UN BEAU PETIT COUP DE PUTE
15.9.05
« Jadis, les championnats du monde sur route co1cidaient avec la rentré D classe.
ApoTose à l’été finissant, les retrouvailles avec les héro de juillet nous consolaient du raccour6ment D jours et d’1 flirt atlantique aux lettres resT 100 réponse.
Avant 2 100foncé 100 résistance dans 1 automne cert1, ki nou verrait biento rallumer le chauffage au gaz, on consakré le dernier dimanche d’août à l’observation haletante d’1 peloton bigarré aux couleurs nationales, cha100 dans les feuilles mortes…Ah ! kelle belle ratatouille 2 champions !…»
Ces quelques lignes extraites des mémoires de Thomas Voeckler (à paraître prochainement chez Plon) disent brillamment l’attachement ressenti par tout passionné de cyclisme pour les championnats du monde sur route, dont l’épreuve masculine aura lieu le 25 septembre prochain, à Madrid.
Celui d’entre nous qui n’a jamais voyagé peut s’en donner l’illusion en égrénant à voix haute des noms qu’on serait bien en peine de placer sur la carte, Goodwood, Villach, Valkenburg…toutes sous-préfectures entrées dans la légende pour avoir servi de cadre à cette course singulière, qui ne constitue pas un trajet d’un point à un autre, mais un huis-clos.
On ne peut être qu’emballé par la simplicité du projet : Désigner là, en un jour, sur une course, le meilleur d’entre tous.
Pour l’occasion, les concurrents délaissent leurs partenaires, parquets, fournisseurs d’accès, loteries, pour endosser une poignée de couleurs primaires, drapeaux de chacun. Cette soudaine redistribution des cartes provoque souvent des histoires, des incompréhensions malheureuses entre compatriotes infichus de laisser de côté leur rivalité de tous les jours.
A l’issue d’un usant compte-à-rebours de tours de circuit, généralement en milieu péri-urbain, le maillot arc-en-ciel ramène la paix, en se proposant de ranger les couleurs brouillées en cinq bandes plates et souveraines.
Le torse élu est alors assuré d’être pour longtemps tiré de l’anonymat.
Parmi les favoris annoncés, il en est toujours qui décrochent à mi-course. La télé nous les montre alors, se changeant dans des stands semblables à ceux des grands prix de formule 1.
Les grandes nations du cyclisme, avec leurs équipes de douze hommes, ont un avantage certain sur le Japonais venu seul.
Pourtant, quelquefois, un inconnu se révèle, et coiffe sur le fil d’authentiques champions, devant des organisateurs qui dissimulent mal leur insatisfaction, car, finalement, il s’agit chaque année d’entretenir un palmarès clinquant, dans le genre jardin à la Française.
Le malheureux qui devient champion du monde sans en avoir, a priori, reçu la légitimité, le paie souvent cher, à l’image de l’intrépide Benoni Beheyt, qui, en 1963, à Renaix, lança le sprint pour Rik Van Looy, et ne se releva jamais.
Du moment où il descendit du podium, sa carrière sportive devint un enfer ; son leader, porté sur la rancune, s’appliquant à déjouer toutes ses tentatives de gagner une course, allant jusqu’à s’inscrire dans des critériums de seconde zone dans ce seul objectif.
En Belgique, « La trahison de Renaix » fait encore partie du programme du bac.
Que cette funeste histoire soit méditée par ceux qui, partis dans un bon coup le 25, sur l’Avenue des Asturies ou l’ancienne Route de la Plage, se mettraient en tête d’aller chercher la gagne sans avoir déjà à leur actif un petit paquet de victoires significatives.
Hélàs, peu de chances, paraît-il, d’être surpris.
Cette année, c’est cousu de fil blanc. Le parcours est plus plat que le dos d’Ullrich en contre-la-montre, et le sprint est annoncé. Pour beaucoup, les élections sont déjà jouées.
Depuis 2000, une seule arrivée a échappé à un sprint massif. La course est cadenassée, les bosses n’en sont pas.
Pourtant, c’est une course ouverte, sans patrons. Les dominateurs des grands tours, partisans tatillons des RTT, n’y participent plus, préférant aller aux champignons, ou profiter des soldes sur les peaux de chamois.
Le départ et l'arrivée se situeront face au stade Bernabeu et au Palais des Congrès.
Entre ces deux difficultés, aucune autre.
Dans ces conditions, la stratégie élaborée par l’équipe Italienne, à l’aide du puissant ordinateur Super Campagnolo, consistera à rouler le plus vite possible du début à la fin, afin d’empêcher toute tentative d’échappée, et mettre sur orbite leur sprinter-roi Alessandro Petacchi dans les cinq-cents derniers mètres.
S’il est toujours ravissant pour les yeux de voir une cohorte de gars au même maillot rouler à l’unisson, en parfait ordre de marche, peut-on se prendre à rêver que la squadra azzura puisse, cette année, abriter un traître ?
Un homme ordinaire, rendu fou par l’odeur de l’arêne, qui ferait semblant au moment de la victoire, de croire qu’il lui reste encore un tour à parcourir.■
Pascal D’Huez, envoyé spécial.
