LINUX
14.7.07
Si l’on considère le Tour de France comme un écosystème, et la victoire comme la condition nécessaire à la vie, il me revient d’annoncer ce soir la naissance d’un nouveau champion, le jeune Allemand Linus Gerdemann.
Engagé malgré lui dans la course à la célébrité, il dépassait déjà à l’heure du massage, celui qui jusqu’au Col de la Colombière, entendait bien demeurer le seul Linus jamais connu : le génial inventeur de Linux, lui aussi partisan d’un projet alternatif au système dominant.
Ce 14 juillet, la fête n’était toutefois pas réservée aux fans de la T-Mobile ou à ceux de Michel Polnareff (qui bien souvent sont les mêmes).
Après une semaine d’atermoiements techniques qui nous ont contraint à différer notre départ, nous avons réussi à décoller ce matin, depuis un lieu tenu secret. D’ici à Paris, nous voyagerons à bord d’un ballon dirigeable, impressionnant engin de 120m de long, acquis en Amérique du Nord à la société Dunlop et remis en état de marche par les gaillards d’un centre de détention du canton de Vaud.
La caravane a salué notre apparition dans le ciel des Alpes de façon unanime, si ce n’est que Christian Prud’homme –et c’est bien normal- nous a fermement priés de bien vouloir prendre un couloir aérien bis, de façon à ce que nous ne risquions ni de perturber les coureurs en projetant notre ombre colossale sur le peloton, ni d’endommager les pales de l’hélicoptère France Télévisions, en approchant trop près.

Bien au-delà des voisins futés, juchés sur leurs escabeaux ; à une distance idéale pour suivre ce ruban d’aventures et d’ivresse qu’on appelle la course ; nous avons assisté à une belle étape de saison, semblable à ces fusées-chandelles qui explosent par épisodes.
L’échappée de quinze coureurs partie dès la première heure s’est consumée avec panache, en libérant une ultime capsule détonnante.
Révélation tardive, le Russe Fofonov se braquait cependant dans la pente, et voyait partir seul Linus Gerdemann, socquette facile et teint frais d’un petit prince de Westphalie à qui rien ne résiste.
Cruel anniversaire qui fait, dix ans après, sortir de sa boîte à chaussures le maillot jaune de Jan Ullrich.
Avec l’exploit de Linus, l’Allemagne replonge, tremblante, comme un qui aurait reçu le coup de fil d’une ex qu’il s’était juré d’oublier. Tandis que la ZDF menaçait de ne pas téléviser le Tour, accusé d’une mauvaise hygiène incurable suite aux diverses révélations de l’affaire Telekom, le blondinet révélé par Bjarne Riis (décidément omniprésent sur ces routes) agite le parfum soleil et sable mouillé du lion Crédit Lyonnais jusqu’aux rues grises de l’administrative Münster.
Plus grave, il n’est pas seul. Stefan Schumacher, vainqueur de la Gold Race, Markus Fothen, longtemps meilleur jeune l’année passée, Patrick Sinkewitz, semblent tous prêts à reprendre le flambeau bientôt définitivement abandonné par les figures tutélaires de Jan Ullrich et d’Erik Zabel.
Chacun d’eux reconnaît sans mal ce qu’il doit au vainqueur du Tour 97, responsable du comptant d’émotions nécessaires au périlleux choix d’une carrière cycliste.
Dès lors, faut-il dénoncer les jeunes champions qui ont découvert l’amour du vélo dans l’exemple de coureurs dopés ?
Loin de répondre à ces questions sans intérêt, les cadors sont restés tapis. Impénétrables, ils sacrifient à la mode en jouant le Tour façon Texas Hold’em. Voyez Christophe Moreau, sans doute coaché par Patrick Bruel ; il interprète le candide local, mais tient en douce le coup de pédale d’un patron.
Dans son ombre, les faux malades de l’hôpital Astana profitent des largesses du système… Quant à Oscar Pereiro… Méfiance… Il court caché sous le masque du sous-estimé.
La montée vers Tignes, prévue ce dimanche, nous permettra-t-elle de désépaissir l’énigme ?
C’est en tous cas l’avis de la vingtaine de carmélites qui nous accueillent, mon équipage et moi-même, à la Chartreuse du Reposoir, couvent sis au creux de la vallée, où nous avons posé notre vaisseau afin d’y passer la nuit.
