LE MAILLOT DU PLUS BEAU MAILLOT
15.2.05
Vous êtes nombreux à m'écrire pour me demander pourquoi, en cyclisme, on n’échange pas les maillots à la fin des courses.
En effet, un bref coup d’œil à la présentation des équipes du Pro-Tour montre que certaines auraient tout à y gagner…
Une règle veut qu’un groupe qui ne dispose pas de coureurs assez bons dans ses rangs, soit contraint de prostituer son maillot à différents petits sponsors, lesquels, pour quelques sous, s’empressent de coller leur nom n’importe où, pourvu qu’il soit vu.
En découle un déséquilibre fatal à la composition d’ensemble, et, presque toujours, des résultats catastrophiques.
Il n’est pas de grandes performances qui se soient réalisées sous un maillot dégueulasse. Ou bien c'est le signe du retour éclatant d'un champion tombé dans la disgrâce, comme par exemple Greg Lemond, vainqueur fluo du Tour 89, sous couleurs Agrigel ; la faiblesse de sa tenue faisant alors partie intégrante de son exploit.
Suivant le même principe, saluons le grand mérite de Claudio Chiappucci, doublement handicapé tout au long de sa carrière par la présence de Miguel Indurain et l’obligation faite de porter le cuissard imitation jean de son sponsor Carrera.
Il se chuchote qu'aujourd'hui, le malheureux, traumatisé, tente de rattrapper le temps perdu en portant des jeans imitation cuissard.
Pour ne pas finir si bas, certains cyclistes, sensibles à l’image qu'ils donnent, s’évertuent à se désolidariser d’une charte graphique douteuse en accumulant les maillots distinctifs.
Oui, c’est bien par crainte de devoir porter le maillot orange et bleu Rabobank qu’Oscar Freire se met chaque année en quatre pour gagner le titre de champion de monde. Ainsi, toujours classe, toujours élégant, il n’a même pas besoin de se changer pour les galas d’après-course, préférant parader dans ce chef d’œuvre qu’est le maillot arc-en-ciel, avec sa bande abdominale qui rappelle la ceinture des boxeurs.
Afin de coincer ce genre de dandys, je propose à Monsieur Verbruggen la création du maillot du plus beau maillot. Chaque semaine, le coureur le plus distingué se verra remettre un maillot épouvantable, dessiné par mon ami, le styliste italien Pier Paolo.
Seule consolation : Ainsi revêtu, il perdra immédiatement son titre.
A bien y penser, cette idée n’est pas neuve. Dans ce sport étrange où l’athlète porte son trophée à même la peau, on avait conçu, au milieu des années 80, l’étonnant maillot du combiné, récompensant le coureur le plus complet du tour de France. Idée sportivement juste, mais esthétiquement calamiteuse. Un petit carré de jaune, un bout de vert, quelques pois rouges, offraient un camouflage idéal à son porteur, qui, au bout du compte, passait moche ou inaperçu.
Revenue à plus de rigueur, voilà qu’aujourd’hui, l’UCI réveille le goût des coureurs pour la peinture avec le nouveau paletot de leader du Pro Tour, d’une blancheur telle qu’on réfléchira sans doute à deux fois avant d’aller le salir sur Paris-Roubaix, l’enfer du cyclisme, qui fait disparaître les maillots.■
PASCAL D’HUEZ, envoyé spécial.
NB : Sur les conseils de Cyrille Guimard, Pascal D’Huez a décidé d’alimenter sa chronique plus souvent. Retrouvez le dorénavant les 1er et 15 de chaque mois.
Par ailleurs, Sport & Erotism est désormais disponible par un lien RSS (renseignements: www.rssvision.com/article.php3?id_article=2) à l’adresse http://feeds.feedburner.com/Sporterotism.
En effet, un bref coup d’œil à la présentation des équipes du Pro-Tour montre que certaines auraient tout à y gagner…
Une règle veut qu’un groupe qui ne dispose pas de coureurs assez bons dans ses rangs, soit contraint de prostituer son maillot à différents petits sponsors, lesquels, pour quelques sous, s’empressent de coller leur nom n’importe où, pourvu qu’il soit vu.
En découle un déséquilibre fatal à la composition d’ensemble, et, presque toujours, des résultats catastrophiques.
Il n’est pas de grandes performances qui se soient réalisées sous un maillot dégueulasse. Ou bien c'est le signe du retour éclatant d'un champion tombé dans la disgrâce, comme par exemple Greg Lemond, vainqueur fluo du Tour 89, sous couleurs Agrigel ; la faiblesse de sa tenue faisant alors partie intégrante de son exploit.
Suivant le même principe, saluons le grand mérite de Claudio Chiappucci, doublement handicapé tout au long de sa carrière par la présence de Miguel Indurain et l’obligation faite de porter le cuissard imitation jean de son sponsor Carrera.
Il se chuchote qu'aujourd'hui, le malheureux, traumatisé, tente de rattrapper le temps perdu en portant des jeans imitation cuissard.
Pour ne pas finir si bas, certains cyclistes, sensibles à l’image qu'ils donnent, s’évertuent à se désolidariser d’une charte graphique douteuse en accumulant les maillots distinctifs.
Oui, c’est bien par crainte de devoir porter le maillot orange et bleu Rabobank qu’Oscar Freire se met chaque année en quatre pour gagner le titre de champion de monde. Ainsi, toujours classe, toujours élégant, il n’a même pas besoin de se changer pour les galas d’après-course, préférant parader dans ce chef d’œuvre qu’est le maillot arc-en-ciel, avec sa bande abdominale qui rappelle la ceinture des boxeurs.
Afin de coincer ce genre de dandys, je propose à Monsieur Verbruggen la création du maillot du plus beau maillot. Chaque semaine, le coureur le plus distingué se verra remettre un maillot épouvantable, dessiné par mon ami, le styliste italien Pier Paolo.
Seule consolation : Ainsi revêtu, il perdra immédiatement son titre.
A bien y penser, cette idée n’est pas neuve. Dans ce sport étrange où l’athlète porte son trophée à même la peau, on avait conçu, au milieu des années 80, l’étonnant maillot du combiné, récompensant le coureur le plus complet du tour de France. Idée sportivement juste, mais esthétiquement calamiteuse. Un petit carré de jaune, un bout de vert, quelques pois rouges, offraient un camouflage idéal à son porteur, qui, au bout du compte, passait moche ou inaperçu.
Revenue à plus de rigueur, voilà qu’aujourd’hui, l’UCI réveille le goût des coureurs pour la peinture avec le nouveau paletot de leader du Pro Tour, d’une blancheur telle qu’on réfléchira sans doute à deux fois avant d’aller le salir sur Paris-Roubaix, l’enfer du cyclisme, qui fait disparaître les maillots.■
PASCAL D’HUEZ, envoyé spécial.
NB : Sur les conseils de Cyrille Guimard, Pascal D’Huez a décidé d’alimenter sa chronique plus souvent. Retrouvez le dorénavant les 1er et 15 de chaque mois.
Par ailleurs, Sport & Erotism est désormais disponible par un lien RSS (renseignements: www.rssvision.com/article.php3?id_article=2) à l’adresse http://feeds.feedburner.com/Sporterotism.
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home