RÈGNE, PUISSANCE & BAIN GLACÉ
16.7.11
Un maillot arc-en-ciel qui remporte une étape de semi-montagne en solitaire, voilà un ravissement esthétique rare.
Sans vouloir verser dans l'excessif, qui sait si la fantastique apparition de Thor Hushovd, en gloire sur la grande avenue de Lourdes, ne va pas susciter un culte, pour les siècles
des siècles ?
Le champion du monde ne s'est vraiment pas payé la tête du spectateur, ce vendredi 15, forgeant son triomphe dans une cavalcade épique, vintage style, parti du bas de l'Aubisque.
A l'origine de l'échappée, puis lâché par Roy, puis Moncoutié, Hushovd martyrise sa nature, et parvient à hisser l'immense échafaudage qui lui sert de corps jusqu'au sommet. De là, il le bascule dans la vallée, dans un éboulis lancé à cent à l'heure.
Une fois le Cofidis rattrapé dans la descente du Soulor, commence alors une poursuite somptueuse. Hushovd est la balle en titane, Jérémy Roy, le pigeon d'argile. Et pour la première fois, dans toute l'histoire du combat séculaire balle/pigeon (où les statistiques penchent nettement en faveur de la première), l'oiseau semble avoir ses chances.
Le saviez-vous ? Jérémy Roy est un adepte de la cryothérapie, une méthode révolutionnaire de récupération qui consiste à baigner son coureur dans l'azote liquide, jusqu'à moins 170 degrés. Si, par un mystérieux phénomène physique, on ne gèle pas complétement, c'est tout de même bien rafraîchissant, paraît-il. Chaque soir, en deux minutes de ce traitement, les muscles se regénèrent, l'acidité s'évanouit, les veinules apparues sous la peau pendant l'effort se résorbent, bref, les jambes sont à nouveau prêtes pour aller faire les marioles sur la piste du Tahiti Club.
S'il avait pu disposer de cette machine infernale, Poulidor aurait gagné le Tour, c'est certain.
Cela dit, ce n'est pas la panacée, quand bien même Jérémy Roy éclabousse de santé tous les jours depuis le départ de Vendée, et que Thor, de Norvège, est probablement tombé dans le bain glacé quand il était petit.
A 15 kms du terme, Roy roule en serrant bien fort contre sa poitrine son magot de trente secondes, maintenu dans un pauvre sac en raphia qui s'effiloche. Les centièmes d'instant se barrent au vent, tombent sur la route en produisant d'angoissants tic tac. Les spectateurs se jettent pour les ramasser, mais... qu'en faire ?
Moncoutié, en plus de la résistance de l'air, affronte un dilemme tactique insoluble. Collaborer avec Hushovd pour se faire inévitablement régler au sprint à l'arrivée, ou bien ne plus donner un coup de pédale, au risque de laisser gagner Jérémy ? Le placide David choisira de faire un peu des deux, attitude qui le voue ce matin dans la presse à passer pour un traître à la patrie, responsable de la défaite du Française. Il n'y a pourtant pas de quoi fouetter un chat. La course est la course. Qui plus est, voilà bien longtemps qu'elle ne se dispute plus par équipes nationales.
Faisant fi de tout questionnement, Thor abandonne Moncoutié et s'en va rejoindre en trois coups de pédale l'infortuné Jérém, lequel, à seulement deux kilomètres de l'arrivée, voit partir en fumée, bouquet, baisers, Porsche, et maison d'architecte, que sa victoire aurait pu lui permettre de se payer.
Jolie consolation, Roy endosse le maillot à pois et se fait connaître du grand public. Dès aujourd'hui, des milliers de banderoles à son attention fleuriront au bord des routes, proposant chacune un calembour -souvent le même- autour de son patronyme. Tout bien réfléchi, le plus dur commence.
Deux semaines après le départ du Gois, après nombreuses plaies, bosses, et quelques escarmouches, nous attendons du Plateau de Beille qu'il nous emmène dans une dimension supérieure.
Les favoris se découvriront-ils aujourd'hui de leur k-way de frousse ? Ou bien Tommy Boy pourra-t-il dormir une nuit supplémentaire dans son maillot couleur plage ?
Le palmarès du massif ariègeois que les coureurs s'apprêtent à gravir (16kms à 8%) pousse au respect. Pantani, la toute première fois, puis Armstrong à deux reprises, et enfin Contador, se sont imposés ici avant de se la péter quelques jours plus tard, jaune poussin, sur les Champs-Elysées.
On veut espérer que la connaissance de l'histoire, -sinon la superstition- influencera les candidats à la victoire suprême à pencher du côté de l'action, plutôt qu'à risquer l'attentisme.
Malheureusement, le fameux panache cité à tous bouts de champs par les anciens, paraît une invention folklorique, une sorte de dahut, aux yeux du champion moderne, souvent contraint par la domination du chiffre, à ne croire qu'en ce qu'il voit.
