GAND-GAND
28.2.09
Quels intérêts financiers ont pu justifier pareil sabordage ? Le Volk, comme on l’appelait depuis la France, fort justement ("Het volk" signifie "Le peuple"), est une semi-classique de début de saison, un mini-Flandres, dont la popularité tenait surtout à l’efficacité sonore de ses deux syllabes. « Het Volk » était une friandise à prononcer, une formule swingante et cool à mettre en bouche, au même titre que « Roll Mops », « Ping Pong », ou « Daft Punk ».
Cette évidence n’a pas sauté aux oreilles des irresponsables qui, en début d’année, ont pris la décision de rebaptiser cette épreuve : Omloop Het Nieuwsblad ! En cette période où, pour des raisons d’économie tout autant que de paresse, on fusionne les provinces, écourte les procédures, rabote la complexité partout où elle ose encore montrer son nez laborieux, cette mesure serait sympathique si elle ne présageait pas un véritable suicide. Quel journaliste conscient de la fragilité d'une carrière osera s’aventurer à commenter une course où le risque de bafouillement sera supérieur à celui de crevaison ?
A l’origine de ce gâchis ? La crise, évidemment. Le groupe de presse Corelio détenant les titres Volk et Nieuwsblad, contraint à de violents dégraissages, a choisi de sacrifier le premier au bénéfice du second. Une décision si déraisonnable qu’il ne serait guère étonnant qu’une histoire d’amour, plutôt que de gros sous, se cache là-dessous. Souhaitons néanmoins que cette méga-compagnie du canard flamand ne se refasse pas une santé et n’entame une politique expansionniste, au terme de quoi, s’appropriant une course à la voile légendaire, elle serait en mesure de proposer la première Solitaire du Nieuwsblad. Dans la même rubrique, j’ai le triste devoir de vous apprendre que la prochaine édition du Dauphiné s’appellera le Critérium du Dauphiné-Libéré et de son supplément dimanche.
Celui ou celle qui passe sur cette page à l’occasion d’une Google-requête « érotisme », se demande sans doute pourquoi Het Volk (je choisis, une année encore, de la jouer vieille école) ne fait pas comme Paris-Roubaix ou Milan-San Remo ? C’est vrai, après tout, dès lors qu’elle dispose d’une ville de départ, puis d’une autre, d’arrivée, une course n’a-t-elle pas sa vie tracée et son nom tout trouvé ?
C’est, hélàs, oublier que cette balade entre la Lys et l’Escaut, qui ouvre ce samedi la saison des classiques, n’est au fond qu’une boucle de Gand à Gand. Or, si elle existait autrefois, la course Gand-Gand a été rendue impossible, en raison de son appellation ridicule; aucun coureur –et c’est bien normal- ne souhaitant prendre le risque de l’accrocher à son palmarès.
Mais penchons-nous sur la compétition ! Après s'être suffisamment gaussé, observons que le Volk ne change pas que de nom. L'ambition le gagne de se faire aussi gros que le Ronde, course rivale dont elle emprunte les -pas tellement- plates bandes. Comme des matous squelettiques, Valkenberg, Tenbosse et Molenberg, dresseront l'échine sous la roue des coureurs, qui devront aussi se farcir le Mur de Grammont, mausolée du culte cycliste, en direction duquel tout vrai fervent de ce sport est tenu de se prosterner une fois par jour.
Dans une Belgique qui contient ses divisions comme elle peut, la victoire d'un Wallon à Gand - comme celle, flamboyante, de Gilbert l'an passé- est propice à remuer le couteau dans la plaie. Rien de tel que le triomphe d'un Wallon en Flandres pour rappeler aux Belges du Nord à quel point ceux du sud leur sont antipathiques.
Ce week-end, on gardera un oeil sur ce même Gilbert, transvasé sans bruit de la Française des Jeux à l'équipe Silence. Selon sa performance, on vérifiera ou non si la culture des classiques, censée être l'apanage des écuries belges est ou non un racontar de flahute.
Nous verrons aussi -si toutefois, nul ami ne se pointe à ma porte pour m'inviter à un badminton- si Chavanel, entré dans le money time de sa carrière, a vu juste en signant pour la Quick Step, ou si le malheureux, mal payé de son audace, s'est fourré dans un cul-de-sac, équipier sans espoir d'ascension des ronds-de-cuir Boonen et Devolder.
