SUR LA ROUTE DU TOUR DE CALIFORNIE / 5
22.2.09
Au lendemain du contre-la-montre, le Tour de Californie, en dépit de quelques soubresauts propres à alimenter la chronique, semble avoir trouvé sa solution. Sous réserve d’une ultime vérification au sommet du Mont Palomar, le x de l’équation touffue qu’il proposait s’appelle Levi Leipheimer, déjà double-tenant du titre. A ceux qui se souciaient de l’émergence d’une nouvelle épreuve, propre à renverser dans les prochaines années le leadership du Tour de France, on peut répondre que le ToC, c’est du simili. Une fausse alerte. Cette course, pas si moche cependant, souffre d’être trop brève ; d’édition en édition, ses étapes sont insuffisamment renouvelées ; et surtout, misère suprême, on ne la court pas pour elle-même ! C’est à une autre, plus jolie, que les coureurs pensent en faisant mine de se concentrer sur ses courbes. En a-t-elle conscience ? Souhaitons que non. Un avertissement cependant : Messieurs, non seulement votre conduite est indigne de gentlemen, mais en plus, elle se voit !
Il est, à quelques kilomètres d’ici, du côté de San Diego, un endroit singulier où s’aiguisent les pointes de vitesse. Son nom, poétique, pourrait suggérer un lieu de rendez-vous pour amourettes de passage, or, c’est tout le contraire, puisque le « Tunnel de vent », permet à tout un chacun de mesurer la meilleure position d’épouser sa bicyclette. Ici, pas de speed dating, mais un engagement à long terme entre l’homme et sa machine. Devenu incontournable, le laboratoire offre à quiconque est prêt à débourser les 975 $ du test, une série de mesures sophistiquées, actualisées en temps réel. Affichées sur le sol, elles offrent à l’athlète les moyens de corriger son dos trop bombé, de gommer son genou trop en dedans ou l’oreille décollée jusque-là indécelable par les radiographies. Aussi, nul champion parmi les meilleurs spécialistes mondiaux de l’effort solitaire, ne saurait faire l’épargne d’un passage par le Wind Tunnel, sorte de rite au bout duquel on devient un homme affranchi. Un initié.
On prétend que ceux qui en reviennent ne sont plus tout à fait les mêmes. Au-delà d’une certaine vitesse, des visions peuvent apparaître et nombreux témoignages font état – à l’approche du seuil anaérobie- de l’apparition d’un grand halo blanc ou de celle, plus rare, d'Eddy Merckx. D’autres, à l’instar d’Ivan Basso, parlent d’hallucinations auditives, sous forme d'insultes le plus souvent. Que le laboratoire soit construit sur le site d’un ancien cimetière d’indiens chumash n’est peut-être pas étranger à l’affaire. Le bouche à oreille aidant, un public nouveau de cyclistes très occasionnels vient désormais profiter des vertus psychédéliques du tunnel. A leur intention, la formule de l’un des protocoles prévoit l’absorption préalable d’ayawaska, selon les règles du rite et sous la surveillance d’un chaman, bien évidemment.
Simultanément, Floyd Landis, le champion excommunié pour un cas rare de pornographie à vélo, un jour de juillet 2006, sur les pentes de Joux-Plane, a retrouvé la parole. Désormais, leader de l’équipe continentale Ouch, une marque de crème pour le fessier, il affirme son bonheur de revenir à la compétition, quand bien même il n’est pas encore en mesure de jouer les gros bras.
En Algarve aussi, l’empire Astana avance. Là-bas, c'est sous le commandement d’Alberto Contador, de retour. Fort de sa réussite au prologue, le voilà qui réclame de courir avec Lance dès le Tour de Castille et Léon, contrairement au plan qui prévoyait de ne réunir les deux cracks qu'au départ du Tour de France. A quoi riment donc ces gesticulations stratégiques ? Comment lire à travers l’absolue opacité du langage des coureurs rompus aux délices de la communication ?
Et ainsi, sur la route menant à Rancho Bernardo, je me perds en questions sur le sens de la vie, lorsque Nancy, blonde de Frisco et rescapée elle aussi, se porte à ma hauteur pour taper la discute. Miraculée d’une tumeur simultanée des glandes mammaires, elle arbore aujourd’hui un sourire de vahiné et une poitrine neuve, opulente, avoisinant les parages mythiques du bonnet E. Une réussite totale, « obtenue, m’explique-t-elle sans malice, par la pose de coussinets en gel, semblables à ceux utilisés pour les selles de vélo de l’équipe AG2R »
Hélàs, alors que Nancy insiste pour me montrer le triangle équilatéral parfait allant de ses aréoles à son menton, j’effectue une fâcheuse embardée. Route glissante ? Pneus sous-gonflés ? Je ne parviens pas complétement à reprendre le contrôle du Minivan, qui, dans un silence de cathédrale, sort de la route et s’embarque dans une série de mini-tonneaux.
