SPORT-ÉTUDES
11.1.07
A l’issue d’une journée de récupération méritée, je restai jusque tard cette nuit à faire un sort au colis-repas envoyé par la direction de Sport&Erotism. Se savoir soutenu par ma maison-mère en ce début de saison difficile, est un luxe au moins aussi appréciable que le magistral bloc de foie gras Périgord, hélàs reçu sans ouvre-boîte, avec lequel je viens de me blesser la main. Merci quand même à tous !
A la rentrée 1999, s’étant laissée convaincre par le Vélo-Club Rhénan auquel appartenait Kevin que son fils avait un potentiel hors-normes, Anne-Marie Lebon l'avait envoyé à Dax, ville-thermale à la réputation rassurante.
Cette année-là, le fabuleux triomphe de Lance Armstrong avait suscité des vocations, et ils étaient près de 80 –un record- venus de toute la France, à tenter l’apprentissage de l’ingrat métier de coureur.
Je passai ensuite divers départements. Des chaussures de sport attendaient leur propriétaire à la sortie des salles de classe, pendues aux porte-manteaux. Sur un plan d’évacuation, je crus reconnaître un anneau, que je pris pour une piste.
A l’écart de l’établissement, ils étaient là trois jeunes au physique frêle et boutonneux, à se tenir compagnie, discutant assis sur leurs machines au bord d’une piste en béton où de la mousse émergeait par endroits.
Livrés à eux-mêmes, ils se chronométraient mutuellement en faisant la gueule. Leur entraîneur, un certain Jean Robert, devant souvent s’occuper de comptabilité, ils avaient pris l’habitude de travailler seuls, ce qui leur permettait –je cite- « de prendre des bonnes pauses et de s’en griller une ».
Ce formateur émérite occupait un bureau rempli de trophées, accumulés depuis vingt ans. A travers la vitre, je reconnus Kevin sur les photos encadrées au mur, encore adolescent, levant les bras sous diverses banderoles d’arrivée, avec les prémices de ce sourire solaire qui plairait bientôt tant à Salomé.
Trop occupé pour me recevoir, Jean Robert avait chargé une stagiaire de me faire patienter, pensant sans doute me décourager. C’est mal me connaître. Six heures et demi plus tard, j’étais encore là.
Jean Robert, par contre, était parti.
Plongé dans de vieux Vélo Mag de 1999 qui signalaient les premières victoires de Kevin chez les minimes, j’avais du m’assoupir, et je l’avais laissé filer.
Il ne souhaitait pas évoquer l’affaire. « De toutes façons », prétendait-il, « je connaissais peu Lebon ». Un garçon simple et doué, mais dont les qualités mentales s’étaient révélées insuffisantes à son entrée chez les juniors.
Selon son ancien professeur, que je retenais par un pan de la veste Adidas, Kevin avait pris peur en ratant son bac. Comme bon nombre de jeunes se croyant appelés à un destin exceptionnel, il avait du revoir ses ambitions à la baisse, et de retour en Alsace, avait eu la sagesse de passer un CAP de serveur, plus conforme à ses capacités.
Quant à ce qui était arrivé à Kevin, Jean Robert en était navré, sans pouvoir toutefois s’empêcher de penser qu’un coureur plus rapide s’en serait tiré.
T’en es où ? Moi ici ça rame un peu.
1- Le Pasteur a raconté n’importe quoi à la police.
2- La mère de Kevin : introuvable !... Répond même pas au téléphone.
Bonne nouvelle quand même : j’ai retrouvé le bar où Kevin bossait. C’est un bowling du côté allemand. J’y vais demain.
Pascal D’Huez, envoyé spécial depuis Dax.
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