Pascal d'Huez
Sans vouloir verser dans l'excessif, qui sait si la fantastique apparition de Thor Hushovd, en gloire sur la grande avenue de Lourdes, ne va pas susciter un culte, pour les siècles
des siècles ?
Le champion du monde ne s'est vraiment pas payé la tête du spectateur, ce vendredi 15, forgeant son triomphe dans une cavalcade épique, vintage style, parti du bas de l'Aubisque.
A l'origine de l'échappée, puis lâché par Roy, puis Moncoutié, Hushovd martyrise sa nature, et parvient à hisser l'immense échafaudage qui lui sert de corps jusqu'au sommet. De là, il le bascule dans la vallée, dans un éboulis lancé à cent à l'heure.
Une fois le Cofidis rattrapé dans la descente du Soulor, commence alors une poursuite somptueuse. Hushovd est la balle en titane, Jérémy Roy, le pigeon d'argile. Et pour la première fois, dans toute l'histoire du combat séculaire balle/pigeon (où les statistiques penchent nettement en faveur de la première), l'oiseau semble avoir ses chances.
Le saviez-vous ? Jérémy Roy est un adepte de la cryothérapie, une méthode révolutionnaire de récupération qui consiste à baigner son coureur dans l'azote liquide, jusqu'à moins 170 degrés. Si, par un mystérieux phénomène physique, on ne gèle pas complétement, c'est tout de même bien rafraîchissant, paraît-il. Chaque soir, en deux minutes de ce traitement, les muscles se regénèrent, l'acidité s'évanouit, les veinules apparues sous la peau pendant l'effort se résorbent, bref, les jambes sont à nouveau prêtes pour aller faire les marioles sur la piste du Tahiti Club.
S'il avait pu disposer de cette machine infernale, Poulidor aurait gagné le Tour, c'est certain.
Cela dit, ce n'est pas la panacée, quand bien même Jérémy Roy éclabousse de santé tous les jours depuis le départ de Vendée, et que Thor, de Norvège, est probablement tombé dans le bain glacé quand il était petit.
A 15 kms du terme, Roy roule en serrant bien fort contre sa poitrine son magot de trente secondes, maintenu dans un pauvre sac en raphia qui s'effiloche. Les centièmes d'instant se barrent au vent, tombent sur la route en produisant d'angoissants tic tac. Les spectateurs se jettent pour les ramasser, mais... qu'en faire ?
Moncoutié, en plus de la résistance de l'air, affronte un dilemme tactique insoluble. Collaborer avec Hushovd pour se faire inévitablement régler au sprint à l'arrivée, ou bien ne plus donner un coup de pédale, au risque de laisser gagner Jérémy ? Le placide David choisira de faire un peu des deux, attitude qui le voue ce matin dans la presse à passer pour un traître à la patrie, responsable de la défaite du Française. Il n'y a pourtant pas de quoi fouetter un chat. La course est la course. Qui plus est, voilà bien longtemps qu'elle ne se dispute plus par équipes nationales.
Faisant fi de tout questionnement, Thor abandonne Moncoutié et s'en va rejoindre en trois coups de pédale l'infortuné Jérém, lequel, à seulement deux kilomètres de l'arrivée, voit partir en fumée, bouquet, baisers, Porsche, et maison d'architecte, que sa victoire aurait pu lui permettre de se payer.
Jolie consolation, Roy endosse le maillot à pois et se fait connaître du grand public. Dès aujourd'hui, des milliers de banderoles à son attention fleuriront au bord des routes, proposant chacune un calembour -souvent le même- autour de son patronyme. Tout bien réfléchi, le plus dur commence.
Deux semaines après le départ du Gois, après nombreuses plaies, bosses, et quelques escarmouches, nous attendons du Plateau de Beille qu'il nous emmène dans une dimension supérieure.
Les favoris se découvriront-ils aujourd'hui de leur k-way de frousse ? Ou bien Tommy Boy pourra-t-il dormir une nuit supplémentaire dans son maillot couleur plage ?
Le palmarès du massif ariègeois que les coureurs s'apprêtent à gravir (16kms à 8%) pousse au respect. Pantani, la toute première fois, puis Armstrong à deux reprises, et enfin Contador, se sont imposés ici avant de se la péter quelques jours plus tard, jaune poussin, sur les Champs-Elysées.
On veut espérer que la connaissance de l'histoire, -sinon la superstition- influencera les candidats à la victoire suprême à pencher du côté de l'action, plutôt qu'à risquer l'attentisme.
Malheureusement, le fameux panache cité à tous bouts de champs par les anciens, paraît une invention folklorique, une sorte de dahut, aux yeux du champion moderne, souvent contraint par la domination du chiffre, à ne croire qu'en ce qu'il voit.
Pascal d'Huez
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