Enfin, à destination des amateurs de sagas familiales, ne pas manquer de suivre le dossard 242 du Veranda Willems Mathieu Criquielion. Ce jeune coureur est le fils de l'ancien champion du monde, Claudy, coureur aux sourcils épais et au courage bonhomme, dont le délicieux patronyme évoquait une espèce d'insecte farceur.
Pascal d'Huez, envoyé spécial.
Cette évidence n’a pas sauté aux oreilles des irresponsables qui, en début d’année, ont pris la décision de rebaptiser cette épreuve : Omloop Het Nieuwsblad ! En cette période où, pour des raisons d’économie tout autant que de paresse, on fusionne les provinces, écourte les procédures, rabote la complexité partout où elle ose encore montrer son nez laborieux, cette mesure serait sympathique si elle ne présageait pas un véritable suicide. Quel journaliste conscient de la fragilité d'une carrière osera s’aventurer à commenter une course où le risque de bafouillement sera supérieur à celui de crevaison ?
A l’origine de ce gâchis ? La crise, évidemment. Le groupe de presse Corelio détenant les titres Volk et Nieuwsblad, contraint à de violents dégraissages, a choisi de sacrifier le premier au bénéfice du second. Une décision si déraisonnable qu’il ne serait guère étonnant qu’une histoire d’amour, plutôt que de gros sous, se cache là-dessous. Souhaitons néanmoins que cette méga-compagnie du canard flamand ne se refasse pas une santé et n’entame une politique expansionniste, au terme de quoi, s’appropriant une course à la voile légendaire, elle serait en mesure de proposer la première Solitaire du Nieuwsblad. Dans la même rubrique, j’ai le triste devoir de vous apprendre que la prochaine édition du Dauphiné s’appellera le Critérium du Dauphiné-Libéré et de son supplément dimanche.
Celui ou celle qui passe sur cette page à l’occasion d’une Google-requête « érotisme », se demande sans doute pourquoi Het Volk (je choisis, une année encore, de la jouer vieille école) ne fait pas comme Paris-Roubaix ou Milan-San Remo ? C’est vrai, après tout, dès lors qu’elle dispose d’une ville de départ, puis d’une autre, d’arrivée, une course n’a-t-elle pas sa vie tracée et son nom tout trouvé ?
C’est, hélàs, oublier que cette balade entre la Lys et l’Escaut, qui ouvre ce samedi la saison des classiques, n’est au fond qu’une boucle de Gand à Gand. Or, si elle existait autrefois, la course Gand-Gand a été rendue impossible, en raison de son appellation ridicule; aucun coureur –et c’est bien normal- ne souhaitant prendre le risque de l’accrocher à son palmarès.
Mais penchons-nous sur la compétition ! Après s'être suffisamment gaussé, observons que le Volk ne change pas que de nom. L'ambition le gagne de se faire aussi gros que le Ronde, course rivale dont elle emprunte les -pas tellement- plates bandes. Comme des matous squelettiques, Valkenberg, Tenbosse et Molenberg, dresseront l'échine sous la roue des coureurs, qui devront aussi se farcir le Mur de Grammont, mausolée du culte cycliste, en direction duquel tout vrai fervent de ce sport est tenu de se prosterner une fois par jour.
Dans une Belgique qui contient ses divisions comme elle peut, la victoire d'un Wallon à Gand - comme celle, flamboyante, de Gilbert l'an passé- est propice à remuer le couteau dans la plaie. Rien de tel que le triomphe d'un Wallon en Flandres pour rappeler aux Belges du Nord à quel point ceux du sud leur sont antipathiques.
Ce week-end, on gardera un oeil sur ce même Gilbert, transvasé sans bruit de la Française des Jeux à l'équipe Silence. Selon sa performance, on vérifiera ou non si la culture des classiques, censée être l'apanage des écuries belges est ou non un racontar de flahute.
Nous verrons aussi -si toutefois, nul ami ne se pointe à ma porte pour m'inviter à un badminton- si Chavanel, entré dans le money time de sa carrière, a vu juste en signant pour la Quick Step, ou si le malheureux, mal payé de son audace, s'est fourré dans un cul-de-sac, équipier sans espoir d'ascension des ronds-de-cuir Boonen et Devolder.
Enfin, à destination des amateurs de sagas familiales, ne pas manquer de suivre le dossard 242 du Veranda Willems Mathieu Criquielion. Ce jeune coureur est le fils de l'ancien champion du monde, Claudy, coureur aux sourcils épais et au courage bonhomme, dont le délicieux patronyme évoquait une espèce d'insecte farceur.
Pascal d'Huez, envoyé spécial.
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