DE L’ART DE SAVOIR BIEN REVENIR
17.9.08
Une fois, j’ai quitté ma femme.
Sans emploi, elle venait d’accoucher de jumeaux, et après huit ans de vie commune, il m’avait semblé opportun, sur la seule foi d’un horoscope favorable, de mettre les bouts. N’écoutant que mon courage, je passais trois années à vivre de la course sur piste dans les faubourgs de Hanoï, sous le pseudonyme de Hurricane.
Je n’oublierai jamais l’accueil qu’on me réserva, lorsque par un soir d’hiver, le cœur serré et les cuisses grosses, Hurricane décida de faire son come-back au sein de sa petite famille. Bruce, une brute épaisse qui avait sorti ma femme de la dépression pour pouvoir mieux prendre ma place dans son lit, m’envoyait sur les roses avant même que j’ai pu offrir les miennes. J’étais devenu –comble du comble- persona non grata. Et dans mon propre foyer !
Il n’est pas étonnant que le retraité d’Austin, au fond de son palais gardé par sept lions en peluche, se soit mis en tête de jouer les revenants. Le spécialiste de l’âme humaine qui écrit ces lignes, aurait pu le parier. Ce que d'aucuns prennent pour un invraisemblable rebondissement n'est que la conséquence, somme toute très prévisible, d’une surconsommation de DVD, maladie fréquente du sans-emploi. On n'est plus rien, et voilà qu'à la faveur d'un film, on s'identifie. Un vieux western suffit, ou la série des Rocky. Dans le cas qui nous intéresse, c'est plus certainement celle des Halloween, des Vendredi 13 ou des Freddy.
Lance Armstrong était un mystère. Ca ne l’est plus. C’est un monstre engendré par les cauchemars de Christian Prud’homme.
La sortie de scène de Lance correspond à la fin du dernier âge d’or cycliste, celui des rivalités à l’ancienne et des hautes figures charismatiques. Ses faire-valoir n'ont pas su lui survivre, et disparaissant les uns après les autres dans un cafouillage scénaristique à pleurer, Ullrich, Basso et Vino ont abandonné la route à une cyclosphère pas très habitée et, pour tout dire, un peu molle de la fesse.
Le retour de Lance vient à point nommé réaliser le vieux fantasme sportif consistant à faire s’affronter les cadors par-delà les générations. Ce qu’aurait valu Anquetil face à Merckx ? Merckx face à Indurain ? Indurain à Armstrong ? Armstrong Contador ? De ces accouplements contre-nature dont la perspective a fourni tant de discussions au cours des interminables débuts d’étape du Tour, le champion du cancer, dans sa générosité coutumière, promet de nous régaler d’un échantillon inédit, tel le dadais multi-redoublant des cours de récré apportant dans son cartable quelques bonnes pages de Playboy.
Place à l’érotisme.
En cas d’échec, je tiens à disposition un kit comprenant un billet d’avion pour l’Asie et une fausse identité.
Pascal d’Huez
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