HIP HIP HIP
23.1.07
Dernière étape au Lido, un club huppé de Bondy-nord, où je fêtais ce soir mon retour en quasi-héros, six mois jour pour jour après l’arrivée d’un Tour à rebondissements.
Cueillis avec stupéfaction par la police au moment où ils allaient se coucher, les Echappés du Marteau ont reconnu les faits.
Le désespoir engendré par leur pari perdu, doublé d’une vieille haine à l’encontre d’un grégario zélé, leur avait fait perdre les pédales, si l'on veut bien mettre l’emploi de cette expression sur le compte d’une fatigue toute compréhensible.
A cette heure-ci, après avoir fêté ses retrouvailles avec la communauté par l’absorption mesuré de galettes traditionnelles au froment, le Pasteur Daniels est dans son lit, et l’ordre enfin rétabli. Pardonnant aux coupables, il s’est dit prêt à les recevoir à leur sortie de prison pour une tentative de réconciliation par l’écoute.
Parmi les nombreux amis invités, il fut facile de trouver près de qui m’asseoir, car une seule est venue.
Accourue de Strasbourg, Patouche, qui profitait des derniers jours avant l’entrée en vigueur de la loi anti-tabac pour souffler dans l’espace public d’envoûtantes écharpes de brume, avait fait le choix d’une espèce de long col roulé grenat, moulant et sans manches, qui la faisait transpirer plus qu’à l’accoutumé.
S’avouant un peu bluffée par mon odyssée, elle a reconnu m’avoir découvert un courage porté par endroits aux limites du vraisemblable. « Jamais » disait-elle, mélancolique, elle n’aurait cru la compétition aussi acharnée, ni le monde aussi sombre.
Avant que je n’ai eu le temps de la réconforter, elle m’emmenait sur la piste où Gnarls Barkley entamait opportunément son tube Crazy.
Je voudrais profiter de cet intermède pour remercier ceux et celles qui m’ont soutenu tout au long de ce périple, m’offrant parfois qui un renseignement précieux, qui une banane, qui un silence approbateur.
Par ma modeste contribution à la popularité d’un fait divers dont il y a fort à parier qu’il aurait pu sinon passer inaperçu, j’espère avoir su divertir l’amateur de pignons durant cette période de vaches maigres, et rendu un peu de ses lettres de noblesse au cyclisme, trop souvent mis à mal ces derniers mois par des histoires extravagantes.
Ma caravane étant passée, je défais mes Sidi et rends la main au peloton du Qatar.
Mais avant d’aller prendre ma douche, qu’on me permette encore d’offrir mon bouquet à Kevin Lebon, cet espoir évanoui dans le sas de la gloire, qui cependant connaît à jamais l’extase de celui qui, parti pour une virée, n’est jamais rentré, s’évitant le vent de face et les remontées sournoises de l’acide lactique.
Entre ici, Kevin, veinard qui accèdes au mythe à vélo !
Puisse ton mystère éternel susciter des vocations parmi les petits enfants épris d’aventures !
N’ayant pas souhaité rentrer les mains vides, j’ai prévu pour Patouche, une attention spéciale :
Un pendentif taillé dans un cartilage. Comme escompté, il tombe à merveille sur son plexus, pour le moins solaire, et lui donne un air de guerrière amazone.
Ravie, elle se perd en hypothèses quant à l’espèce de l’animal sacrifié au profit de sa beauté.
Tandis que le d.j amorce à ma demande la ronde des slows, j’enlace Patouche, me gardant bien de lui révéler l’origine de ce fragment de hanche dégotté à prix d’or sur E-Bay sous la dénomination « Landis Hip ».
Surfant sur la vague, je l’invitai à nous rendre à l’hôtel, blagueur, lui proposant de l’honorer d’une transfusion afin qu’elle se fasse une idée des sentiments que je nourris pour elle.
C’est là, sur le lit double où elle pose à l’instant sa robe, que je viens de recevoir un SMS de Thor Hushovd, en réponse au mien, envoyé le premier. S’excusant pour son retard, il me souhaite néanmoins la bonne année.
Pascal D’Huez, envoyé spécial.
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