MILAN-SAN REMO ET SANS PANTALON
20.3.09
Reconnaissons qu’en l’absence de scandales pharmaceutiques, l’actualité du vélo est rarement relevée.
Pour arriver au tibia du football et pouvoir alimenter l’avant-course de copieux débats, il faudrait aller chercher bien loin la petite bête sous le casque du routier-sprinter et souvent même, en l’absence de faits divers, prêter des intentions équivoques à des athlètes sympas comme tout, qui, plutôt que de défrayer la chronique, préfèrent aligner les bornes.
Par bonheur, Lance Armstrong nous est revenu plus bavard qu’un représentant Campagnolo.
Au lendemain du Paris-Nice perdu par Alberto Contador de la faute d’un sérieux coup de pompe dans l’avant-dernière étape, il a reproché à ce dernier d’« avoir encore beaucoup à apprendre et d’être trop nerveux », une réflexion engagée, qui détonne parmi les réactions habituellement cueillies à la bouche des coureurs et enregistrées à grand peine par les micros des intervieweurs, à condition de pousser dans les basses fréquences.
Et voilà notre discipline tranquille soudain trempée dans le bain de la polémique ! Par sa petite phrase vipérine, Lance réussit à mettre en scène sa rivalité avec le blanc-bec qui a gagné le Tour en son absence et, -à l’instar de tous les puissants de la planète,- produit du récit, offre de l’intrigue à épisodes ; le B-A-ba pour attirer la lumière et, accessoirement, repousser dans le néant les exploits d’admirables anonymes au terme de courses faiblement commentées (Talabardon, vainqueur de Paris-Troyes).
La stratégie douteuse d’Armstrong rappelle celle à l’œuvre chez ces couples en débâcle où l’un ou l’autre des partenaires s’évertue à pourrir la situation dans le but de provoquer un clash définitif. Ce sont des vacheries dites avec le sourire, une assiette de pâtes remplie à ras bords qu’une main molle fait négligemment tomber sur un cuissard neuf, des cale-pieds empruntés pour aller faire les courses et qu’on oublie de rendre, une crème pour le fessier laissée sans bouchon dans la valise de l’être aimé…
La fringale survenue à Contador dans la montée de Fayence n’est pas le fait du hasard.
Et quand L.A, perfide, fait remarquer que le récent lauréat du doublé Giro-Vuelta n’a pas les nerfs de l’enfant torero Michelito, -son compatriote,- on ne peut manquer de soupçonner l’Américain d’entretenir volontiers l’inquiétude.
Envisage-t-il, manipulateur, d’éloigner son rival en jouant subtilement sur sa raison ? Qui sait si ce n’est pas sous camisole que l’Espagnol devra abandonner le Tour de France, si toutefois, ses facultés mentales, pilonnées par les fourberies US, lui permettent de prendre le départ ?
Le paradoxe avec le Sept Fois Couvert d’Or, c’est que ce brave gars d’Austin, présenté comme un honnête homme, franc du collier et bon camarade, semble n’avoir embrassé la carrière de champion qu’afin d’ourdir de sombres machinations. Tenez. Par exemple… Ce samedi… Il prend le départ de Milan-San Remo. Rien de bien surprenant pour un coureur professionnel, me rétorquera-t-on. Oui, mais Armstrong ? Que vient-il manigancer exactement en Italie ? Un rendez-vous avec Berlusconi ?... La Mafia ?... De sombres tractations avec les hôpitaux locaux pour éradiquer le cancer de la péninsule avant le prochain Giro ?...
Comme Contador sur les routes de Castille et Léon, refroidissons notre paranoïa sous une casquette bien enfoncée.
A propos de la Primavera, dont c’est ce week-end la centième, et qui, pour l’occasion, dressera bien haut ces Capi de câpre amer sur un large coulis de verdure, rappellons que la course est ouverte, pour la raison parmi d’autres, que ses favoris et anciens vainqueurs, -Freire, Cancellara, Ballan- sont cloués dans leur canapé pour avoir trop tôt tiré sur leurs fibres.
Si le peloton arrive groupé, gare à Cavendish, quasi imprenable, à moins que la Cervélo puise encore une fois dans son cortex une idée géniale sous la forme d’un Hushovd ou d’un Haussler. S’il s’agit, au contraire, d’un homme surgissant seul sur l’autre versant du Poggio, ce pourrait être Pozzato, affamé qu’il est de victoires, depuis que les apparatchiks de l’équipe Katusha, impatients, le menacent d’une participation au prochain Tour de Sibérie.
Enfin, pour ceux qui n’envisagent pas de ramener un bouquet à la maison ce samedi, l’occasion sera belle de troquer l’oreillette au profit de l’Ipod et d’y écouter l’intégrale Eros Ramazzoti. Se rappeler un amour perdu pour avoir trop joué les kékés… Et même, pourquoi pas ?... Profitant qu’Armstrong, occupé à téléphoner, ne nous voit pas, se fumer une petite Nazionali pépère, porté torse nu à l’arrière du peloton, comme les voiliers, là-bas, par la Mer Ligure.
