COIFFÉ !
9.7.08
Alors qu’il achevait sa longue promenade, le champion national Vogondy s’est vu empêché de rallier l’arrivée en vainqueur, retenu par une manifestation du syndicat des sprinters, lesquels voulaient protester contre la baisse de leur pouvoir de victoire. Pas déméritant, le coureur Agritubel a manqué d’un rien de répéter l’exploit réalisé par Richard Virenque sur Paris-Tours, ou plus loin dans l’histoire, par François Mitterrand, en 1981, quand ce dernier était parvenu à entrer seul au Panthéon, laissant une dizaine de mètres derrière lui la foule acharnée de ses poursuivants.
Coiffé donc, sur le poteau, par un plus jeune et un plus beau, Vogondy parle à tous ceux qui, cet été, au snack du camping ou à la discothèque Banana Coco, perdront sur le fil un baiser quasi promis, après un long travail d’approche et de pénibles efforts de syntaxe. Se remettre d’une telle déconvenue n’est jamais facile, et la voie du réconfort passe souvent par la copine un peu laide et très disposée. Malheureusement, l’étape d’hier n’était déjà pas très folichonne, et si elle n’a pas voulu de Vogondy, ce n’est certainement pas l’un de ces petits lots de la Maurienne, de l’Ariège ou du Cantal, avec leurs décolletés hors-catégorie, qui lui donnera un ticket.
Le gosse beau s’appelle Mark Cavendish, et a tout pour plaire, l’ordure. Anglais de l’équipe Columbia, il porte un beau maillot bleu, qui ne sent pas le tubulaire bovin, mais la fraîcheur marine, car pour parfaire le tableau romantique, il est originaire de l’Ile de Man, cette contrée quasi-légendaire où l’on imagine sans mal que le bougre a sa garçonnière. A l’aise sur route, il l’est essentiellement sur piste, son domaine de prédilection. Nouvelle incarnation de la tendance rétro sur laquelle aimerait jouer les chargés de communication du Tour de France, afin d’en faire un produit au charme suranné, égal de Lacoste ou Nivéa, idéalement conçu pour le marché asiatique, Cavendish réactive la lointaine tradition des pistards venant user de leur savoir-faire pour attraper les étapes de plat et le maillot vert, ainsi que le faisait dans les années 70, le Belge Patrick Sercu. D’ici à ce que le fringant Cavendish ne remette au goût du jour les six jours, il n’y a qu’un pas, celui qui, peut-être, aurait suffit aujourd’hui à Vogondy à repousser de quelques temps encore le bellâtre dans l’anonymat.
Pendant ce temps, la caravane, qui n’a pas son pareil, bruisse de rumeurs à propos de Schumacher, dont on s’étonne des progrès foudroyants. On lui cherche des poux dans la tête sous prétexte que l’énergie qu’il a follement déployée sur le CLM paraît impossible à atteindre dans des conditions physiques normales. Nous voilà rendus au stade ultime où l’exploit sera bientôt passible de suspension. Coureurs, apprenez à courir dans les limites du raisonnable et n’allez pas vous aventurer au-delà de vos moyens. Pour cause d’éboulements fréquents : dépassement interdit.
Pascal d’Huez
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