L'ÉTAPE, JE M'EN TAPE
13.7.11
Lendemain de jour de repos.
Beaucoup s'y sont cassé les dents. Chiappucci, notamment, n'aimait pas ça. Contador s'y est fait piéger, l'été dernier, par un boucher aux mains sales. Question d'horloge interne, de métabolisme parfois.
Aujourd'hui, -autant vous dire toute la vérité, puisque je me suis engagé à ne plus vous raconter d'histoires- je n'ai même pas regardé l'étape.
Cantonné à Montreuil (93) pour y faire un peu de Final Cut, j'ai jeté un oeil sur léquipe.fr à 15h, puis la fois suivante, à 17h. Bah, c'est ça, les connaisseurs de vélo, pas vrai ? Pas un coup de pédale pour rien. Carmaux, je ne connais pas, mais j'ai des préjugés solides.
Surtout, pour m'émouvoir, il va falloir s'employer, car j'ai encore les yeux tout embués par l'apparition de Johnny Hoogerland sur le podium dimanche soir, quand il s'est présenté pour revêtir le maillot à pois, obtenu tandis qu'un véhicule l'avait, une heure plus tôt, balancé dans un champ d'orties.
Magnifique Hoogerland, tellement endolori que la bise aux miss Carrefour lui était un supplice.
Tous les imbéciles replets, qui parlent des coureurs dopés et se gaussent du cyclisme, se désintègrent devant ta gueule, Johnny.
Il y a, au moment même où je vous parle, des familles qui jouent au scrabble, des couples qui font l'amour en mangeant des chipos, ou bien des beignets. Il y a des filles qui dansent le mambo sur la plage, des types qui vont au crabe, équipés de filets, de pelles, ou de cerceaux.
Il y a le soleil qui se lève, puis qui se couche. La Grande Ourse. D'innombrables phénomènes produits sans le moindre effort.
Ah, Johnny, quelle connerie, le cyclisme !
Mais revenons-en à l'étape du jour, ou du moins, à ce que j'en sais, de la bouche d'un inconnu croisé dans un bar, à Maraîchers.
Postulat de départ : Europcar est en tête du classement par équipes et doit défendre le maillot jaune. Bien fait pour les sponsors frileux qui, pourtant bien intentionnés, avaient fermé leur porte au nez de Jean-René Bernaudeau l'automne dernier, quand dans sa vie il faisait froid.
Une belle bande de joyeux drilles prend de l'avance. Français pour la plupart. On dirait la patrouille de France, qui s'entraîne. Di Gregorio, soit, mais aussi Minard, Arthur Vichot, qui s'était rendu célèbre en devenant la coqueluche du Tour Down Under 2010, Julien El Fares, le benjamin Delaplace, et un Italien, Marcato. Le profil de l'étape, tout en faux rythme et casse-pattes, leur laisse une chance de rallier l'arrivée, à condition de bien s'entendre, et de ne pas trop se prendre la tête sur le sens de tout ça.
Puisque aucune voiture ne vient les disperser, l'échappée va bien, prend de l'avance, file tout droit, plein sud. Après la démonstration Europcar des derniers jours, le scénario était à prévoir. Les équipes françaises moins en vue, tentent de rééquilibrer les forces en présence, vu que le CSA ne fait rien. D'où, Française des Jeux, AG2R, Cofidis, Saur-Sojasun... en route pour montrer le maillot, ce qui n'est déjà pas si mal, et peut, sur un malentendu, ouvrir des perspectives plus larges.
Mais de malentendu, il n'y aura point.
Le sommet de la dernière difficulté de la journée provoque des étincelles à l'avant du peloton.
On se décide à rouler sur les fugitifs, et à trois kilomètres de la ligne, tout le scénario s'effondre, un peu comme si le personnage principal se réveillait, en sueur, bouleversé par un rêve.
Le réel s'appelle Feillu, Hushovd, Rojas, Cavendish, le réel s'appelle Greipel, rival détesté de l'homme de Man.
Le sprinteur allemand, habitué aux courses secondaires, gagne sa première étape sur le Tour de France, au nez et la barbe du Cav, son ancien coéquiper, ce qui n'est pas un mince exploit.
Au général, rien ne change.
Demain, prolongation du suspense avec l'arrivée à Lavaur, dans le Tarn, une petite ville fortifiée connue pour avoir autrefois abrité un foyer d'hérétiques cathares. Un pays de rugby, où il fera bon rester au chaud dans la mêlée.
