UN DEUX TROIS SOLEIL
15.7.07
Qui du Barrage du Chevril ou de Michael Rasmussen propulsé à toute berzingue au-dessus du lac de Tignes, a produit aujourd’hui la plus grande quantité de force motrice ?
L’imposant ouvrage d’art bardé d’une fresque d’Hercule pouvait bien redoubler le roulement de ses turbines, c’est au malingre Chicken qu’est revenue la vedette ; un grimpeur de fond de court, plus porté sur le baroud que sur la giclette. Individualiste, sans se préoccuper des autres, Rasmussen a survolé la course.
Nous aussi, bien qu’avec moins d’efforts.
Assoupis dans la fraîcheur climatisée de notre aéronef, nous nous tenons si alertes en ce début d’après-midi que, personne ne s’occupant plus du gouvernail, nous serions pour un peu passés de l’autre côté de la montagne, vers l’enfer du Tour d’Autriche, cette course parallèle, courue par les malheureux que leurs équipes n’ont pas emmenés à Londres, et applaudie par un public amer de candidats aux vacances en France, finalement restés dans le Tyrol.
Notre salut ? Nous le devons au valeureux Michael Rogers, dont l’aventure permit à mon équipage de se ressaisir in-extremis. Maillot jaune virtuel, il chute, et rappelle l’importance des bras en cyclisme, puisqu’il abandonne bientôt, touché à l’épaule, incapable de tirer sur son guidon. Dans une orgie de campings-cars, il disparaît en pleurs, applaudi par quelques supporters au grand cœur, la bonté cachée sous un torse nu et une casquette Champion.
Comme la baffe qui tombe sur la joue de l’enfant intrépide qui s’apprêtait à traverser devant les coureurs, Christophe Moreau nous surprend alors, digne des espoirs placés en lui par le peuple de France et son nouveau président. Soyons justes : il est épatant. Il réussirait presque, s’il n’était pas tombé sur une escouade de farceurs l’obligeant contre son gré à une partie d’Un Deux Trois Soleil !
Chaque fois que le Belfortain se retourne, ses adversaires sont immobiles, et cependant, chaque fois qu’il se retourne, ils se sont encore rapprochés.
On pourra longtemps gloser sur l’attitude du champion Moreau. A-t-il bien couru, au cours de cette montée vers Tignes où le Caisse d’Epargne collait à la roue mieux que le Pepito aux gencives dans la collation d’après-course ?
Pour tenter de répondre, mettons-nous à sa place.
Ayant péniblement invité une jeune femme dans votre studio pour dîner, et revenant des commissions chargé de charcuterie et d’alcool propice au vertige, vous croisez une vague bande de copains qui, enthousiastes à la vue de votre panier, s’invitent chez vous. Vous tentez de les semer, mais votre panier est lourd, et les autres, goguenards, refusent de le porter.
Les sachant meilleurs séducteurs que vous, ne seriez-vous pas alors tenté de tout annuler ?
Méditons bien cet exemple avant d’incriminer notre porte-drapeau qui, quoi qu’il en soit, a eu le mérite de briser la glace, et affiche d’excellentes prétentions.
Les chocottes qu’il flanque désormais aux cadors, provoquent –dit-on- des cauchemars dans les hôtels. Pour preuve, Vinokourov ne veut plus dormir qu’en tenant la main d’Andreas Klöden.
Posés sur le lac grâce au système de coussinets à sas échafaudé par Sylvain Paris-Brest, nous comptons passer ici la nuit, puis le jour de repos.
Dans le calme retrouvé ; le vent tombé et la vibration des klaxons dilué dans l’atmosphère, nous pronostiquons sans fin, clope au bec. Nos pieds dans l’eau agitent le ciel du vieux Tignes englouti, où dorment encore les bicyclettes contre le mur du bar-tabac envahi de rotengles.
Pascal d’Huez, envoyé spécial.
L’imposant ouvrage d’art bardé d’une fresque d’Hercule pouvait bien redoubler le roulement de ses turbines, c’est au malingre Chicken qu’est revenue la vedette ; un grimpeur de fond de court, plus porté sur le baroud que sur la giclette. Individualiste, sans se préoccuper des autres, Rasmussen a survolé la course.
Nous aussi, bien qu’avec moins d’efforts.
Assoupis dans la fraîcheur climatisée de notre aéronef, nous nous tenons si alertes en ce début d’après-midi que, personne ne s’occupant plus du gouvernail, nous serions pour un peu passés de l’autre côté de la montagne, vers l’enfer du Tour d’Autriche, cette course parallèle, courue par les malheureux que leurs équipes n’ont pas emmenés à Londres, et applaudie par un public amer de candidats aux vacances en France, finalement restés dans le Tyrol.
Notre salut ? Nous le devons au valeureux Michael Rogers, dont l’aventure permit à mon équipage de se ressaisir in-extremis. Maillot jaune virtuel, il chute, et rappelle l’importance des bras en cyclisme, puisqu’il abandonne bientôt, touché à l’épaule, incapable de tirer sur son guidon. Dans une orgie de campings-cars, il disparaît en pleurs, applaudi par quelques supporters au grand cœur, la bonté cachée sous un torse nu et une casquette Champion.
Comme la baffe qui tombe sur la joue de l’enfant intrépide qui s’apprêtait à traverser devant les coureurs, Christophe Moreau nous surprend alors, digne des espoirs placés en lui par le peuple de France et son nouveau président. Soyons justes : il est épatant. Il réussirait presque, s’il n’était pas tombé sur une escouade de farceurs l’obligeant contre son gré à une partie d’Un Deux Trois Soleil !
Chaque fois que le Belfortain se retourne, ses adversaires sont immobiles, et cependant, chaque fois qu’il se retourne, ils se sont encore rapprochés.
On pourra longtemps gloser sur l’attitude du champion Moreau. A-t-il bien couru, au cours de cette montée vers Tignes où le Caisse d’Epargne collait à la roue mieux que le Pepito aux gencives dans la collation d’après-course ?
Pour tenter de répondre, mettons-nous à sa place.
Ayant péniblement invité une jeune femme dans votre studio pour dîner, et revenant des commissions chargé de charcuterie et d’alcool propice au vertige, vous croisez une vague bande de copains qui, enthousiastes à la vue de votre panier, s’invitent chez vous. Vous tentez de les semer, mais votre panier est lourd, et les autres, goguenards, refusent de le porter.
Les sachant meilleurs séducteurs que vous, ne seriez-vous pas alors tenté de tout annuler ?
Méditons bien cet exemple avant d’incriminer notre porte-drapeau qui, quoi qu’il en soit, a eu le mérite de briser la glace, et affiche d’excellentes prétentions.
Les chocottes qu’il flanque désormais aux cadors, provoquent –dit-on- des cauchemars dans les hôtels. Pour preuve, Vinokourov ne veut plus dormir qu’en tenant la main d’Andreas Klöden.
Posés sur le lac grâce au système de coussinets à sas échafaudé par Sylvain Paris-Brest, nous comptons passer ici la nuit, puis le jour de repos.
Dans le calme retrouvé ; le vent tombé et la vibration des klaxons dilué dans l’atmosphère, nous pronostiquons sans fin, clope au bec. Nos pieds dans l’eau agitent le ciel du vieux Tignes englouti, où dorment encore les bicyclettes contre le mur du bar-tabac envahi de rotengles.
Pascal d’Huez, envoyé spécial.
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