CADEL GAGNE, AMY ABANDONNE
24.7.11
Le grand jury de ce 98ème Tour de France, - jury composé, cette année, d'un chronomètre, d'une voiture France Télévisions, et de la Ville de Grenoble – a rendu son verdict.
Et pour la première fois, c'est l'hémisphère sud qui l'emporte, par le biais de Cadel Evans, conformément aux pronostics que je me risquais à livrer dès le quatrième jour de l'épreuve.
Spécialiste de l'effort solo, Cadel a su faire respecter la logique, souvent mise à mal au cours de cette édition, et sur le dos de laquelle on bruissait qu'après trois semaines de course, lessivée, elle ne serait pas de la fête ce samedi.
Tandis qu'on espérait une dernière bouffée de chaleur, qu'on supputait le nombre infime de secondes qui allaient séparer Cadel et Andy au départ de Créteil, les deux finalistes ont considéré que ça suffisait comme ça, les émotions, et se sont départagés sans la moindre ambiguïté.

Fort au test d'effort, l'Australien aux yeux d'alligator, a dominé le Léopard de la tête et des épaules.
A peine quitté la ville, et voilà que quinze des cinquante-sept secondes du trésor des Schleck ont déjà changé de coffre. On voit le yellow jersey s'effilocher à l'oeil nu. Au tiers du parcours, Andy n'a plus sur le dos qu'un petit débardeur.
A l'écran, la différence de style est criante.
D'un côté, un athlète compact et déterminé, tout en maîtrise, de l'autre, un adolescent dégingandé, qui se tient comme il peut, la tête et les jambes jamais complétement focalisés sur le même objectif.
Terriblement talentueux, Andy pâtit d'un dilettantisme rédhibitoire à ce niveau. Quelque chose lui fait gravement défaut, du côté de la volonté. Notre diagnostic pointe même vers le cas psychologique, lorsqu'on apprend, effaré, qu'il n'est jamais allé reconnaître le parcours de ce contre-la-montre avant ce matin, alors que tout portait à croire, depuis la révélation du tracé, qu'il serait déterminant.
Ce travers, qui attache au moins autant qu'il irrite, le condamne chaque été, alors même qu'il est certainement le coureur le plus doué du peloton. S'en lassera-t-il ?
Hélas, sa réaction, ce soir, ne pousse pas à l'optimisme. Loin d'être rouge de colère, il s'estime satisfait de sa seconde place et prétend même réaliser un rêve en montant sur le podium avec son frère.
Tout bien réfléchi, c'est quand même pas mal ce qu'il réussit à faire, sans le moindre orgueil.
Au pointage intermédiaire de Saint-Martin-d'Uriage, Cadel Evans prend un avantage définitif sur Petit Lux. Son jour sans, attendu par toute la profession, n'arrivera jamais. Le résident suisse rentre sur Grenoble plus vite encore qu'il n'en est parti, ne mollissant qu'à peine, sur le final, le temps nécessaire pour concéder à Tony Martin la victoire d'étape.
Contre toute attente, les héros de la dernière semaine font bonne figure. A l'exception des Schleck (pourtant loin d'être ridicules sur ce chrono), tout le monde parvient à sauver, qui sa place, qui son maillot. Pierre Rolling s'arrache pour bouffer le Tarama rouge; Vie Claire, romantique incorrigible, sauve sa quatrième place; Jean-Christophe Perroquet s'incruste dans la magnificent dizaine, et Alberto Contender intègre le cinq majeur.
Ainsi, tout le Tour sera bientôt bu.
Crococadel, l'homme au cuir épais, le dur au mal, fournit un beau vainqueur à ce Tour 2011, qu'on suspecte, sur la foi d'une poignée d'exploits nationaux, d'avoir été couru à l'eau du robinet. Avec sa belle paire de reins naturels, le champion aussie incarne à point nommé l'énième renouveau du cyclisme, se partageant avec Tommy Boy la promotion de différentes valeurs positives telles que le goût de l'effort, le travail bien fait, le sens du sacrifice, ou l'amour de la vertu.
Tous intitulés à vous écoeurer de faire du vélo.
Toutefois, en dépit des étiquettes craignos qu'on veut à tout prix lui coller, Cadel Evans, dans son style inspiré du catenaccio, n'a pas à rougir de son triomphe, ni même de sa méthode.
Habile dans la première semaine, intelligent dans les Pyrénées, sûr de ses comptes jusqu'au dernier jour, il a eu le grand mérite de prendre son destin en mains chaque fois que la course risquait de lui échapper.
Moins beau que Frank, moins fringant qu'Andy, il parvient à séduire par la parfaite connaissance de ses atouts, comme de ses faiblesses. Il est ce discret qui s'abrite derrière les plaisanteries des autres, mais qui, terriblement endurant, garde sa position et finit par raccompagner les filles jusqu'à leur chambre à coucher.
Cadel en jaune ou Le triomphe de la cohérence.
Demain, dernier jour d'école. Ce sera le temps du Champomy et des chocoletti fourrés dans les cuissards par les équipiers rigolards. Visite à l'Arc de Triomphe, extinction de la flamme du soldat inconnu par le souffle des HTC, puis pince-fesses élyséen en compagnie de nos meilleurs soldats.