ApoTose à l’été finissant, les retrouvailles avec les héro de juillet nous consolaient du raccour6ment D jours et d’1 flirt atlantique aux lettres resT 100 réponse.
Avant 2 100foncé 100 résistance dans 1 automne cert1, ki nou verrait biento rallumer le chauffage au gaz, on consakré le dernier dimanche d’août à l’observation haletante d’1 peloton bigarré aux couleurs nationales, cha100 dans les feuilles mortes…Ah ! kelle belle ratatouille 2 champions !…»
Ces quelques lignes extraites des mémoires de Thomas Voeckler (à paraître prochainement chez Plon) disent brillamment l’attachement ressenti par tout passionné de cyclisme pour les championnats du monde sur route, dont l’épreuve masculine aura lieu le 25 septembre prochain, à Madrid.
Celui d’entre nous qui n’a jamais voyagé peut s’en donner l’illusion en égrénant à voix haute des noms qu’on serait bien en peine de placer sur la carte, Goodwood, Villach, Valkenburg…toutes sous-préfectures entrées dans la légende pour avoir servi de cadre à cette course singulière, qui ne constitue pas un trajet d’un point à un autre, mais un huis-clos.
On ne peut être qu’emballé par la simplicité du projet : Désigner là, en un jour, sur une course, le meilleur d’entre tous.
Pour l’occasion, les concurrents délaissent leurs partenaires, parquets, fournisseurs d’accès, loteries, pour endosser une poignée de couleurs primaires, drapeaux de chacun. Cette soudaine redistribution des cartes provoque souvent des histoires, des incompréhensions malheureuses entre compatriotes infichus de laisser de côté leur rivalité de tous les jours.
A l’issue d’un usant compte-à-rebours de tours de circuit, généralement en milieu péri-urbain, le maillot arc-en-ciel ramène la paix, en se proposant de ranger les couleurs brouillées en cinq bandes plates et souveraines.
Le torse élu est alors assuré d’être pour longtemps tiré de l’anonymat.
Parmi les favoris annoncés, il en est toujours qui décrochent à mi-course. La télé nous les montre alors, se changeant dans des stands semblables à ceux des grands prix de formule 1.
Les grandes nations du cyclisme, avec leurs équipes de douze hommes, ont un avantage certain sur le Japonais venu seul.
Pourtant, quelquefois, un inconnu se révèle, et coiffe sur le fil d’authentiques champions, devant des organisateurs qui dissimulent mal leur insatisfaction, car, finalement, il s’agit chaque année d’entretenir un palmarès clinquant, dans le genre jardin à la Française.
Le malheureux qui devient champion du monde sans en avoir, a priori, reçu la légitimité, le paie souvent cher, à l’image de l’intrépide Benoni Beheyt, qui, en 1963, à Renaix, lança le sprint pour Rik Van Looy, et ne se releva jamais.
Du moment où il descendit du podium, sa carrière sportive devint un enfer ; son leader, porté sur la rancune, s’appliquant à déjouer toutes ses tentatives de gagner une course, allant jusqu’à s’inscrire dans des critériums de seconde zone dans ce seul objectif.
En Belgique, « La trahison de Renaix » fait encore partie du programme du bac.
Que cette funeste histoire soit méditée par ceux qui, partis dans un bon coup le 25, sur l’Avenue des Asturies ou l’ancienne Route de la Plage, se mettraient en tête d’aller chercher la gagne sans avoir déjà à leur actif un petit paquet de victoires significatives.
Hélàs, peu de chances, paraît-il, d’être surpris.
Cette année, c’est cousu de fil blanc. Le parcours est plus plat que le dos d’Ullrich en contre-la-montre, et le sprint est annoncé. Pour beaucoup, les élections sont déjà jouées.
Depuis 2000, une seule arrivée a échappé à un sprint massif. La course est cadenassée, les bosses n’en sont pas.
Pourtant, c’est une course ouverte, sans patrons. Les dominateurs des grands tours, partisans tatillons des RTT, n’y participent plus, préférant aller aux champignons, ou profiter des soldes sur les peaux de chamois.
Le départ et l'arrivée se situeront face au stade Bernabeu et au Palais des Congrès.
Entre ces deux difficultés, aucune autre.
Dans ces conditions, la stratégie élaborée par l’équipe Italienne, à l’aide du puissant ordinateur Super Campagnolo, consistera à rouler le plus vite possible du début à la fin, afin d’empêcher toute tentative d’échappée, et mettre sur orbite leur sprinter-roi Alessandro Petacchi dans les cinq-cents derniers mètres.
S’il est toujours ravissant pour les yeux de voir une cohorte de gars au même maillot rouler à l’unisson, en parfait ordre de marche, peut-on se prendre à rêver que la squadra azzura puisse, cette année, abriter un traître ?
Un homme ordinaire, rendu fou par l’odeur de l’arêne, qui ferait semblant au moment de la victoire, de croire qu’il lui reste encore un tour à parcourir.■
Pascal D’Huez, envoyé spécial.