CAVENDISH MOUCHE LA GRANDE FRÉHEL
7.7.11
Depuis l'hôtel Les Acacias, à Grenoble, je regarde le Tour de France se rendre au Cap Fréhel.
Les coureurs se plaignent des conditions de course, mais je ne suis guère mieux loti. En l'absence de prises électriques côté tête de lit, j'ai du déplacer le pieu vers la fenêtre. Du coup, je ne suis plus du tout en face de l'écran plat du téléviseur. L'arrivée approche, tandis que je penche la tête, à deux doigts du précipice.
Stressant.
C'est le mot du jour.
Les coureurs se sont passé le terme d'interview en interview.
La chute d'un coureur est le résultat d'une péripétie dont on ne connaît jamais bien les détails, mais qui souvent trouve sa cause dans un instant d'égarement prolongé, une attention exagérée pour une bêtise, ou bien un truc aperçu sur la route. On défile à toute allure, on repositionne son oreillette, on cherche les copains... et en une fraction de seconde, l'équilibre s'est lassé de vous, et l'on abandonne le Tour sans un adieu.
Ainsi, aujourd'hui, Chavanel, Boonen, Steegmans, Gesink, Popovych, y sont tous allés de leur contusion. Quant à Brajkovic, l'espoir de la Radioshark, c'est par la clavicule qu'il s'en est allé.
La blessure préférée du cycliste mériterait qu'on lui consacre un jour un article. La clavicule, ou le point faible de l'homme à vélo. Son joint de culasse.
Sur la route du Cap Fréhel, le long de la côte d'émeraude escarpée, où le vent, plutôt docile, souffle de sud-ouest, Thomas Voeckler, le ventrachou supersonique, se dépouille en compagnie du super-combatif Jérémy Roy, 50 secondes devant les hordes BMC, Leopard et Garmin.
A l'arrière, une moto tombe sur Nicki Sörensen, et Contador, décidément dans l'adversité, tombe sur le coude.
Les deux hommes de tête, boostés par le passage du peloton à Yffiniac, patrie de Bernard Hinault, et épris de romantisme, tentent de fonder une religion basée sur l'entraide, le temps de gagner l'étape. Hélas, ils se mettent à chipoter sur la question du repos éternel, et voient leur avance décliner sûrement.
A deux kilomètres de l'arrivée, Voeckler abandonne son partenaire, et joue son va-tout par un sentier dangereux et pas tellement sécurisé. Cavalant huit secondes devant le peloton en furie, il semble un client Cofidis fuyant ses créanciers. Tout ça n'augure rien de bon.
Tony Martin, puis le Boa Sonhagen, prennent la tête de la course, à travers un essaim de cormorans moqueurs. On pense alors -car on est connaisseur- que Thor Hushovd va trouver dans ce profil tortueux les conditions d'une nouvelle victoire.
Mais Prudhomme a bien fait les choses. Rien ne se passe comme on l'attend. Gilbert, pressenti hier, et finalement trop court dans le Mûr, s'avance aux cent mètres avec l'autorité d'un coupeur de file. « Comme au Mont des Alouettes », pense-t-il sans doute, alors que Romain Feillu, valeureux, s'est encore laissé enfermer dans les cabinets portatifs de Roaquin Rojas (3ème).
C'est le moment choisi par le vent pour souffler. Une toux profonde partie de la mer d'Irlande et dont je peux sentir les effets sur mes joues jusque dans le Dauphiné, propulse Cavendish un boyau devant le champion de Belgique.
Le Man'man, -qu'on disait fichu, foutu, après sa brève désillusion de Redon- remporte sa seizième étape dans le Tour, debout face à la mer, en haut du granit, ce qui le rapproche inexorablement d'André Leducq.
Demain, jour sans, concédé à l'ennui, avec bidons d'eau chaude et portion de babybel fondue dans la musette. Arrivée à Lisieux prévu avant 18h, puis soirée débat à la MJC sur le thème du rêveur au théâtre.
On s'attachera notamment à régler la question du désir, et l'on tranchera une bonne fois pour toute s'il vaut mieux entretenir un rêve irréalisable ou assurer une place au général.
