LE MAL DE LA MONTAGNE
12.7.12
A deux-mille mètres au-dessus du niveau de la mer, soit -et l'image parlera à ceux et celles qui n'ont pas la chance de quitter Paris pendant les vacances-, l'équivalent de six Tour Eiffel superposées, certains individus deviennent irritables.
Chez le champion cycliste, le mal de la montagne se traduit par une perte d'appétit, des vertiges, des propos incohérents, et des crachats roses à destination du spectateur bonhomme et coureur à pied.
La course peut alors devenir instable, car le syndrome touche aussi directeurs sportifs et commentateurs.
Que le peloton se change momentanément en HP, c'est tout le mal qu'on peut souhaiter à l'étape du jour, la 11e, qui verra les coureurs passer au-delà des 2000m, à travers Madeleine, Croix de Fer, puis la montée finale vers la Toussuire. Le fameux « vent de folie », souvent annoncé dans la caravane, est attendu par rafales. Soufflera-t-il d'Italie ?
Le rodéo entrepris hier par Vincenzo Nibali, dans la cascade du Grand Colombier, quand il décida de lâcher le groupe maillot jaune au mépris de tous les dangers, suscite l'espoir. On devine le Liquigas bouillant, prêt à chercher chicane à Bradley Wiggins pour un oui pour un non. Qu'il ait perdu dans la dernière montée tout le bénéfice engrangé dans la descente (une minute, quand même) ne doit pas le démotiver. Si la manoeuvre est inefficace au bilan comptable, elle fait l'affaire sur le plan artistique. Un nouveau maillot distinctif à imaginer, bleu Klein.
Certes, le train Sky n'est pas un tortillard. Son sillage est un nuage de chagrin où des coureurs à tête de bagnards mâchent du désespoir. Mais il sent encore le neuf. A l'instar de l'intenable Van Den Broeck, il faut secouer sa structure, sauter sur ses sièges, échauffer son caoutchouc, porter son acier à incandescence.
« De belles paroles », me rétorquerait sans doute Denis Menchov, « J'aimerais bien t'y voir » conclurait-il, avec -reconnaissons-le- une certaine pertinence.
Pendant ce temps, à l'avant, Thomas Voeckler, avec ses airs d'éternel poulbot, joue de malice pour piéger quelques gros bras et se rappelle au bon souvenir des pics d'audience.
D'une pierre deux coups, il gagne l'étape et endosse le maillot à pois, avec le projet de le ramener sur le dance floor du Lido, certes encore loin.
A la moitié de ce Tour de France, la douleur est partout.
Tony Gallopin est malade à crever, Cancellara abandonne son équipe pour assister à l'accouchement de sa femme, et le grimpeur Di Grégorio, privé de grand air, doit s'expliquer au poste de police sur d'éventuelles injections d'ozone.
Enfin, pour ne rien arranger, je me suis, ce matin, cogner l'orteil dans une porte.
Pascal d'Huez, sur la route du Tour de France.
Chez le champion cycliste, le mal de la montagne se traduit par une perte d'appétit, des vertiges, des propos incohérents, et des crachats roses à destination du spectateur bonhomme et coureur à pied.
La course peut alors devenir instable, car le syndrome touche aussi directeurs sportifs et commentateurs.
Que le peloton se change momentanément en HP, c'est tout le mal qu'on peut souhaiter à l'étape du jour, la 11e, qui verra les coureurs passer au-delà des 2000m, à travers Madeleine, Croix de Fer, puis la montée finale vers la Toussuire. Le fameux « vent de folie », souvent annoncé dans la caravane, est attendu par rafales. Soufflera-t-il d'Italie ?
Le rodéo entrepris hier par Vincenzo Nibali, dans la cascade du Grand Colombier, quand il décida de lâcher le groupe maillot jaune au mépris de tous les dangers, suscite l'espoir. On devine le Liquigas bouillant, prêt à chercher chicane à Bradley Wiggins pour un oui pour un non. Qu'il ait perdu dans la dernière montée tout le bénéfice engrangé dans la descente (une minute, quand même) ne doit pas le démotiver. Si la manoeuvre est inefficace au bilan comptable, elle fait l'affaire sur le plan artistique. Un nouveau maillot distinctif à imaginer, bleu Klein.
Certes, le train Sky n'est pas un tortillard. Son sillage est un nuage de chagrin où des coureurs à tête de bagnards mâchent du désespoir. Mais il sent encore le neuf. A l'instar de l'intenable Van Den Broeck, il faut secouer sa structure, sauter sur ses sièges, échauffer son caoutchouc, porter son acier à incandescence.
« De belles paroles », me rétorquerait sans doute Denis Menchov, « J'aimerais bien t'y voir » conclurait-il, avec -reconnaissons-le- une certaine pertinence.
Pendant ce temps, à l'avant, Thomas Voeckler, avec ses airs d'éternel poulbot, joue de malice pour piéger quelques gros bras et se rappelle au bon souvenir des pics d'audience.
D'une pierre deux coups, il gagne l'étape et endosse le maillot à pois, avec le projet de le ramener sur le dance floor du Lido, certes encore loin.
A la moitié de ce Tour de France, la douleur est partout.
Tony Gallopin est malade à crever, Cancellara abandonne son équipe pour assister à l'accouchement de sa femme, et le grimpeur Di Grégorio, privé de grand air, doit s'expliquer au poste de police sur d'éventuelles injections d'ozone.
Enfin, pour ne rien arranger, je me suis, ce matin, cogner l'orteil dans une porte.
Pascal d'Huez, sur la route du Tour de France.
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