DUMOULIN CROQUE LA GALETTE
7.7.08
Pour rassasier l’appétit des sprinters, Christian Prud’homme avait concocté aujourd’hui une étape-crêpe, de pure fabrication bretonne. C’était –prétendait-il- le moment venu de jeter à la marmaille chicaneuse des coureurs d’assaut une galette bien plate et sans additifs semi-montagneux pour un résultat équivalent à celui que connaîtrait l’une des deux cuisses d’Arnaud Tournant offerte aux lions du zoo de Vincennes.
Mais dans cette usine à pédales encore en quête d’un patron, rien ne se passe comme prévu. Il suffit qu’un quinquin foufou sorte full speed dès le premier kilomètre pour que toute la chaîne s’en trouve détraquée.
Si, comme on a pu s’en rendre compte par cet après-midi maussade, la mère peloton ne retrouve pas toujours ses petits, la réalité rattrape toujours le Tour de France, quelque soit la vitesse à laquelle il croit lui échapper. Ainsi, le Président Sarkozy, pourtant amoureux de la chose vélocipédique et défendeur ardent de la plus grande course du monde, a bien failli en provoquer l’arrêt, des suites d’une maladroite saillie anti-syndicats.
Le Tour avançant sans gorilles et sans grillages, il a l’éclat d’une star mais la vulnérabilité d’une prairie. On peut s’y asseoir et y planter son brasero à l’aise, avec la garantie d'être vu. Cette faiblesse n’a pas échappé à des militants CGT du port autonome de Saint-Nazaire, venus bloquer la route au kilomètre untel.
Ecarté avec calme par le directeur de course, le désordre s’est à nouveau invité à l’arrivée, quand un autre manifestant a tenté de faire de l’ombre au vainqueur du jour en se plantant devant les caméras. Brutalement chassé du podium par un Bernard Hinault des grands jours (prologue de Plumelec 85), il portait pourtant le gilet jaune des voyageurs en détresse.
Qu’il soit venu protester contre le futur aéroport du grand-ouest, on s’en tape, puisque les choses changent dans ce pays, et que la place n’est plus aux gesticulations ni aux pleurnicheries, mais définitivement à l’audace.
Aussitôt balayées les revendications oiseuses de ces représentants d’une France passée, nos échappés récupèrent le vent dans le dos, et tels les héros du Voyage au centre de la Terre, parviennent à trouver le chemin du retour à la surface. Au lieu de Stromboli, une simple flamme, rouge, efficace et moderne.
Dans l’emballage final, on croit Romain Feillu parti pour tout rafler, mais le galopin Dumoulin s’arrache et empêche le camouflet d’une victoire américaine, légitimement revendiquée par le Chipotle Frischkorn.
L’histoire tourne au conte de fées puisque Sam Dumoulin, souvent malchanceux, se marie en août avec la brune Magalie, fille de son ancien directeur sportif. Le mauvais sort est rompu. Une bonne nouvelle s’ajoutant à une autre, j’apprends par fax que le chow-chow qui avait poussé Dumoulin à l’abandon, il y a quatre ans, pour avoir traversé inopinément devant sa roue, dépressif et interdit de toutes compétitions, a de nouveau couru ce soir après la baballe.
Pascal d’Huez
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