Pascal d'Huez.
Les coureurs se plaignent des conditions de course, mais je ne suis guère mieux loti. En l'absence de prises électriques côté tête de lit, j'ai du déplacer le pieu vers la fenêtre. Du coup, je ne suis plus du tout en face de l'écran plat du téléviseur. L'arrivée approche, tandis que je penche la tête, à deux doigts du précipice.
Stressant.
C'est le mot du jour.
Les coureurs se sont passé le terme d'interview en interview.
La chute d'un coureur est le résultat d'une péripétie dont on ne connaît jamais bien les détails, mais qui souvent trouve sa cause dans un instant d'égarement prolongé, une attention exagérée pour une bêtise, ou bien un truc aperçu sur la route. On défile à toute allure, on repositionne son oreillette, on cherche les copains... et en une fraction de seconde, l'équilibre s'est lassé de vous, et l'on abandonne le Tour sans un adieu.
Ainsi, aujourd'hui, Chavanel, Boonen, Steegmans, Gesink, Popovych, y sont tous allés de leur contusion. Quant à Brajkovic, l'espoir de la Radioshark, c'est par la clavicule qu'il s'en est allé.
La blessure préférée du cycliste mériterait qu'on lui consacre un jour un article. La clavicule, ou le point faible de l'homme à vélo. Son joint de culasse.
Sur la route du Cap Fréhel, le long de la côte d'émeraude escarpée, où le vent, plutôt docile, souffle de sud-ouest, Thomas Voeckler, le ventrachou supersonique, se dépouille en compagnie du super-combatif Jérémy Roy, 50 secondes devant les hordes BMC, Leopard et Garmin.
A l'arrière, une moto tombe sur Nicki Sörensen, et Contador, décidément dans l'adversité, tombe sur le coude.
Les deux hommes de tête, boostés par le passage du peloton à Yffiniac, patrie de Bernard Hinault, et épris de romantisme, tentent de fonder une religion basée sur l'entraide, le temps de gagner l'étape. Hélas, ils se mettent à chipoter sur la question du repos éternel, et voient leur avance décliner sûrement.
A deux kilomètres de l'arrivée, Voeckler abandonne son partenaire, et joue son va-tout par un sentier dangereux et pas tellement sécurisé. Cavalant huit secondes devant le peloton en furie, il semble un client Cofidis fuyant ses créanciers. Tout ça n'augure rien de bon.
Tony Martin, puis le Boa Sonhagen, prennent la tête de la course, à travers un essaim de cormorans moqueurs. On pense alors -car on est connaisseur- que Thor Hushovd va trouver dans ce profil tortueux les conditions d'une nouvelle victoire.
Mais Prudhomme a bien fait les choses. Rien ne se passe comme on l'attend. Gilbert, pressenti hier, et finalement trop court dans le Mûr, s'avance aux cent mètres avec l'autorité d'un coupeur de file. « Comme au Mont des Alouettes », pense-t-il sans doute, alors que Romain Feillu, valeureux, s'est encore laissé enfermer dans les cabinets portatifs de Roaquin Rojas (3ème).
C'est le moment choisi par le vent pour souffler. Une toux profonde partie de la mer d'Irlande et dont je peux sentir les effets sur mes joues jusque dans le Dauphiné, propulse Cavendish un boyau devant le champion de Belgique.
Le Man'man, -qu'on disait fichu, foutu, après sa brève désillusion de Redon- remporte sa seizième étape dans le Tour, debout face à la mer, en haut du granit, ce qui le rapproche inexorablement d'André Leducq.
Demain, jour sans, concédé à l'ennui, avec bidons d'eau chaude et portion de babybel fondue dans la musette. Arrivée à Lisieux prévu avant 18h, puis soirée débat à la MJC sur le thème du rêveur au théâtre.
On s'attachera notamment à régler la question du désir, et l'on tranchera une bonne fois pour toute s'il vaut mieux entretenir un rêve irréalisable ou assurer une place au général.
Pascal d'Huez.
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