CAV SE REBIFFE
5.7.09
Jasmin, lavande et mimosa figuraient parmi les principales difficultés du jour, une sortie à travers les sentiers parmi les plus agréablement parfumés du monde. Le risque de tomber dans les vappes, étourdi par les effluves, était élevé, d’autant qu’un cagnard de première, étalé de tout son long, n’était pas là pour arranger le sentiment d’oppression.
Le vent, il fallait se le fabriquer soi-même, a du en déduire Mark Cavendish, l’étapovore, nouveau sprinter de classe Maertens-Cippolini, qui se nourrit exclusivement de bouquets (déjà 15 cette année !) et de chamallows.
Outre la traditionnelle échappée nationale, l’attraction de la première étape en ligne se nomme « chute du dernier kilomètre ». Encore gauche et trop jeune, le peloton se contrôle encore mal et expulse de sa fourrure un à deux favoris, sur qui il ne fallait pas parier. Gare donc aux étourdis que leurs équipiers auraient laissés dans les turbulences de l’arrière-peloton.
La masse des coureurs se comporte comme un lac en tournée. Elle coule autour des récifs directionnels, inonde les villages, et offre une fabuleuse leçon de mécanique des fluides.
Son gros coefficient de viscosité, accentué par la chaleur des frottements, entraîne des phénomènes de remous. Sur les bords, ses parois s’effondrent régulièrement, se recomposent, se trouvent renforcées par une seconde épaisseur. Et ainsi jusqu’à la plage du dernier kilomètre, poussé par la houle. On comprend que le Tour soit une bonne alternative pour les petits vieux privés de vacances à la mer.
Soudain, un Euskaltel à la baille !
Par la faute d’un plan de route trompeur, certains coureurs font un tout droit, rêvant peut-être d’avoir trouvé la porte secrète qui mène directement au Ventoux, prévu dans vingt jours. L’emballage est sans pitié pour les frileux. Ceux qui ont mis la main aux cocottes ne reverront plus le poupon de Man, qu’on dirait allongé ventre à plat sur un surf. Si fort qu’il ne prend même pas soin de cacher son jeu. Tyler Farrar, idéalement placé dans sa roue, court après un cuissard dont il ne verra jamais le propriétaire et se place idéalement second.
Quand, dans vingt ans d’ici, le Cav viendra présenter sa bio au vélo-club, obèse et le visage couperosé par le rose à lèvres des hôtesses du classement par points, on lui montrera le rush de Brignoles en guise d’illustration à sa splendeur passée. Il en concluera sans doute que les choses ont bien changé et qu’il a perdu la formule de l’équation dont son numéro était la solution.
Pour le reste, rien que de l’attendu.
Déboires habituels de Sastre, que son directeur sportif a du réintégrer dans le peloton après qu’un commissaire de course l’en a chassé, le prenant un peu trop vite pour un simple fan ; le Finlandais Veikkanen en jersey polka ; et Spartacus toujours en jaune, bien qu’invisible tout le jour durant.
L’absence de bonifications aux vainqueurs d’étapes fait partie de la culture du Tour, qui distingue les one-shot des coureurs au long cours.
A chacun sa récompense.
Aux rapides, la bise.
Aux costauds, le baiser.
Demain, bétonnage à la Grande-Motte.
Pascal d’Huez, envoyé spécial.
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