UN SEUL CHAMPION SUFFIT À RAMENER LE SOLEIL
20.7.11
Et voilà qu’après bientôt 70 heures de selle, la caravane arrive -ce mardi 19 juillet- dans les Alpes, par une étape supposée casse-pattes, mais sans grand danger sur le papier.
Après la diète infligée par les Pyrénées, on se tient prêt, dans la salle à manger, une fourchette à chaque main et la serviette nouée autour du cou, à déguster un gros morceau de bravoure. Le profil déchiré du parcours semble l’affaire d’un néo-punk, type Jérémy Roy, ou de l'anarcho-grunge Di Gregorio.
Aussi, avec la prudence qui me caractérise, ai-je pris soin de déjeuner –léger- vers 8h30 du matin, dans l’idée d’être rattrapé par une faim de loup pour 17h, climax de la course. Par contre, ne m’attendant nullement à un duel entre favoris, je devais faire le choix de rester en pyjama toute la journée. La suite de ce texte révèlera très prochainement que ce parti pris n’était pas le bon.
Parti piano de la localité de Saint-Paul-Trois-Chatons, le peloton du Tour de France commence par s’étirer, façon matou, pendant cent kilomètres.
Ca ne s’anime vraiment qu’en vue du sprint intermédiaire de Veynes, car –vous ne l’ignorez pas- la lutte pour le maillot vert intéresse encore les cyniques qui n’imaginent pas Mark Cavendish capable de franchir les Alpes. Une échappée de dix hommes se goupille. Et se goupille plutôt bien puisqu’elle accouchera –une fois n’est pas coutume- d’un vainqueur d’étape à Gap, mais motus, puisque à ce stade, personne n’en sait encore rien.
Son ciel, d’habitude si clément, barbouillé par une pluie gris crème et britannique, l’habitant des Hautes-Alpes se dit que les coureurs n’apportent pas le soleil. Tout au plus, apportent-ils le Vacansoleil, en la personne de Marcato, compagnon d'échappée bien discret.
Ignatiev choisit alors de porter une attaque en tête de course.
Malchance, la foudre frappe au même moment du côté de la moto 2, et dans son camion régie, Jean-Maurice Ooghe choisit de se désintéresser du coureur russe pour ne rien rater de la première attaque d’Alberto Contador, au bas de la principale difficulté du jour, le Col de Manse, un respectable deuxième cat.
Aussitôt, on tente l’incruste dans la chenille du bout-en-train espagnol. Voeckler, Evans, les Schleck, tous veulent en être.
Ils parviennent à s’accrocher, mais ça tangue encore pas mal. Un spectateur surprend Basso en train de prier, le front sur son guidon.
Le temps de réaliser ce qui se passe, je passe une cravate, et Contador, suivant la forrmule consacrée, en remet une couche. Les gouttes sautent au visage de ses poursuivants. Dans sa roue, ripolinés de frais, Cadel Evans et Samuel Sanchez s’accrochent. Repoussés à trente secondes, les lose brothers arrêtent les frais et prennent leur mal en patience, montant au train, à la remorque du vaillant Voeckler. Si proche et déjà si loin, les Pyrénées, où l’Albert avait, deux jours durant, abandonné son corps à un petit vieux !
L’intelligence tactique du Pistolero, son sens de la course, Bjarne Riis, font une sacrée différence.
La descente n’étant pas (non plus) le fort d’Andy & Francky, elle permet rapidement au trio d’empiler les secondes sur des Schleck en bois de tek. Cadel Evans, toujours aussi solidement borné, déboule sur le village comme l’avalanche et pénètre Gap avec un braquet de titan, qui lui permet de distancer la doublette spaniarde, nouveaux associés.
Pendant ce temps, à l’avant, profitant d’une éclaircie, l’arc-en-ciel Hushovd enjambe la ligne devant Boasson et Hesjedal, signe sa deuxième victoire d’étape, et prouve que la malédiction du maillot de champion du monde n’est pas une fatalité.
Au bout du compte, la passe d’armes –offerte sur un terrain relativement facile, bien que rendu piégeux par la pluie- voit Evans chiper trois secondes à Contador, Contador en soutirer vingt à Voeckler, et Voeckler en gratter cinquante à Andy, timoré dans la descente, et remorqué vers la ligne par Maxime Monfort.
Beaucoup d’emportement pour rien, analyserez-vous peut-être, au vu des résultats bruts.
Il est pourtant impossible de ne pas sentir qu’un basculement s’est produit sur la route de Gap, un changement dans la couleur du bitume, prémonitoire des rapports de force à venir dans la haute montagne.
Sans vouloir écarter tout à fait les Schleck et Schlecq, dont la situation ce soir au classement général leur autorise encore tous les espoirs, il semble que le destin de ce Tour de France 2011 se jouera dans l’aptitude d’Alberto Contador à semer ou non Cadel Evans à Serre-Chevalier ou dans l’Alpe-d’Huez.
D’après ce que nous savons de Cadelito, on ne voit pas trop par quel miracle, son style en puissance pourrait longtemps s’accommoder de la giclette infernale du triple vainqueur.
A moins que... –comme on le murmure dans les milieux météorologiques autorisés- des intempéries rarement vues en juillet n’entraînent l’annulation pure et simple de la montagne.
