APRÈS LA PLUIE LE BÂTON
12.7.08

Ah putain ! Ce tantôt, c'était un tel temps de chien sur le Tour que je n'ai même pas eu la force de le suivre à la télé. Ville rose, tu parles ! On eut dit qu'on avait séparé les coureurs de leurs couleurs, et le peloton, dans la bouillasse gris marron de l'été pourri qui s'annonce, caparaçonné de k-ways aux airs de sacs poubelles, évoquait un carton de commissions éventré dans le caniveau.
Pendant que Frischkorn et Vaugrenard s'enfuyaient dans la côte de Loupiac, bientôt imités par Lefèvre puis Pineau dans celle de Macarou pour une énième resucée de la 7ème Compagnie, je descendais bière sur bière au café du coin, entouré de trois créatures superbes que je parvenais à fasciner par mon récit du contre-la-montre Versailles-Paris de 1989. Fasciner oui ! je le maintiens à la barbe des plus goguenards d'entre vous, et j'en apporterai la preuve sous peu.
Rentré chez moi après l'arrivée, je rattrapai tant bien que mal mon retard sur le peloton par la grâce de france2.fr, me farcissant cul-sec le résumé de l'étape suivi des marches de Tour. J'en tirai un constat géopolitique : Au royaume des sprinters, ça ne sent plus la fin de règne, mais explicitement le nouveau régime. Après les presque placardisés Petacchi et Zabel, McEwen et Freire semblent eux aussi dépassés par le culot du poupon Cavendish et de son comparse Ciolek. Qu'ils ne viennent pas se plaindre de ne pas avoir été prévenus. Tout va de plus en plus vite, et ce ne sont pas les signes qui manquent. Le haut-débit cède la place à la fibre de verre et l'on met dorénavant moins d'une demi-journée pour accomplir Paris-Brest-Paris.
Beaux, forts, ces gaillards de la nouvelle vague s'appliquent à ne pas en faire, justement. Ils sont réglos, gardent leur ligne, bref tuent le métier. Sans respect pour les convenances, et oublieux des grands maîtres italiens, ils vont jusqu'à mettre un point d'honneur à ne plus respecter la belle tradition qui voulait que les coureurs de leur espèce, une fois rassasiés de glaïeuls et de marguerites, posent le pied à terre dans le premier raidillon des Pyrénées, suivant les règles d'un dogme tout aussi indiscutable que celui de certains groupes religieux qui, par exemple, refusent en toutes circonstances de manger du porc.
Au terme de cette première semaine de course, plaisante et mouvementée, nous entrevoyons enfin les premiers sommets et le bonheur d'une bagarre annoncée pour ce grand week-end du 14 juillet, bien que les pétards soient un peu partout défendus. Pour les coureurs, rien de nouveau sous l'absence de soleil. Après les difficultés, voici qu'approchent les emmerdements.
Pascal d'Huez
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