Pascal d’Huez, envoyé spécial
http://www.multisports.com/windtunnel_camp.shtml
Il est, à quelques kilomètres d’ici, du côté de San Diego, un endroit singulier où s’aiguisent les pointes de vitesse. Son nom, poétique, pourrait suggérer un lieu de rendez-vous pour amourettes de passage, or, c’est tout le contraire, puisque le « Tunnel de vent », permet à tout un chacun de mesurer la meilleure position d’épouser sa bicyclette. Ici, pas de speed dating, mais un engagement à long terme entre l’homme et sa machine. Devenu incontournable, le laboratoire offre à quiconque est prêt à débourser les 975 $ du test, une série de mesures sophistiquées, actualisées en temps réel. Affichées sur le sol, elles offrent à l’athlète les moyens de corriger son dos trop bombé, de gommer son genou trop en dedans ou l’oreille décollée jusque-là indécelable par les radiographies. Aussi, nul champion parmi les meilleurs spécialistes mondiaux de l’effort solitaire, ne saurait faire l’épargne d’un passage par le Wind Tunnel, sorte de rite au bout duquel on devient un homme affranchi. Un initié.
On prétend que ceux qui en reviennent ne sont plus tout à fait les mêmes. Au-delà d’une certaine vitesse, des visions peuvent apparaître et nombreux témoignages font état – à l’approche du seuil anaérobie- de l’apparition d’un grand halo blanc ou de celle, plus rare, d'Eddy Merckx. D’autres, à l’instar d’Ivan Basso, parlent d’hallucinations auditives, sous forme d'insultes le plus souvent. Que le laboratoire soit construit sur le site d’un ancien cimetière d’indiens chumash n’est peut-être pas étranger à l’affaire. Le bouche à oreille aidant, un public nouveau de cyclistes très occasionnels vient désormais profiter des vertus psychédéliques du tunnel. A leur intention, la formule de l’un des protocoles prévoit l’absorption préalable d’ayawaska, selon les règles du rite et sous la surveillance d’un chaman, bien évidemment.
Simultanément, Floyd Landis, le champion excommunié pour un cas rare de pornographie à vélo, un jour de juillet 2006, sur les pentes de Joux-Plane, a retrouvé la parole. Désormais, leader de l’équipe continentale Ouch, une marque de crème pour le fessier, il affirme son bonheur de revenir à la compétition, quand bien même il n’est pas encore en mesure de jouer les gros bras.
En Algarve aussi, l’empire Astana avance. Là-bas, c'est sous le commandement d’Alberto Contador, de retour. Fort de sa réussite au prologue, le voilà qui réclame de courir avec Lance dès le Tour de Castille et Léon, contrairement au plan qui prévoyait de ne réunir les deux cracks qu'au départ du Tour de France. A quoi riment donc ces gesticulations stratégiques ? Comment lire à travers l’absolue opacité du langage des coureurs rompus aux délices de la communication ?
Et ainsi, sur la route menant à Rancho Bernardo, je me perds en questions sur le sens de la vie, lorsque Nancy, blonde de Frisco et rescapée elle aussi, se porte à ma hauteur pour taper la discute. Miraculée d’une tumeur simultanée des glandes mammaires, elle arbore aujourd’hui un sourire de vahiné et une poitrine neuve, opulente, avoisinant les parages mythiques du bonnet E. Une réussite totale, « obtenue, m’explique-t-elle sans malice, par la pose de coussinets en gel, semblables à ceux utilisés pour les selles de vélo de l’équipe AG2R »
Hélàs, alors que Nancy insiste pour me montrer le triangle équilatéral parfait allant de ses aréoles à son menton, j’effectue une fâcheuse embardée. Route glissante ? Pneus sous-gonflés ? Je ne parviens pas complétement à reprendre le contrôle du Minivan, qui, dans un silence de cathédrale, sort de la route et s’embarque dans une série de mini-tonneaux.
Pascal d’Huez, envoyé spécial
http://www.multisports.com/windtunnel_camp.shtml
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