MIMOSA PERD SA MARGUERITE
25.7.08

Sonnez Lampre, résonnez Milram.
Au terme d’une cour bien menée, le pugnace Sylvain Chavanel a enfin trempé son Brossard dans le Champagne du Tour. Et ce n’est pas faire offense à ce super combatif que d’exprimer en mon nom le soulagement de toute la caravane.
Au fil des années, à force de désillusions, chaque fois qu’il tentait un démarrage en vue de gagner une étape, on se trouvait gêné pour lui comme on l'est pour un bon copain, abonné aux râteaux, qui se met inopinément à taper la drague à une beauté suèdoise étendue par inadvertance sur la plage de Saint-Jean-de-Monts.
Sylvain, je peux bien te l’avouer maintenant, en ce soir de gloire où ta vie de champion commence, on avait mal pour toi.
Dans la chambrée Cofidis, c’est peu de dire que ses déboires faisaient rigoler. Même Dumoulin avait réussi à s’en faire une ! Pourtant pas compliqué. Nécessite juste un brin de doigté, un zest d’assurance, et l’humilité nécessaire pour cibler une proie à sa mesure, ni trop belle, ni trop fine. Oubliées donc, la bimbo de l’Alpe-d’Huez avec ses reliefs refaits, ou la jolie rousse d’Hautacam aux réparties un peu raides. Repérée sur Facebook depuis Paris, l’étape de Montluçon paraissait bien convenir à Chavanel. Le genre paysanne, nature, à séduire par une brève démonstration de force et la promesse d’un voyage à l’étranger, d’autant que le tombeur Cavendish, cette petite ordure, a depuis quelques jours quitté le camping, rassasié, pour mieux passer le mois d’août à tomber la Pékinoise.
Ces dernières nuits, sentant venir le moment où il perdrait à jamais son innocence, Sylvain Chavanel interrogeait son coéquipier Dumoulin.
- Ça fait comment quand on franchit la ligne ?
« Bah, c’est chaud, et puis c’est doux » lui répondait l’autre.
- Ah !
- Et ça fait un peu mal !
- Merde !
« Le pire, c’est qu’aussitôt fini, y a Bernard Hinault qui vient te serrer la main ! »
- Oh putain !
Sachant cela, on mesure mieux le courage qui habitait Mimosa lorsqu’il a décidé, en dépit des ricanements, de quitter le peloton au kilomètre 75, son cartable sur le dos, accompagné du porte-chandelle Jérémy Roy, qui, lui aussi, le fripon, avait flairé le bon coup.
Cette édition 2008 du Tour de France semble vouloir solder tous les comptes. Le charme de Chavanel a vaincu sa volonté de trop bien faire, et le désir –souvent perdant- l’a emporté sur l’inquiétude. Et maintenant ? Qui de la dépression ou de la frénésie guidera le néo-Quick Step ? On a vu plus d’un puceau passer chaud lapin. Parti comme il est, qui sait si notre Chacha, parfaitement désinhibé, ne se tapera pas aussi le contre-la-montre du bien nommé Saint-Amand ?
Journée sans histoires à se raconter pour le tandem Evans/Sastre qui se jouera demain la victoire finale à coups de secondes dans les guiboles.
A trop bouffer des spaghettis à tous les repas, rien d’étonnant à ce qu’après nous avoir longtemps joué Mon nom est personne, les prétendants à la victoire finale concluent le spectacle par un remake de Pour quelques dollars de plus.
Toi qui es allergique à l’harmonica, un bon conseil : reste sous l’édredon.
Pascal d’Huez
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