SUR LA ROUTE DU TOUR DE CALIFORNIE / 2
16.2.09
C’est sifflotant « Sur la Route de Memphis » que tu me surprends aujourd’hui, lecteur, sur la route d’Howell Mountain Road, au volant du minibus Chrysler qui nous emmène, moi devant, mes rescapés derrière, à travers la vaste Californie.
Fort de trentes minutes d’avance sur le peloton, j’ai ordre de rallier l’arrivée suffisamment à temps pour que mon valeureux équipage puisse prendre place à bord de la tribune d’honneur. Je dois avouer qu’il me tarde de leur faire faux-bond, afin d’aller, de mon côté, rejoindre dans leurs autocars mes amis les champions pour taper la causette.
Simple affaire d'affinités, car pour le reste, je ne m'ennuie pas. La course est même devenue palpitante.
Non pas que les résultats du prologue remporté par Cancellara,- 2ème Leipheimer à 2 secondes, 10ème Armstrong à 5, 90ème Landis à 20- ne figurent la promesse d’un nouveau Fort Alamo, mais parce que le cadre cycliste, déjà aisément débordé dans cette épreuve par les nombreux cas de coureurs ressuscités, s’est ce matin enrichi d’une affaire de vol. Celui –et ouais !- du vélo d’Armstrong, ni plus ni moins.
Voler un vélo ? Quoi de plus lâche ? De plus banal ? Ceux et celles qui parmi vous, lecteurs, ont connu, ne serait-ce qu’une fois, le chagrin béant de l’antivol retrouvé tranché en bas d’un panneau de signalisation, comprendront que l’humour, aujourd'hui, restera confiné dans ma musette.
Se faire piquer son Pinarello ou son humble Go Sport Exalt, suscite un sentiment d’abandon, semblable à ce qu’on éprouve à la disparition d’un être cher, mais c’est bientôt la double peine, car voici l’aiguillon noir de la jalousie qui taraude. Transi, -et à pied- on imagine trop bien la petite ordure posant son fessier malhonnête sur notre bicyclette, fille il est vrai un peu facile, dont on sait bien le penchant à aller avec le premier venu. C’est une douleur peu supportable qu’on calmera par la boisson d’abord, puis par le rachat d’un nouvel engin le lendemain.
Aussi, par solidarité avec l’ami Lance, et en étroite collaboration avec le FBI, on me permetta à mon tour d’émettre quelques hypodhuèses quant au genre du méfait qui a été commis cette nuit et à l’identité de ses auteurs.
Piste 1 : L’auto-vol à fins promotionnelles.
Dans ce cas, le voleur n’est autre que le prétendu volé. Son mobile ? Le bénéfice de la publicité, pardi. Le battage opportun entretenu autour de cette affaire, car, -c’est malheureux,- mais on ne manquera pas de commenter à tort et à travers cette insipide histoire, soyez en sûrs. Ca et là, sur internet ou ailleurs, les pires chroniqueurs de la chose cyclée en rempliront leur billet à bon compte, passant sous silence des nouvelles autrement plus dignes d’intérêt, à l’exemple de la victoire de Moncoutié au Tour Méd, ou de celle –plus extravagante encore- du Bbox Gène au Tour de Langkawi.
Piste 2 : Le vol bête. Par un nigaud ne sachant pas différencier Kubler de Koblet, dérobant ce vélo comme il aurait volé un congélo, si le Tour de Californie se courait en Sibérie.
Troisième supposition : Le vol fanatique. Le larcin midinette et désintéressé. Probable, quand on réalise, de la bouche même du champion texan, la difficulté à écouler cette marchandise (« Il n’y en a qu’un comme ça dans le monde, confiait-il, dur de le refourguer… En plus, il y a mon cryptogramme gravé sous la selle, un crabe écrasé par un lion en peluche ».) C’est un casse de prestige, dont le butin, bientôt caché dans une chambre spécialement construite pour le protéger des atteintes du temps, sera montré une fois l’an, par un Arsène Lupin, champion raté mais amoureux fervent, à ses maîtresses en guise de coup fatal.
Enfin, dernière piste, audace suprême, le coup viendrait d’un rival. Un Landis peut-être, à la rigueur un Basso, comptant bien, l’animal, après un coup de peinture, profiter des vertus magiques et des options surnaturelles qu’on imagine volontiers équiper à profusion la monture du Septuple.
J’en suis là de ces supputations, c'est-à-dire à deux doigts de démasquer le coupable par simple effort de déduction, lorsque mes rescapés soudain s’agitent. Les voilà à quatre derrière moi, bafouant la règle qui stipule de ne pas parler au conducteur, pour me demander d’avoir la gentillesse de lever le pied, sous prétexte que nous venons –par abondance d’aquaplanning- d’échapper de peu à la sortie de route et que – ce toupet !- ils n’ont pas réchappé au cancer pour succomber à un excès de vitesse.
Tout sourire, leur leader, Cliff, médecin auto-guéri d’une double-tumeur foie-pancréas, ajoute qu’il sera dans l’obligation de rendre compte de ma conduite à la direction du ToC*, ceci dans l’objectif de me faire foutre à la porte.