Pascal d'Huez.
Beaucoup s'y sont cassé les dents. Chiappucci, notamment, n'aimait pas ça. Contador s'y est fait piéger, l'été dernier, par un boucher aux mains sales. Question d'horloge interne, de métabolisme parfois.
Aujourd'hui, -autant vous dire toute la vérité, puisque je me suis engagé à ne plus vous raconter d'histoires- je n'ai même pas regardé l'étape.
Cantonné à Montreuil (93) pour y faire un peu de Final Cut, j'ai jeté un oeil sur léquipe.fr à 15h, puis la fois suivante, à 17h. Bah, c'est ça, les connaisseurs de vélo, pas vrai ? Pas un coup de pédale pour rien. Carmaux, je ne connais pas, mais j'ai des préjugés solides.
Surtout, pour m'émouvoir, il va falloir s'employer, car j'ai encore les yeux tout embués par l'apparition de Johnny Hoogerland sur le podium dimanche soir, quand il s'est présenté pour revêtir le maillot à pois, obtenu tandis qu'un véhicule l'avait, une heure plus tôt, balancé dans un champ d'orties.
Magnifique Hoogerland, tellement endolori que la bise aux miss Carrefour lui était un supplice.
Tous les imbéciles replets, qui parlent des coureurs dopés et se gaussent du cyclisme, se désintègrent devant ta gueule, Johnny.
Il y a, au moment même où je vous parle, des familles qui jouent au scrabble, des couples qui font l'amour en mangeant des chipos, ou bien des beignets. Il y a des filles qui dansent le mambo sur la plage, des types qui vont au crabe, équipés de filets, de pelles, ou de cerceaux.
Il y a le soleil qui se lève, puis qui se couche. La Grande Ourse. D'innombrables phénomènes produits sans le moindre effort.
Ah, Johnny, quelle connerie, le cyclisme !
Mais revenons-en à l'étape du jour, ou du moins, à ce que j'en sais, de la bouche d'un inconnu croisé dans un bar, à Maraîchers.
Postulat de départ : Europcar est en tête du classement par équipes et doit défendre le maillot jaune. Bien fait pour les sponsors frileux qui, pourtant bien intentionnés, avaient fermé leur porte au nez de Jean-René Bernaudeau l'automne dernier, quand dans sa vie il faisait froid.
Une belle bande de joyeux drilles prend de l'avance. Français pour la plupart. On dirait la patrouille de France, qui s'entraîne. Di Gregorio, soit, mais aussi Minard, Arthur Vichot, qui s'était rendu célèbre en devenant la coqueluche du Tour Down Under 2010, Julien El Fares, le benjamin Delaplace, et un Italien, Marcato. Le profil de l'étape, tout en faux rythme et casse-pattes, leur laisse une chance de rallier l'arrivée, à condition de bien s'entendre, et de ne pas trop se prendre la tête sur le sens de tout ça.
Puisque aucune voiture ne vient les disperser, l'échappée va bien, prend de l'avance, file tout droit, plein sud. Après la démonstration Europcar des derniers jours, le scénario était à prévoir. Les équipes françaises moins en vue, tentent de rééquilibrer les forces en présence, vu que le CSA ne fait rien. D'où, Française des Jeux, AG2R, Cofidis, Saur-Sojasun... en route pour montrer le maillot, ce qui n'est déjà pas si mal, et peut, sur un malentendu, ouvrir des perspectives plus larges.
Mais de malentendu, il n'y aura point.
Le sommet de la dernière difficulté de la journée provoque des étincelles à l'avant du peloton.
On se décide à rouler sur les fugitifs, et à trois kilomètres de la ligne, tout le scénario s'effondre, un peu comme si le personnage principal se réveillait, en sueur, bouleversé par un rêve.
Le réel s'appelle Feillu, Hushovd, Rojas, Cavendish, le réel s'appelle Greipel, rival détesté de l'homme de Man.
Le sprinteur allemand, habitué aux courses secondaires, gagne sa première étape sur le Tour de France, au nez et la barbe du Cav, son ancien coéquiper, ce qui n'est pas un mince exploit.
Au général, rien ne change.
Demain, prolongation du suspense avec l'arrivée à Lavaur, dans le Tarn, une petite ville fortifiée connue pour avoir autrefois abrité un foyer d'hérétiques cathares. Un pays de rugby, où il fera bon rester au chaud dans la mêlée.
Pascal d'Huez.
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