enfin.
Maintes fois meilleur Français dans l’indifférence générale, Christophe Moreau est le dernier à avoir partagé l’échappée avec les coureurs de légende des années 90.
Ex-fan des Telekom, petit aigle des cols… Comme tu grimpais bien dans la Couillole… Ex-fan des Telekom, où sont tes années folles ?... Que sont devenues toutes tes idoles ? Disparus Jan Ullrich, Marco Pantani… Lance Armstrong, et Be-loki… Suspendus Botero, Ivan Basso… Déclassés Bjarne Riis, Floyd Landis.
Didier Rous récemment rangé des affaires, Moreau demeure avec Brochard l’un des rares à avoir survécu aux années de fièvre et à avoir continué sous un autre régime. On se rendra compte un jour de la mesure de leur exploit. Suffit pour s’en convaincre de constater le karma exagérément compliqué d’un Vandenbroucke.
Car enfin, rendez-vous compte, la caravane approche et les tournesols inclinent déjà la tête pour ne pas manquer le début d’une course qui s’annonce plus folle encore que celle animée autrefois par Satanas et Diabolo.
Au départ : un Espagnol, de Murcie, sulfureux, attendu à chaque tournant ; son coéquipier, de Galice, en proie à une situation psychologique compliquée, puisqu’il pourrait gagner deux Tours de France en une seule fois ; à leurs trousses, un ancien vainqueur tout juste dégradé, devenu directeur sportif, et animé d’un puissant désir de revanche ; enfin, appelée à dominer les débats, l’incroyable ambassade mobile Astana, dont il faut souhaiter qu’elle ne dispose pas de l’immunité diplomatique.
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