Pascal d’Huez, envoyé spécial.
* Tour of California
Fort de trentes minutes d’avance sur le peloton, j’ai ordre de rallier l’arrivée suffisamment à temps pour que mon valeureux équipage puisse prendre place à bord de la tribune d’honneur. Je dois avouer qu’il me tarde de leur faire faux-bond, afin d’aller, de mon côté, rejoindre dans leurs autocars mes amis les champions pour taper la causette.
Simple affaire d'affinités, car pour le reste, je ne m'ennuie pas. La course est même devenue palpitante.
Non pas que les résultats du prologue remporté par Cancellara,- 2ème Leipheimer à 2 secondes, 10ème Armstrong à 5, 90ème Landis à 20- ne figurent la promesse d’un nouveau Fort Alamo, mais parce que le cadre cycliste, déjà aisément débordé dans cette épreuve par les nombreux cas de coureurs ressuscités, s’est ce matin enrichi d’une affaire de vol. Celui –et ouais !- du vélo d’Armstrong, ni plus ni moins.
Voler un vélo ? Quoi de plus lâche ? De plus banal ? Ceux et celles qui parmi vous, lecteurs, ont connu, ne serait-ce qu’une fois, le chagrin béant de l’antivol retrouvé tranché en bas d’un panneau de signalisation, comprendront que l’humour, aujourd'hui, restera confiné dans ma musette.
Se faire piquer son Pinarello ou son humble Go Sport Exalt, suscite un sentiment d’abandon, semblable à ce qu’on éprouve à la disparition d’un être cher, mais c’est bientôt la double peine, car voici l’aiguillon noir de la jalousie qui taraude. Transi, -et à pied- on imagine trop bien la petite ordure posant son fessier malhonnête sur notre bicyclette, fille il est vrai un peu facile, dont on sait bien le penchant à aller avec le premier venu. C’est une douleur peu supportable qu’on calmera par la boisson d’abord, puis par le rachat d’un nouvel engin le lendemain.
Aussi, par solidarité avec l’ami Lance, et en étroite collaboration avec le FBI, on me permetta à mon tour d’émettre quelques hypodhuèses quant au genre du méfait qui a été commis cette nuit et à l’identité de ses auteurs.
Piste 1 : L’auto-vol à fins promotionnelles.
Dans ce cas, le voleur n’est autre que le prétendu volé. Son mobile ? Le bénéfice de la publicité, pardi. Le battage opportun entretenu autour de cette affaire, car, -c’est malheureux,- mais on ne manquera pas de commenter à tort et à travers cette insipide histoire, soyez en sûrs. Ca et là, sur internet ou ailleurs, les pires chroniqueurs de la chose cyclée en rempliront leur billet à bon compte, passant sous silence des nouvelles autrement plus dignes d’intérêt, à l’exemple de la victoire de Moncoutié au Tour Méd, ou de celle –plus extravagante encore- du Bbox Gène au Tour de Langkawi.
Piste 2 : Le vol bête. Par un nigaud ne sachant pas différencier Kubler de Koblet, dérobant ce vélo comme il aurait volé un congélo, si le Tour de Californie se courait en Sibérie.
Troisième supposition : Le vol fanatique. Le larcin midinette et désintéressé. Probable, quand on réalise, de la bouche même du champion texan, la difficulté à écouler cette marchandise (« Il n’y en a qu’un comme ça dans le monde, confiait-il, dur de le refourguer… En plus, il y a mon cryptogramme gravé sous la selle, un crabe écrasé par un lion en peluche ».) C’est un casse de prestige, dont le butin, bientôt caché dans une chambre spécialement construite pour le protéger des atteintes du temps, sera montré une fois l’an, par un Arsène Lupin, champion raté mais amoureux fervent, à ses maîtresses en guise de coup fatal.
Enfin, dernière piste, audace suprême, le coup viendrait d’un rival. Un Landis peut-être, à la rigueur un Basso, comptant bien, l’animal, après un coup de peinture, profiter des vertus magiques et des options surnaturelles qu’on imagine volontiers équiper à profusion la monture du Septuple.
J’en suis là de ces supputations, c'est-à-dire à deux doigts de démasquer le coupable par simple effort de déduction, lorsque mes rescapés soudain s’agitent. Les voilà à quatre derrière moi, bafouant la règle qui stipule de ne pas parler au conducteur, pour me demander d’avoir la gentillesse de lever le pied, sous prétexte que nous venons –par abondance d’aquaplanning- d’échapper de peu à la sortie de route et que – ce toupet !- ils n’ont pas réchappé au cancer pour succomber à un excès de vitesse.
Tout sourire, leur leader, Cliff, médecin auto-guéri d’une double-tumeur foie-pancréas, ajoute qu’il sera dans l’obligation de rendre compte de ma conduite à la direction du ToC*, ceci dans l’objectif de me faire foutre à la porte.
Pascal d’Huez, envoyé spécial.
* Tour of California
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