Demain, giboulées et traquenards aux abords de la frontière franco-italienne, sur le chemin escarpé de Pinerolo, ville piémontaise et –tiens, tiens...- jumelée à Gap.
Pascal d’Huez
Après la diète infligée par les Pyrénées, on se tient prêt, dans la salle à manger, une fourchette à chaque main et la serviette nouée autour du cou, à déguster un gros morceau de bravoure. Le profil déchiré du parcours semble l’affaire d’un néo-punk, type Jérémy Roy, ou de l'anarcho-grunge Di Gregorio.
Aussi, avec la prudence qui me caractérise, ai-je pris soin de déjeuner –léger- vers 8h30 du matin, dans l’idée d’être rattrapé par une faim de loup pour 17h, climax de la course. Par contre, ne m’attendant nullement à un duel entre favoris, je devais faire le choix de rester en pyjama toute la journée. La suite de ce texte révèlera très prochainement que ce parti pris n’était pas le bon.
Parti piano de la localité de Saint-Paul-Trois-Chatons, le peloton du Tour de France commence par s’étirer, façon matou, pendant cent kilomètres.
Ca ne s’anime vraiment qu’en vue du sprint intermédiaire de Veynes, car –vous ne l’ignorez pas- la lutte pour le maillot vert intéresse encore les cyniques qui n’imaginent pas Mark Cavendish capable de franchir les Alpes. Une échappée de dix hommes se goupille. Et se goupille plutôt bien puisqu’elle accouchera –une fois n’est pas coutume- d’un vainqueur d’étape à Gap, mais motus, puisque à ce stade, personne n’en sait encore rien.
Son ciel, d’habitude si clément, barbouillé par une pluie gris crème et britannique, l’habitant des Hautes-Alpes se dit que les coureurs n’apportent pas le soleil. Tout au plus, apportent-ils le Vacansoleil, en la personne de Marcato, compagnon d'échappée bien discret.
Ignatiev choisit alors de porter une attaque en tête de course.
Malchance, la foudre frappe au même moment du côté de la moto 2, et dans son camion régie, Jean-Maurice Ooghe choisit de se désintéresser du coureur russe pour ne rien rater de la première attaque d’Alberto Contador, au bas de la principale difficulté du jour, le Col de Manse, un respectable deuxième cat.
Aussitôt, on tente l’incruste dans la chenille du bout-en-train espagnol. Voeckler, Evans, les Schleck, tous veulent en être.
Ils parviennent à s’accrocher, mais ça tangue encore pas mal. Un spectateur surprend Basso en train de prier, le front sur son guidon.
Le temps de réaliser ce qui se passe, je passe une cravate, et Contador, suivant la forrmule consacrée, en remet une couche. Les gouttes sautent au visage de ses poursuivants. Dans sa roue, ripolinés de frais, Cadel Evans et Samuel Sanchez s’accrochent. Repoussés à trente secondes, les lose brothers arrêtent les frais et prennent leur mal en patience, montant au train, à la remorque du vaillant Voeckler. Si proche et déjà si loin, les Pyrénées, où l’Albert avait, deux jours durant, abandonné son corps à un petit vieux !
L’intelligence tactique du Pistolero, son sens de la course, Bjarne Riis, font une sacrée différence.
La descente n’étant pas (non plus) le fort d’Andy & Francky, elle permet rapidement au trio d’empiler les secondes sur des Schleck en bois de tek. Cadel Evans, toujours aussi solidement borné, déboule sur le village comme l’avalanche et pénètre Gap avec un braquet de titan, qui lui permet de distancer la doublette spaniarde, nouveaux associés.
Pendant ce temps, à l’avant, profitant d’une éclaircie, l’arc-en-ciel Hushovd enjambe la ligne devant Boasson et Hesjedal, signe sa deuxième victoire d’étape, et prouve que la malédiction du maillot de champion du monde n’est pas une fatalité.
Au bout du compte, la passe d’armes –offerte sur un terrain relativement facile, bien que rendu piégeux par la pluie- voit Evans chiper trois secondes à Contador, Contador en soutirer vingt à Voeckler, et Voeckler en gratter cinquante à Andy, timoré dans la descente, et remorqué vers la ligne par Maxime Monfort.
Beaucoup d’emportement pour rien, analyserez-vous peut-être, au vu des résultats bruts.
Il est pourtant impossible de ne pas sentir qu’un basculement s’est produit sur la route de Gap, un changement dans la couleur du bitume, prémonitoire des rapports de force à venir dans la haute montagne.
Sans vouloir écarter tout à fait les Schleck et Schlecq, dont la situation ce soir au classement général leur autorise encore tous les espoirs, il semble que le destin de ce Tour de France 2011 se jouera dans l’aptitude d’Alberto Contador à semer ou non Cadel Evans à Serre-Chevalier ou dans l’Alpe-d’Huez.
D’après ce que nous savons de Cadelito, on ne voit pas trop par quel miracle, son style en puissance pourrait longtemps s’accommoder de la giclette infernale du triple vainqueur.
A moins que... –comme on le murmure dans les milieux météorologiques autorisés- des intempéries rarement vues en juillet n’entraînent l’annulation pure et simple de la montagne.
Demain, giboulées et traquenards aux abords de la frontière franco-italienne, sur le chemin escarpé de Pinerolo, ville piémontaise et –tiens, tiens...- jumelée à Gap.
Pascal d’Huez
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