EN BAS LÀ-BAS
24.1.09
Chers amis amoureux de la pente, me voici tout juste back from Australia, où je fus le témoin médusé d’un changement d’époque. Le Tour Down Under, d’ordinaire observé d’un sourcil post-réveillon par le suiveur de tradition, est véritablement devenu la première épreuve de l’année cycliste, transfiguré par la lumière de Lance Armstrong, opportunément engagé parmi ses participants.
Dorénavant, on saura que la trêve des confiseurs qui s’ouvre sitôt fini le Tour de Lombardie, s’achève aux premiers jours de l’année, à l’autre bout du monde, là, tout en bas, dans un paysage surexposé à l’atmosphère juillettiste.
Dans l’azur de l’aurore australe, c’est l’Etoile de Bessèges qui pâlit un peu plus. Voilà le premier effet du retour du Septuple dans la course : la réduction de l’hiver cycliste à une poignée de semaines et l’invention du printemps en janvier. Quant aux organisateurs du Tour, les voilà prévenus que leur franchise n’est plus la seule à concourir pour le prix de beauté. Bientôt, le Tour de Californie, puis le Giro repeint de glam rose par la venue de Lance, sauront captiver l’attention en proposant un bon scénario dans de beaux décors, avec ça et là quelques cascades. Une charte Hollywoodienne en somme.
Il faut remonter à l’aube des temps, au milieu des années 80, pour retrouver une saison aux promesses de frissons si riches, lorsque Hinault relevant de blessure, à la tête d’une équipe nouvelle aux pratiques inédites, s’apprêtait à se mesurer au jeune Fignon, dont on ignorait encore les capacités réelles. J’avais alors déjà plus de 70 ans (à peu de chose près), et mon cœur eut bien du mal à tenir jusqu’au Grand Prix des Nations. Qu’en sera-t-il cette année ? Je n’ose l’imaginer.
De passage au siège de l’Equipe il y a une quinzaine, pour apposer mes bises de bonne année sur les joues des filles de l’accueil, j’eus la surprise d’y croiser le regard anxieux du jeune Contador, qu’on venait d’interviewer. Le malheureux, très agité depuis l’annonce du come-back de qui vous savez, se tenait prostré sur un fauteuil, plus flippé qu’un petit chat sur le porte-bagages d’un sprinter russe. « Il a développé comme une parano ! » explique-t-on dans son entourage médical contre quelques euros. De 15 au repos, ses pulsations sont passées à 30, avec des pointes à 90 si, par mégarde, la voix du Texan retentit soudain dans les couloirs de la clinique Astana.
Alors ? Quoi faire pour ramener la sérénité chez le jeune prodige ? Comment chasser ces idées idiotes qu’il se met dans la tête comme quoi Armstrong, mi-chair, mi-machine, serait venu lui casser la baraque. « Apprendre à se connaître, se parler tout simplement » recommande Johan Bruyneel. Seulement voilà, sur ces conseils, pensant bien faire, Lance invite début janvier son coéquipier à partager un repas à la mode espagnole. Il a, pour cela, préparé de la tortilla façon Cordobès, et une belle paëlla où les moules habilement disposées figurent les villes-étapes du prochain Tour. Hélàs, du côté de Saint-Girons, Alberto, un instant rassuré, manque de s’étrangler en avalant une trop grosse bouchée. Plus tard dans la soirée, les radiographies achèvent de faire tomber à plat les beaux efforts de l’Américain, en révélant la cause de l’incident : un bracelet Livestrong qu’un maladroit, sans doute, avait négligemment abandonné dans la poële.
Pascal d’Huez, envoyé spécial.
Dorénavant, on saura que la trêve des confiseurs qui s’ouvre sitôt fini le Tour de Lombardie, s’achève aux premiers jours de l’année, à l’autre bout du monde, là, tout en bas, dans un paysage surexposé à l’atmosphère juillettiste.
Dans l’azur de l’aurore australe, c’est l’Etoile de Bessèges qui pâlit un peu plus. Voilà le premier effet du retour du Septuple dans la course : la réduction de l’hiver cycliste à une poignée de semaines et l’invention du printemps en janvier. Quant aux organisateurs du Tour, les voilà prévenus que leur franchise n’est plus la seule à concourir pour le prix de beauté. Bientôt, le Tour de Californie, puis le Giro repeint de glam rose par la venue de Lance, sauront captiver l’attention en proposant un bon scénario dans de beaux décors, avec ça et là quelques cascades. Une charte Hollywoodienne en somme.
Il faut remonter à l’aube des temps, au milieu des années 80, pour retrouver une saison aux promesses de frissons si riches, lorsque Hinault relevant de blessure, à la tête d’une équipe nouvelle aux pratiques inédites, s’apprêtait à se mesurer au jeune Fignon, dont on ignorait encore les capacités réelles. J’avais alors déjà plus de 70 ans (à peu de chose près), et mon cœur eut bien du mal à tenir jusqu’au Grand Prix des Nations. Qu’en sera-t-il cette année ? Je n’ose l’imaginer.
De passage au siège de l’Equipe il y a une quinzaine, pour apposer mes bises de bonne année sur les joues des filles de l’accueil, j’eus la surprise d’y croiser le regard anxieux du jeune Contador, qu’on venait d’interviewer. Le malheureux, très agité depuis l’annonce du come-back de qui vous savez, se tenait prostré sur un fauteuil, plus flippé qu’un petit chat sur le porte-bagages d’un sprinter russe. « Il a développé comme une parano ! » explique-t-on dans son entourage médical contre quelques euros. De 15 au repos, ses pulsations sont passées à 30, avec des pointes à 90 si, par mégarde, la voix du Texan retentit soudain dans les couloirs de la clinique Astana.
Alors ? Quoi faire pour ramener la sérénité chez le jeune prodige ? Comment chasser ces idées idiotes qu’il se met dans la tête comme quoi Armstrong, mi-chair, mi-machine, serait venu lui casser la baraque. « Apprendre à se connaître, se parler tout simplement » recommande Johan Bruyneel. Seulement voilà, sur ces conseils, pensant bien faire, Lance invite début janvier son coéquipier à partager un repas à la mode espagnole. Il a, pour cela, préparé de la tortilla façon Cordobès, et une belle paëlla où les moules habilement disposées figurent les villes-étapes du prochain Tour. Hélàs, du côté de Saint-Girons, Alberto, un instant rassuré, manque de s’étrangler en avalant une trop grosse bouchée. Plus tard dans la soirée, les radiographies achèvent de faire tomber à plat les beaux efforts de l’Américain, en révélant la cause de l’incident : un bracelet Livestrong qu’un maladroit, sans doute, avait négligemment abandonné dans la poële.
Pascal d’Huez, envoyé spécial.
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