Pascal d'Huez
Et pour la première fois, c'est l'hémisphère sud qui l'emporte, par le biais de Cadel Evans, conformément aux pronostics que je me risquais à livrer dès le quatrième jour de l'épreuve.
Spécialiste de l'effort solo, Cadel a su faire respecter la logique, souvent mise à mal au cours de cette édition, et sur le dos de laquelle on bruissait qu'après trois semaines de course, lessivée, elle ne serait pas de la fête ce samedi.
Tandis qu'on espérait une dernière bouffée de chaleur, qu'on supputait le nombre infime de secondes qui allaient séparer Cadel et Andy au départ de Créteil, les deux finalistes ont considéré que ça suffisait comme ça, les émotions, et se sont départagés sans la moindre ambiguïté.

Fort au test d'effort, l'Australien aux yeux d'alligator, a dominé le Léopard de la tête et des épaules.
A peine quitté la ville, et voilà que quinze des cinquante-sept secondes du trésor des Schleck ont déjà changé de coffre. On voit le yellow jersey s'effilocher à l'oeil nu. Au tiers du parcours, Andy n'a plus sur le dos qu'un petit débardeur.
A l'écran, la différence de style est criante.
D'un côté, un athlète compact et déterminé, tout en maîtrise, de l'autre, un adolescent dégingandé, qui se tient comme il peut, la tête et les jambes jamais complétement focalisés sur le même objectif.
Terriblement talentueux, Andy pâtit d'un dilettantisme rédhibitoire à ce niveau. Quelque chose lui fait gravement défaut, du côté de la volonté. Notre diagnostic pointe même vers le cas psychologique, lorsqu'on apprend, effaré, qu'il n'est jamais allé reconnaître le parcours de ce contre-la-montre avant ce matin, alors que tout portait à croire, depuis la révélation du tracé, qu'il serait déterminant.
Ce travers, qui attache au moins autant qu'il irrite, le condamne chaque été, alors même qu'il est certainement le coureur le plus doué du peloton. S'en lassera-t-il ?
Hélas, sa réaction, ce soir, ne pousse pas à l'optimisme. Loin d'être rouge de colère, il s'estime satisfait de sa seconde place et prétend même réaliser un rêve en montant sur le podium avec son frère.
Tout bien réfléchi, c'est quand même pas mal ce qu'il réussit à faire, sans le moindre orgueil.
Au pointage intermédiaire de Saint-Martin-d'Uriage, Cadel Evans prend un avantage définitif sur Petit Lux. Son jour sans, attendu par toute la profession, n'arrivera jamais. Le résident suisse rentre sur Grenoble plus vite encore qu'il n'en est parti, ne mollissant qu'à peine, sur le final, le temps nécessaire pour concéder à Tony Martin la victoire d'étape.
Contre toute attente, les héros de la dernière semaine font bonne figure. A l'exception des Schleck (pourtant loin d'être ridicules sur ce chrono), tout le monde parvient à sauver, qui sa place, qui son maillot. Pierre Rolling s'arrache pour bouffer le Tarama rouge; Vie Claire, romantique incorrigible, sauve sa quatrième place; Jean-Christophe Perroquet s'incruste dans la magnificent dizaine, et Alberto Contender intègre le cinq majeur.
Ainsi, tout le Tour sera bientôt bu.
Crococadel, l'homme au cuir épais, le dur au mal, fournit un beau vainqueur à ce Tour 2011, qu'on suspecte, sur la foi d'une poignée d'exploits nationaux, d'avoir été couru à l'eau du robinet. Avec sa belle paire de reins naturels, le champion aussie incarne à point nommé l'énième renouveau du cyclisme, se partageant avec Tommy Boy la promotion de différentes valeurs positives telles que le goût de l'effort, le travail bien fait, le sens du sacrifice, ou l'amour de la vertu.
Tous intitulés à vous écoeurer de faire du vélo.
Toutefois, en dépit des étiquettes craignos qu'on veut à tout prix lui coller, Cadel Evans, dans son style inspiré du catenaccio, n'a pas à rougir de son triomphe, ni même de sa méthode.
Habile dans la première semaine, intelligent dans les Pyrénées, sûr de ses comptes jusqu'au dernier jour, il a eu le grand mérite de prendre son destin en mains chaque fois que la course risquait de lui échapper.
Moins beau que Frank, moins fringant qu'Andy, il parvient à séduire par la parfaite connaissance de ses atouts, comme de ses faiblesses. Il est ce discret qui s'abrite derrière les plaisanteries des autres, mais qui, terriblement endurant, garde sa position et finit par raccompagner les filles jusqu'à leur chambre à coucher.
Cadel en jaune ou Le triomphe de la cohérence.
Demain, dernier jour d'école. Ce sera le temps du Champomy et des chocoletti fourrés dans les cuissards par les équipiers rigolards. Visite à l'Arc de Triomphe, extinction de la flamme du soldat inconnu par le souffle des HTC, puis pince-fesses élyséen en compagnie de nos meilleurs soldats.
Pascal d'Huez
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