Pascal d’Huez
Pour arriver au tibia du football et pouvoir alimenter l’avant-course de copieux débats, il faudrait aller chercher bien loin la petite bête sous le casque du routier-sprinter et souvent même, en l’absence de faits divers, prêter des intentions équivoques à des athlètes sympas comme tout, qui, plutôt que de défrayer la chronique, préfèrent aligner les bornes.
Par bonheur, Lance Armstrong nous est revenu plus bavard qu’un représentant Campagnolo.
Au lendemain du Paris-Nice perdu par Alberto Contador de la faute d’un sérieux coup de pompe dans l’avant-dernière étape, il a reproché à ce dernier d’« avoir encore beaucoup à apprendre et d’être trop nerveux », une réflexion engagée, qui détonne parmi les réactions habituellement cueillies à la bouche des coureurs et enregistrées à grand peine par les micros des intervieweurs, à condition de pousser dans les basses fréquences.
Et voilà notre discipline tranquille soudain trempée dans le bain de la polémique ! Par sa petite phrase vipérine, Lance réussit à mettre en scène sa rivalité avec le blanc-bec qui a gagné le Tour en son absence et, -à l’instar de tous les puissants de la planète,- produit du récit, offre de l’intrigue à épisodes ; le B-A-ba pour attirer la lumière et, accessoirement, repousser dans le néant les exploits d’admirables anonymes au terme de courses faiblement commentées (Talabardon, vainqueur de Paris-Troyes).
La stratégie douteuse d’Armstrong rappelle celle à l’œuvre chez ces couples en débâcle où l’un ou l’autre des partenaires s’évertue à pourrir la situation dans le but de provoquer un clash définitif. Ce sont des vacheries dites avec le sourire, une assiette de pâtes remplie à ras bords qu’une main molle fait négligemment tomber sur un cuissard neuf, des cale-pieds empruntés pour aller faire les courses et qu’on oublie de rendre, une crème pour le fessier laissée sans bouchon dans la valise de l’être aimé…
La fringale survenue à Contador dans la montée de Fayence n’est pas le fait du hasard.
Et quand L.A, perfide, fait remarquer que le récent lauréat du doublé Giro-Vuelta n’a pas les nerfs de l’enfant torero Michelito, -son compatriote,- on ne peut manquer de soupçonner l’Américain d’entretenir volontiers l’inquiétude.
Envisage-t-il, manipulateur, d’éloigner son rival en jouant subtilement sur sa raison ? Qui sait si ce n’est pas sous camisole que l’Espagnol devra abandonner le Tour de France, si toutefois, ses facultés mentales, pilonnées par les fourberies US, lui permettent de prendre le départ ?
Le paradoxe avec le Sept Fois Couvert d’Or, c’est que ce brave gars d’Austin, présenté comme un honnête homme, franc du collier et bon camarade, semble n’avoir embrassé la carrière de champion qu’afin d’ourdir de sombres machinations. Tenez. Par exemple… Ce samedi… Il prend le départ de Milan-San Remo. Rien de bien surprenant pour un coureur professionnel, me rétorquera-t-on. Oui, mais Armstrong ? Que vient-il manigancer exactement en Italie ? Un rendez-vous avec Berlusconi ?... La Mafia ?... De sombres tractations avec les hôpitaux locaux pour éradiquer le cancer de la péninsule avant le prochain Giro ?...
Comme Contador sur les routes de Castille et Léon, refroidissons notre paranoïa sous une casquette bien enfoncée.
A propos de la Primavera, dont c’est ce week-end la centième, et qui, pour l’occasion, dressera bien haut ces Capi de câpre amer sur un large coulis de verdure, rappellons que la course est ouverte, pour la raison parmi d’autres, que ses favoris et anciens vainqueurs, -Freire, Cancellara, Ballan- sont cloués dans leur canapé pour avoir trop tôt tiré sur leurs fibres.
Si le peloton arrive groupé, gare à Cavendish, quasi imprenable, à moins que la Cervélo puise encore une fois dans son cortex une idée géniale sous la forme d’un Hushovd ou d’un Haussler. S’il s’agit, au contraire, d’un homme surgissant seul sur l’autre versant du Poggio, ce pourrait être Pozzato, affamé qu’il est de victoires, depuis que les apparatchiks de l’équipe Katusha, impatients, le menacent d’une participation au prochain Tour de Sibérie.
Enfin, pour ceux qui n’envisagent pas de ramener un bouquet à la maison ce samedi, l’occasion sera belle de troquer l’oreillette au profit de l’Ipod et d’y écouter l’intégrale Eros Ramazzoti. Se rappeler un amour perdu pour avoir trop joué les kékés… Et même, pourquoi pas ?... Profitant qu’Armstrong, occupé à téléphoner, ne nous voit pas, se fumer une petite Nazionali pépère, porté torse nu à l’arrière du peloton, comme les voiliers, là-bas, par la Mer Ligure.
Pascal d’Huez