Pascal d’Huez, envoyé spécial.
Engagé malgré lui dans la course à la célébrité, il dépassait déjà à l’heure du massage, celui qui jusqu’au Col de la Colombière, entendait bien demeurer le seul Linus jamais connu : le génial inventeur de Linux, lui aussi partisan d’un projet alternatif au système dominant.
Ce 14 juillet, la fête n’était toutefois pas réservée aux fans de la T-Mobile ou à ceux de Michel Polnareff (qui bien souvent sont les mêmes).
Après une semaine d’atermoiements techniques qui nous ont contraint à différer notre départ, nous avons réussi à décoller ce matin, depuis un lieu tenu secret. D’ici à Paris, nous voyagerons à bord d’un ballon dirigeable, impressionnant engin de 120m de long, acquis en Amérique du Nord à la société Dunlop et remis en état de marche par les gaillards d’un centre de détention du canton de Vaud.
La caravane a salué notre apparition dans le ciel des Alpes de façon unanime, si ce n’est que Christian Prud’homme –et c’est bien normal- nous a fermement priés de bien vouloir prendre un couloir aérien bis, de façon à ce que nous ne risquions ni de perturber les coureurs en projetant notre ombre colossale sur le peloton, ni d’endommager les pales de l’hélicoptère France Télévisions, en approchant trop près.

Bien au-delà des voisins futés, juchés sur leurs escabeaux ; à une distance idéale pour suivre ce ruban d’aventures et d’ivresse qu’on appelle la course ; nous avons assisté à une belle étape de saison, semblable à ces fusées-chandelles qui explosent par épisodes.
L’échappée de quinze coureurs partie dès la première heure s’est consumée avec panache, en libérant une ultime capsule détonnante.
Révélation tardive, le Russe Fofonov se braquait cependant dans la pente, et voyait partir seul Linus Gerdemann, socquette facile et teint frais d’un petit prince de Westphalie à qui rien ne résiste.
Cruel anniversaire qui fait, dix ans après, sortir de sa boîte à chaussures le maillot jaune de Jan Ullrich.
Avec l’exploit de Linus, l’Allemagne replonge, tremblante, comme un qui aurait reçu le coup de fil d’une ex qu’il s’était juré d’oublier. Tandis que la ZDF menaçait de ne pas téléviser le Tour, accusé d’une mauvaise hygiène incurable suite aux diverses révélations de l’affaire Telekom, le blondinet révélé par Bjarne Riis (décidément omniprésent sur ces routes) agite le parfum soleil et sable mouillé du lion Crédit Lyonnais jusqu’aux rues grises de l’administrative Münster.
Plus grave, il n’est pas seul. Stefan Schumacher, vainqueur de la Gold Race, Markus Fothen, longtemps meilleur jeune l’année passée, Patrick Sinkewitz, semblent tous prêts à reprendre le flambeau bientôt définitivement abandonné par les figures tutélaires de Jan Ullrich et d’Erik Zabel.
Chacun d’eux reconnaît sans mal ce qu’il doit au vainqueur du Tour 97, responsable du comptant d’émotions nécessaires au périlleux choix d’une carrière cycliste.
Dès lors, faut-il dénoncer les jeunes champions qui ont découvert l’amour du vélo dans l’exemple de coureurs dopés ?
Loin de répondre à ces questions sans intérêt, les cadors sont restés tapis. Impénétrables, ils sacrifient à la mode en jouant le Tour façon Texas Hold’em. Voyez Christophe Moreau, sans doute coaché par Patrick Bruel ; il interprète le candide local, mais tient en douce le coup de pédale d’un patron.
Dans son ombre, les faux malades de l’hôpital Astana profitent des largesses du système… Quant à Oscar Pereiro… Méfiance… Il court caché sous le masque du sous-estimé.
La montée vers Tignes, prévue ce dimanche, nous permettra-t-elle de désépaissir l’énigme ?
C’est en tous cas l’avis de la vingtaine de carmélites qui nous accueillent, mon équipage et moi-même, à la Chartreuse du Reposoir, couvent sis au creux de la vallée, où nous avons posé notre vaisseau afin d’y passer la nuit.
Pascal d’Huez, envoyé spécial.
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